CHAPITRE CXL - LE ROI DES FOUS

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Quelques téméraires avaient choisi de demeurer dans le Casino après avoir entendu l'alarme de sécurité, accrochés à leurs jetons comme d'avides parasites. Pourtant, quand le bâtiment tout entier se mit à trembler et que le plafond séparant la salle de jeu de l'étage s'effondra, ils prirent leurs jambes à leur cou comme tous les autres. Après tout, ils restaient des hommes : même les plus stupides d'entre eux privilégiaient leur survie au gain.

Quand Kegaro tenta de se relever, les yeux et les poumons plein de poussière, il se rendit compte que l'une de ses côtes était fêlée. Un peu de sang lui coulait le long du bras, sans qu'il soit pour autant capable de trouver la source de sa blessure. Un vrombissement furieux lui vrillait le tympan gauche. Pourtant, malgré la terrible acouphène, son fluide l'avertit de la menace qui le guettait : d'un bond, il esquiva l'attaque de l'ennemi qui ravagea le sol et roula derrière des débris pour se protéger.

Auguste n'avait rien d'un grand guerrier : ses mouvements étaient brouillons, il ne maîtrisait pas le fluide et la masse colossale que lui octroyait les pouvoirs de son fruit du démon le ralentissait considérablement. Pourtant, la pilule dorée qu'il avait ingéré faisait de lui le plus terrible des combattants : sa force physique et sa capacité de concentration avaient été décuplées, et l'euphorie qui l'animait maintenant était si grande qu'il se battait sans peur, mais plutôt avec envie. Il demeurait donc solide et puissant, tel un cuirassé de bois et de métal. Au bout de son bras, comme une unique et mortelle griffe, la Garra brillait. Kegaro ne pouvait la quitter du regard : s'il parvenait à s'en emparer, il pourrait vaincre ce maudit clown sans souci.

-La puissance de Pagliacci, le sang-froid de Pierrot, l'allégresse de Mad Mime. Mes collègues sont bien plus forts que moi, mais une seule de ces pilules me permet d'approcher leur potentiel. Ce pouvoir brut qui coule dans mes veines est... délicieux ! souffla-t-il en se tordant de plaisir.

- Chez moi, le combat n'a rien d'une joie. C'est un art auquel nous nous livrons avec fierté, mais aussi un devoir. Nous ne nous battons que lorsque cela est nécessaire.

Il leva sa paume devant lui, prêt à frapper Auguste.

- Il me semble qu'aujourd'hui, le combat est plus que nécessaire. Approche, clown. Dès lors que j'aurai récupéré ma Garra, je te trancherai comme un vulgaire poisson.

Auguste gloussa, son visage amusé tordu par un sourire dément. Derrière le masque du Lion Rouge, il tremblait d'excitation.

- Rira bien qui rira le dernier, sauvage !

...

- Dépêchez-vous, aller !

Les ordres de Haru se répercutaient dans les égouts comme le désespoir de fantômes. Les enfants couraient, menés par la jeune femme, mais ils ne parvenaient pas à semer leur poursuivant : partout derrière eux, des yeux apparaissaient sur les parois pavées, se multipliaient. Soudain, le fluide de la jeune femme l'avertit et elle stoppa sa course, empêchant ses jeunes compagnons de s'avancer : aussitôt, sur le sol qu'ils s'apprêtaient à fouler, de grandes piques s'élevèrent. « Un piège ? pensa-t-elle. Il va falloir redoubler de vigilance ». Ils tournèrent aussitôt sur la gauche et, alors qu'ils reprenaient leur course, un mur de pierre épais se forma sous leurs yeux, brique par brique.

- Ça ne suffira pas à m'arrêter ! cria-t-elle. Metallium !

Comme elle avait vu Arthur et Jorge le faire à tant de reprises, elle mobilisa toute son énergie dans sa jambe droite pour la rendre aussi solide que l'acier et détruire le mur qui venait d'apparaître. D'autres, à la manière du premier, apparurent encore. Mais à chaque fois, Haru parvenait à les détruire ou à mener son jeune groupe dans une autre direction.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant