CHAPITRE CLXVII - VOYAGE SUR CALM BELT

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Dans la petite cabine de leur embarcation, Jun et Jorge observaient leur carte. Du moins, c'est ce qu'ils faisaient semblant de faire, sans le faire vraiment : il leur fallait trouver un revêteur pour leur navire, reprendre la mer au plus vite pour poursuivre leur parcours, mais les événements qui étaient advenus plus tôt les avaient complètement déstabilisés. Jorge tentait tant bien que mal de se concentrer, de garder ses yeux braqués sur la carte, mais savoir Jun crispée et tendue à ses côtés lui sapait complètement le moral. Il voulait la réconforter, la rassurer et cherchait à capter son regard, mais n'y parvenait pas. Comme il lui arrivait souvent de le faire, Jun était désormais fermée comme un coquillage voulant protéger sa perle.

Deux coups portés contre la porte les sortir de leur rêverie. Ils échangèrent un regard surpris, puis la voix de Shako résonna au dehors.

- Ouvrez-moi !

Le regard de Jorge capta celui de son amie.

- Un piège ?

Elle haussa les épaules et s'approcha de la porte.

- Qu'est-ce que tu veux, le débile ?

- Vous êtes en danger, pauvre cloche ! Ouvrez-moi, vite !

Elle jeta un regard interrogateur à son ami qui haussa les épaules. La décision était celle de la jeune femme. Alors, d'un geste vif et irréfléchi, elle ouvrit la porte. Derrière, Shako était essoufflé et couvert de sueur. De toute évidence, il avait couru jusqu'à leur navire depuis le Bar Accuda et semblait épuisé.

- Vous êtes... en danger ! souffla-t-il en reprenant sa respiration.

Les deux camarades échangèrent un regard inquiet mais, avant même qu'ils aient le temps d'agir, une secousse violente agita leur embarcation. Et tandis que Jorge tombait à la renverse, Jun se mit à crier d'une voix inhabituellement aiguë.

- Jorge ! hurla-t-elle. On coule !

Aussitôt, elle força son ami à se relever et ils bondirent hors du bateau pour rouler dans le sable brulant. La coque de bois avait été pulvérisée par un boulet de canon et il commençait, déjà, à sombrer.

- Attention !

Avant même qu'elle puisse comprendre ce qu'il lui arrivait, Jun fut jetée au sol par son ami et celui-ci s'écroula, touché à sa place par un étrange projectile. Il se débattit, tenta de se relever, mais il était désormais prisonnier d'un épais filet de granit marin. Déjà, il commençait à perdre ses forces.

- Belle pêche ! cria Krokk Mash en s'approchant avec ses hommes. Au tour de cette petite peste, maintenant.

- Sale enfoiré ! lui cria-t-elle, les yeux rougis de rage. Pourquoi fais-tu cela ?

- Les hommes de Tartaros sont en chemin. Lorsqu'ils vous tiendront, je serai récompensé comme il se doit. L'Empereur Ankou nous considère comme des surhommes, nous, le peuple des abysses. Grâce à moi, nous aurons une place privilégiée dans le nouveau monde qu'il est en train de bâtir.

Ses yeux laiteux aperçurent Shako, en retrait, et il lui fit signe de sa grosse main.

- Que fais-tu avec ces minables, toi ? Viens donc par ici !

Et tandis que son poulain le rejoignait, que Jorge et Jun se faisait capturer par les sbires de Krokk Mash, il éclata d'un rire gras.

- Amenez-les à la fosse, les gars. En attendant de les livrer à Tartaros, on va s'amuser un peu !

...

Zell, mains sur la barre, gardait le cap. Leur embarcation était de taille très réduite, si bien que malgré sa mauvaise vue, il apercevait Haru à la proue. Elle était immobile et il la devinait crispée. La jeune femme, sérieuse et concentrée, était plus que tendue. Zell lui-même devait admettre qu'il l'était. Car ils s'apprêtaient à pénétrer dans une zone de haut danger. Après de longues heures de route, la mer jusqu'alors agitée devint paisible, l'horizon devint droite, l'air sec : ils avaient pénétré sur Calm Belt.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant