CHAPITRE LXXXIV - MALA

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- Lola ?

Haru n'avait pas eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre la situation. Ses grands yeux verts fixaient cette jeune femme chancelante, l'analysaient en détails. Elle était très maigre, couverte de poussière et de mucus, semblait épuisée. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, sorte de fantôme sororal. Pourtant, elle demeurait d'une beauté éblouissante, et le doux son de sa voix aurait fait vibrer le cœur d'un mort.

- Lola ? répéta-t-elle à nouveau.

Elle n'eut pas à le dire une troisième fois : la petite, bien qu'épuisée et blessée par les multiples assauts du ver, couru aussitôt vers elle. Elle trébucha, haleta, ses yeux emplis de grosses larmes d'enfant, et se jeta dans les bras de la jeune femme. Elle avait retrouvé sa grande sœur, enfin. Tandis qu'elles se serraient mutuellement, tellement fort que personne n'eut pu les séparer, Haru demeurait en retrait, émue. L'ignoble étreinte du ver avait laissé place à cet enlacement passionné. C'était une vision d'amour absolument sublime. Et comme Haru l'avait dit quelques minutes auparavant, Mala répéta de sa douce voix : « Ça va aller. C'est fini. »

...

A quelques dizaines de mètres, le ver se contorsionnait dans les débris. Les bougies allumées avaient été soufflées par l'éboulement, et le nuage de poussière soulevé l'avait quasiment asphyxié. Toussant, le souffle court, il tentait tant bien que mal de s'extraire des gravats. Dans son flanc, la flèche de Haru était toujours plantée, sa pointe empoisonnée brulant sa peau, sa chair et ses organes. Chaque mouvement lui arrachait un terrible râle animal. Quand un nouveau craquement retentit au-dessus de lui, il n'eut pas le temps de se retourner, ni même de comprendre ce qu'il se passait, et encore moins de fuir. Son esprit était trop lent. Lorsque le plafond acheva de s'écrouler sur lui, il fut écrasé sur le coup, son énorme corps gras et poisseux broyé par les rochers. Une sorte de ridicule couinement s'échappa de son gosier, il gesticula quelques secondes, puis demeura inerte.

...

Arthur était parvenu à attirer la horde de femmes-insectes loin de ses amis. La diversion avait parfaitement opéré, et grâce à son Pas de lune, il était parvenu jusque-là à garder ses distances. Pourtant, après avoir cavalé dans ces catacombes pendant près d'une demi-heure, il commençait à sérieusement s'essouffler. Un instant, il hésita à faire volte-face et à affronter cette horde féroce : les femmes-insectes, bien qu'elles furent sans doute redoutables, devaient être combattables individuellement. Mais il se ravisa bien vite en se rappelant qu'il n'était pas poursuivi par une seule d'entre elles, mais par tout un régiment...

Alors qu'il poursuivait sa course, un hurlement terrible et soudain lui glaça le sang. Il fut suivi d'un autre, et d'un autre encore. Les femmes-insectes s'étaient arrêtées, elles ne le poursuivaient plus. Arthur lui-même se posa sur un haut pilier de marbre pour reprendre son souffle et les observer, et leur comportement l'intrigua au plus haut point : certaines se prenaient la tête des deux mains, d'autres tombaient et se roulaient sur le sol, tandis que d'autres encore se jetaient les unes sur les autres pour s'entretuer. Leurs ailes vrombissaient, leurs mandibules grinçaient furieusement. Elles devenaient complètement incontrôlables...

Alors qu'il pensait tiré d'affaire par ce retournement inattendu, quelques hybrides l'aperçurent et, dans un assaut plein de rage, se ruèrent vers lui. Mais il était à présent trop épuisé pour fuir à nouveau. A contre-cœur, il dégaina sa lame.

...

Haru et Lola avaient combattu seules, mais étaient à présent entourées de tout un groupe de femmes. Une vingtaine, tout au plus. Les dernières victimes du ver.

Haru s'était approchée de chacune d'entre elles pour s'enquérir de leur état, leur avait proposé de s'hydrater à sa propre gourde, avait vérifié leur état de santé. Lola aurait été sans doute plus professionnelle dans ce premier examen médical, mais Haru n'osait briser le délicat moment de tendresse qu'elle vivait avec sa grande sœur, tout juste retrouvée.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant