CHAPITRE CLXXVII - LES SOLDATS DU PARADIS

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Les grands yeux tristes de Bohort regardaient le ciel sombre de Winheim. Il espérait voir surgir Morgane et son groupe de derrière les crêtes gelées, mais utilisait sa logique pour calculer les différentes possibilités qui s'offraient à eux. Le minuscule Gobbi, quant à lui, n'avait pas cette patience.

- Mais que font-ils, enfin ?! Voilà déjà un moment que le signal a été tiré. Il était vert, en plus, ce qui veut dire qu'ils ont réussi. Comment se fait-il qu'ils ne soient pas encore là ?

Il fit les cent pas à toute vitesse, son petit cerveau ne parvenant à se calmer, puis s'arrêta subitement et dégaina sa petite épée, qui était cela dit redoutable.

- Bon, ça suffit. Je pars à leur recherche !

Mais alors qu'il se tournait vers ses hommes pour donner ses ordres, le grand Bohort l'arrêta.

- Ne crois-tu pas que nous sommes plus utiles ici, mon ami ?

- Utile à quoi, enfin ?! Les navires ont été préparés au signal, que pouvons-nous faire de plus ? Non, la seule solution, c'est de...

- De rester ici, Gobbi. Tu le sais aussi bien que moi. En partant à leur recherche, nous risquerions de nous perdre dans le blizzard, de nous faire repérer par l'ennemi, de les retarder... Nous faisons tous les deux confiance à Morgane, alors suivons son plan.

Gobbi se mordit la lèvre de frustration, mais finit par souffler de manière résolue. Il rengaina son épée dans son fourreau et s'assit à côté de son ami. Il lui faisait confiance tout autant qu'à Morgane. Il avait raison, mieux valait attendre.

...

Arthur ne pouvait détacher son regard de cet être étrange : ses grandes ailes aussi noires que ses longs cheveux, sa peau livide, son visage dissimulé sous sa large capuche... Malgré son apparence inhabituelle, cet individu dégageait une chose qu'Arthur ne connaissait que trop bien : une aura de puissance terrifiante.

- Vite !

Le cri de Morgane arracha son frère à sa contemplation. D'un bond, il attrapa le coffre, sentit le fruit rouler à l'intérieur, puis se précipita jusqu'à elle. Elle se hissa en vitesse sur le dos de Lamri, invita son frère à faire de même et, d'un coup de talon, le fit s'envoler. Malgré le blizzard obscur et mordant, les ailes de l'animal se déployèrent et il s'éleva dans les airs d'un coup de sabot. Mais l'ange de la mort n'avait pas dit son dernier mot : tandis que ses proies s'éloignaient du sol, Lamri battant des ailes de toutes ses forces pour se maintenir en altitude malgré le froid et la force du vent, il déploya les siennes pour se jeter à leur poursuite.

- Merde, grinça Morgane en jetant un œil derrière elle. Il nous suit !

- C'est qui, ce type ?

- L'un des trois plus puissants soldats de l'Impératrice Luci, l'archange de la mort Azraël. Je ne l'ai jamais affronté, mais je l'ai immédiatement reconnu : sa prime dépasse le milliard de berrys, son avis de recherche est partout !

Arthur réprima un frisson et sut qu'il n'était pas causé par le froid. Il n'avait jamais affronté d'adversaire dont la prime était aussi élevée, mais cela en disait long sur sa puissance. Si un simple commandant possédait une aura aussi écrasante, il n'osait imaginer la force de Luci, sa capitaine. Cependant, ils avaient avec Lamri un avantage sur lui : la vitesse.

- On commence à le distancer, je crois !

- Peut-être, souffla Morgane en serrant les dents, mais mieux vaut rester prudents malgré tout. On ne sait pas de quoi il est capable.

Azraël n'était pas seulement un des combattants les plus redoutables du Nouveau Monde, mais aussi un brillant tacticien. Les anges de Paradis étaient habituellement réputés pour leur vitesse de vol, car leurs ailes étaient plus puissantes que celles des aigles eux-mêmes. Mais de toute évidence, cette étrange monture volante était en train de le distancer. Alors, il changea de stratégie. De la manche gauche, ample et large de sa tunique, il tira un long bâton creusé dans de l'os de dragon. Puis, de sa taille, il dégaina de son fourreau une lame d'acier noire comme la nuit, semblable par la forme à un aileron de requin. Il imbriqua la lame dans le manche d'os puis, nouvellement armé de sa faux mortelle, se tint prêt à frapper. Comme un batteur aguerri, il tourna ses hanches et, dans un mouvement puissant du bassin et des épaules, libéra l'énergie accumulée dans son élan.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant