CHAPITRE LVII - LA DERNIÈRE ÉPREUVE

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Myr avait dormi comme une bûche. Lorsqu'il ouvrit les yeux, le soleil commençait déjà à se coucher. Comme la dernière fois.

Six mois auparavant, il avait envoyé ses élèves dans la jungle de la même façon. Ils étaient tous rentrés vivants, au beau milieu de la nuit, mais sérieusement éprouvés par leur confrontation avec le monde sauvage : épuisés, désespérés, blessés dans certains cas... Qu'en serait-il après six mois d'entraînement ? Arriveraient-ils à surpasser les attentes de leur maître ? Tous leurs efforts allaient-ils servir à quelque chose ?

Toutes ces questions tournaient en boucle dans la tête de Myr, alors qu'il frottait ses paupières encore collées. A vrai dire, le confort d'un lit douillet lui manquait, et il était sans doute plus pressé encore que ses élèves de regagner le quartier général. La sauvagerie de cette vie rudimentaire commençait sérieusement à l'ennuyer : Myr était un homme d'action, et il lui tardait de retrouver l'adrénaline des missions les plus périlleuses.

Bien qu'il fut perdu dans ses pensées, il perçut l'arrivée imminente de cinq figures dans l'ombre. Il se releva, ses vieux genoux craquant sous son poids, et frotta son uniforme blanc couvert de poussière.

- Vous voilà enfin, souffla-t-il en souriant.

Il lui tardait de découvrir le verdict.

Saufs, immaculés, intacts : ses cinq élèves lui faisaient face, en chair et en os, le visage brillant d'une franche satisfaction. Ils avaient réussi, tous.

Installés au chaud, devant le feu, chaque élève entreprit de narrer sa rencontre au reste du groupe.

...

Jorge était retourné cueillir des baies et, comme il l'imaginait, le gigantesque ours sauvage était apparu, à nouveau, devant lui. Cette fois, Jorge était prêt à lui faire face : la bête avait levé son énorme patte griffue et l'avait frappé de toutes ses forces, mais grâce au second entraînement, le corps du jeune soldat, à présent dur comme l'acier, avait résisté. En luttant avec la bête, Jorge avait aperçu un éclat de métal enfoncé dans son flanc. Ni une, ni deux, il avait maîtrisé la bête, bien qu'elle ait pesée une bonne tonne, et l'avait plaquée au sol : l'ours avait rugit, avait tenté de déchiqueter Jorge, mais le jeune homme avait résisté, et d'un mouvement habile lui avait ôté l'éclat de métal du flanc. Sans doute était-ce là le reliquat d'un affrontement passé avec un homme. Aussitôt, la bête s'était calmée, et avait léché le visage de Jorge avec passion. Puis, la bête avait aidé le jeune soldat à récolter les baies, et ils se les étaient partagées.

Cette expérience avait été possible grâce à la plus grande confiance de Jorge, à sa force mentale décuplée et à la seconde session d'entraînement. Faisant fi de la douleur et de la peur, il pouvait à présent rendre son corps aussi dur que l'acier.

- C'est bien l'un des Six Pouvoirs, confirma Myr. Le metallium.

...

Zell avait retrouvé le singe qui lui avait chipé sa scie. Le jeune charpentier avait reconnu l'animal à son air farceur, à ses bondissements ridicules et à la rougeur caractéristique de son front. Pourtant, le singe ne portait pas avec lui l'outil volé...

Zell avait alors décidé de le poursuivre dans les arbres, à travers les branches, comme la première fois : mais cette fois-ci, le jeune homme était bien plus rapide et habile. En prenant appui sur ses jambes, en frappant le sol à toute vitesse comme pendant la première session d'entraînement, il parvenait à se projeter en avant, parcourant plusieurs mètres en une seule seconde. Il avait alors rattrapé son adversaire simiesque qui, au lieu de l'attaquer, lui avait offert un sourire resplendissant. Puis, l'animal avait mené Zell à son nid, où la grande scie était cachée. Sans rechigner, et tout en continuant de bondir dans tous les sens en tapant dans ses grandes mains, le singe avait rendu l'outil à son propriétaire. En réalité, il ne cherchait qu'un partenaire pour faire la course...

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant