CHAPITRE XVIII - ÊTRE SON ÉGAL

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Arthur adorait regarder les nuages. Seperdre dedans, rêver à ce qu'ils pouvaient dissimuler. Certainsracontaient même qu'il existait des îles, là-haut, sur une meraussi blanche qu'East Blue est bleue. Le ciel le fascinait. 

Mais ilétait allongé, dans cette mine humide et froide, regardant leplafond rocheux de la caverne. Zeem Slayer l'avait encore envoyé autapis, les pouvoirs de son Pulsofruit se révélant bien plus gênants qu'ils ne le paraissaient de prime abord. Une grande balafre, peuprofonde mais déjà sanguinolente, traversait son buste, et le blancde son uniforme de soldat de la Marine virait maintenant au rouge.

Cela dura plusieurs minutes encore : àchaque fois qu'il se relevait, prêt à riposter, le pirate semontrait trop rapide et l'envoyait au tapis en quelques secondes.Puis il se relevait, et cela recommençait. Comme une valse infinie,les deux danseurs répétant inlassablement les mêmes mouvements.Arthur tentait de fermer les yeux, de concentrer toute son attentionsur son adversaire, mais la vitesse de celui-ci était toutsimplement impossible à suivre. Il lui suffisait d'une seconde, uneseule, pour parcourir plusieurs mètres et frapper. 

Le jeune soldattenta alors une autre approche, et se prépara à esquiver laprochaine attaque de son ennemi, mais cela se révéla égalementimpossible : ses réflexes n'arrivaient tout simplement pas à suivreles mouvements du pirate, à les égaler.

- Tu penses encore pouvoir rivaliseravec un moi, petit ? Tu sais pourtant que j'ai mangé un fruit dudémon, qui fait de moi un surhomme. Pourquoi t'acharnes-tu comme ça?

Arthur se redressa, s'appuyant sur sonépée. Il avait le souffle court, et un filet de sang, coulant deson crâne, lui brouillait la vue.

- Ce n'est que le début. Nous nesommes encore que des recrues nous entraînant. Et pourtant, j'aidéjà du mal à te vaincre... Il existe des centaines de piratesplus forts que toi, sur Grand Line ou dans le Nouveau Monde.Qu'arrivera-t-il le jour où je serai confronté à eux ? Si je veuxpouvoir les vaincre un jour, faire régner la paix, je ne peux pas mepermettre de perdre contre un minable comme toi aujourd'hui !

Cette réflexion vexa visiblement lepirate, qui bombarda son adversaire d'une série d'attaques sirapides qu'il était impossible de percevoir ses mouvements.

- Comme tu le dis gamin, tu n'arrivespas à me vaincre. C'est comme ça que tu appelles les gens plusforts que toi, des « minables » ? Alors ça fait de toi le plusminable de tous, soldat !

- Ouais. C'est pour ça que je doisdevenir plus fort.

Slayer était tombé dans son piège :il avait cédé à la provocation et s'était rapproché pourenchaîner les attaques au corps à corps. Il leva Excalibur etfrappa, mais le pirate, trop rapide, parvint à s'échapper. Unelégère entaille se forma sur sa joue, qu'Arthur avait touché, maissa vitesse lui avait permis d'éviter de plus grands dégâts.Immédiatement après avoir reculé, il revint à lacharge et terrassa son adversaire d'un nouveau coup invisible qui lerepoussa plusieurs mètres en arrière. Arthur roula dans lapoussière, sur la roche humide, le sang coulant à flot de sa lèvrefendue, et se releva avec difficulté.

- Tu es increvable, je te l'accorde.

- N'est-ce pas ? répondit-il au pirateavec un sourire.

Il était acculé au bord du ravin,Slayer avançant vers lui. La princesse Gaïa le regardait fixement,paniquée, le visage rouge et l'œil larmoyant. Le bâillon, dans sabouche, était imbibée de sueur, de sang et de larmes. Tandis que lepirate adoptait sa pose caractéristique, prêt à charger son ennemipour une dernière fois, Arthur brandit son épée devant lui etferma les yeux. Il savait ce qu'il lui restait à faire.

- Iron Comet ! hurla le pirate.

Les organes placés à l'arrière deses mollets et de ses coudes le propulsèrent vers l'avant à unevitesse folle, et il se prépara à frapper, de la lame incrustéedans sa chausse. Arthur calma son esprit, se concentra sur l'airambiant : il pouvait entendre son souffle, celui de Zeem Slayer, etce bruit de propulsion. Puis, un léger son, quasiment imperceptible,se fit entendre l'espace d'une seconde. Un son liquide, comme celuique produisent les gouttes d'eau quand elles s'écrasent sur le sol.Alors il s'écarta, très légèrement, sur le côté, tout enrestant concentré sur son souffle.

Slayer avait légèrement dérapélorsque ses patins avait filé, à vive allure, dans la flaque desang qui s'était formée devant Arthur. Celui-ci, esquivant dejustesse son attaque, s'était écarté et avait laissé la voielibre à son adversaire : piégé par sa propre vitesse, déstabilisépar son dérapage, Zeem Slayer fonça la tête la première dans lesombre précipice, poussant un cri à faire trembler les murs alorsqu'il disparaissait dans les ténèbres, plusieurs dizaines de mètresplus bas. Il tenta de se débattre, de fuir cette mortelle gravité,mais sans appui pour se propulser, il ne put qu'assister, impuissant,à sa propre fin.

Arthur se laissa lourdement tomber àgenoux, se remémorant les propos de son mentor. « Tu ne serasjamais assez fort pour protéger tout le monde ». En effet, iln'avait pas été assez fort pour sauver Slayer de sa propre folie.Mais au moins, il avait sauver les vies des innocents. Il délivraGaïa de ses entraves et elle le serra de ses gigantesques bras. Letorrent de larmes qui se déversait sur son visage manqua de lenoyer, et il éclata de rire, d'un rire si communicatif qu'elle lerejoignit bien volontiers.

...

Lorsque Haru rejoignit Jorge, elleétait accompagnée de tous les mineurs cyclopes. Son corps,quasiment immaculé, ne présentait aucune trace de lutte, si bienqu'on ne l'eut crue si elle avait raconté son combat contre lesmultiples pirates. Ceux-ci étaient vaincus, tout comme Sir Bayard,dont le heaume éclaté révélait le visage très laid, qui gisaittoujours au sol, inconscient. Les deux camarades s'accueillirent avecune chaleur mutuelle, célébrant leur victoire avec les cyclopespendant quelques instants. Un bruit dans le tunnel les interrompit,mais leur joie ne fut que plus grande quand ils en découvrirentl'origine : Arthur arrivait, boitant, Peck piaillant de joieau-dessus de lui. Ils étaient accompagnée de Gaïa, qui ne pouvaits'arrêter de pleurer (de joie cette fois). En voyant ses amis sainset saufs, le visage du jeune soldat s'éclaira. Il était ressorti dece combat grandi : n'arrivant pas à égaler son adversaire, ill'avait surpassé. Il lui tardait désormais de retrouver le reste deson équipe pour leur raconter toutes ses aventures.


MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant