CHAPITRE XXX - LE BÉLIER ET LA VIERGE

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De nouveau, Ariès était parvenu à esquiver l'attaque de Jorge, qui ne laissa dans le mur de pierre qu'un cratère béant. Pour une grosse boule duveteuse, le pirate était relativement habile, et il parvenait toujours, à la dernière seconde, à rouler sur le côté pour rester indemne. Son principal problème était l'endurance, et après quelques minutes de combat seulement, il était déjà à bout de souffle.

- Pourquoi ne pas te séparer de cette masse laineuse, si elle te ralentit tant ? lui demanda Jorge lorsqu'il fondit sur lui, le poing en avant, prêt à frapper.

Comme une réponse à cette interrogation, la toison d'Ariès sembla absorber la puissance du coup, et les phalanges du soldat s'y enfoncèrent et s'y perdirent, demeurant à peine visibles.

- Pour ta gouverne, ce n'est pas de la laine, mais du coton ! s'écria Ariès.

Il libéra alors une énorme quantité de fibres qui recouvrirent le sol de la pièce, un océan blanc et duveteux dans lequel Jorge manqua de se noyer.

- Cet immense pouvoir est celui du fruit du coton, me rendant à la fois doux comme un agneau et dangereux comme un loup !

Le coton recouvrit vite chaque centimètre du plancher, et Jorge lutta pour s'en extraire. Mais plus il se débattait, plus il s'empêtrait dans les fibres, douces et molles, si bien qu'il lui était quasiment impossible de combattre.

- En tant que tailleur du Zodiaque, j'ai toute la confiance de mon Dieu, Hélio, et je ne le décevrai pas ! J'ai été effrayé par votre grand nombre et par ta taille imposante, mais maintenant que je t'affronte individuellement, je me rends bien compte de tes failles et de tes faiblesses.

Alors qu'un grand sourire se dessinait sous son écharpe, il sortit un paquet d'allumettes de sa toison et en craqua une.

- Tu savais que le coton était extrêmement inflammable, petit ourson ?

Un nuage de coton apparu dans l'air, qu'il saisit fermement. Il l'embrasa de son allumette, et, tel un athlète olympique, adopta une posture de lancer :

- Coton Cannon !

Le projectile flamboyant fusa à vive allure à travers la pièce, et Jorge l'esquiva de justesse en plongeant dans la mer de coton qui s'était formée à ses pieds.

- Coton Cannon ! Coton Cannon ! répétait Ariès en multipliant les projectiles.

Comme une pluie de météores, ils fusèrent partout dans la chambre, renversant les bibelots, heurtant les murs, manquant Jorge de quelques centimètres parfois. L'un d'entre eux percuta les grands rideaux de soie qui masquaient les fenêtres, et en roulant contre leur étoffe y mit le feu. Une petite flamme d'abord, mais qui prit rapidement de l'ampleur et se propagea jusqu'à la mer de coton qui couvrait le sol. Une épaisse fumée noire remplit la pièce, arrachant une toux grasse aux deux belligérants, à présent complètement aveuglés.

Ariès, les yeux fermés, le nez caché sous son écharpe, cherchait la porte à tâtons pour s'échapper. Jorge fut pris de vertige, parvenant à peine à rester debout, la chaleur grandissante le faisant haleter bruyamment. Ses yeux étant affaiblis par l'épaisse fumée, il décida de se fier à son flair pour retrouver son adversaire dans cette purée de pois : rugissant comme une bête, fonçant à vive allure sur ses quatre pattes, il était à présent indissociable d'unéritable ours. Pistant l'eau de toilette raffinée d'Ariès, il parvint à retrouver sa trace, à quelques mètres de la porte, et le Bélier poussa un hurlement de terreur lorsqu'il vit son adversaire se dresser juste derrière lui. Cette fois, affaibli par l'incendie naissant et par ses précédentes esquives, il ne parvint pas à lui échapper :

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant