CHAPITRE CLV - VENT NOUVEAU

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Le pas d'Edouard était fier, majestueux, impressionnant aux dires de certains. Il l'avait toujours été. Depuis son entrée dans la Marine, ses dons innés le prédisposaient à un orgueil surdimensionné. Personne ne pouvait résister à son charme, à son charisme ni à sa puissance. Son pas était celui d'un conquérant. Même à Marie-Joie, territoire de la plus haute noblesse, il se sentait comme chez lui. Il avait l'impression d'être le Roi. Alors, tandis qu'il parcourait les couloirs du château de Pangée à la lumière des sublimes vitraux, il ne pouvait s'empêcher de sourire. La porte du conseil se trouvait pourtant droit devant lui, mais il était loin de se laisser intimider. Les Cinq Doyens ? La plus haute autorité au monde ? Ils n'étaient que les ruines misérables d'un pouvoir fantoche dont il était habitué à tous les rouages. Il connaissait le secret de Marie-Joie, savait ce qui s'y terrait, et ne craignait rien ni personne. Alors, lorsque la porte de la grande salle lui fut ouverte en signe d'invitation, il y pénétra d'un pas ferme et décidé. Comme à leur habitude, les cinq vieillards l'attendaient en silence. « Pauvres fossiles, pensa l'amiral en chef. Vous avez beau être élus à vie, le temps aura vite fait de vous rattraper et de vous entraîner dans la tombe. » Loin de dissimuler son mépris, il salua les cinq hommes de son plus beau sourire, qu'il ponctua d'une révérence bâclée.

- Très chers Doyens, clama-t-il comme un comédien de théâtre, vous n'imaginez pas le plaisir que j'ai à vous revoir. Comment vous portez-vous, en cette belle journée de printemps ?

- Trêve de plaisanteries, Edouard... souffla l'un des hommes sans même le regarder. Ce n'est pas pour bavasser que nous t'avons convoqué.

- Je le sais bien, mais...

- La place laissée par cette traîtresse de Red « Windy » Jane ne peut rester vacante trop longtemps. Les Corsaires forment, avec la Marine et les Empereurs, les trois entités qui permettent à l'équilibre d'être maintenu dans notre monde. Son remplaçant doit donc être engagé dès que possible.

Bien qu'irrité par l'interruption de la tirade qu'il s'apprêtait à leur servir, et qui seyait à merveille son rôle d'élève premier de la classe, Edouard ravala son orgueil et tira de son grand manteau une enveloppe bien remplie.

- Justement, messieurs. J'ai longuement réfléchi à la question et je pense avoir trouvé le candidat idéal à sa succession.

Il tendit le dossier au doyen le plus proche, un petit homme rondelet qui haussa le sourcil. Il soupesa l'enveloppe qui lui était remise puis, sans quitter Edouard de son regard mauvais, la tendit à ses camarades.

- Réfléchir ? souffla l'un d'eux avec ironie. Qui t'a demandé de réfléchir, amiral en chef ?

Edouard resta silencieux, cherchant ses mots comme un enfant réprimandé.

- Tu l'ignores peut-être encore, mais cette décision relève de notre instance, et non de tes pouvoirs. Les Corsaires sont choisis par le conseil, qui sert le Gouvernement, et non par la Marine.

Comme giflé de plein fouet, l'amiral en chef eut un mouvement de recul. Il contenait la rage qui bouillonnait en lui.

- Alors pourquoi m'avoir fait venir ?

- Pour que tu prennes contact avec le candidat sélectionné et l'informe du choix qui s'offre à lui, à savoir nous servir ou rester un pirate.

L'enveloppe se passait de main en main, jusqu'à atteindre le dernier membre du conseil. Celui-ci étouffa un petit rire en prenant connaissance de la proposition d'Edouard.

- Lui ? Tu fais un bel idiot si tu penses en tirer quoi que ce soit. Il est certes puissant, mais terriblement instable et dangereux, telle une bombe prête à t'exploser dans les doigts.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant