CHAPITRE CIX - LÉVIATHAN

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Le ciel noir de la nuit devint rouge comme si teinté de sang. Les braises montaient jusqu'aux nuages qu'elles semblaient enflammer, dansant dans le ciel au rythme du vent. La terre tremblait de millier de pas affolés et l'air vibrait, saturé de cris terrifiés.

Tandis que les Powathis se précipitaient dans leurs tentes pour récupérer leurs armes et faire face au monstre, celui-ci pourchassait sans relâche sa proie. Arthur se frayait un chemin dans la foule paniquée, tenant fermement la main de Lola, Zell sur les talons. Un jet de flammes le manquait parfois de justesse et frappait la terre qui explosait, la boue devenant magma visqueux.

- Un dragon ?! s'écria Zell dont le front ruisselait de sueur. C'est ça, son pouvoir ?!

- Pas un dragon ordinaire ! répondit Arthur en serrant toujours plus fort la main de Lola. Ses flammes sont beaucoup plus chaudes qu'un simple brasier.

- Et tu as vu son corps de serpent, ses ailes de chauve-souris ?!

- Je n'ai pas vraiment eu le temps de l'observer, désolé ! Contente-toi de courir !

...

Alors que la terre de Mukata tremblait, comme secouée d'un terrible séisme, le dernier protecteur de Saint Ratcliffe s'effondra. Un jeune garde du corps, réputé redoutable. Pourtant, face aux deux lions Powathis, il avait été impuissant.

Le Dragon Céleste tremblait de tout son corps. Depuis sa libération, il s'était décrotté, lavé, et avait enfilé son étrange combinaison, dont le casque en forme de bulle lui protégeait sa tête et lui permettait de ne pas respirer le même air que les simples mortels. Pourtant, il puait toujours autant... Il sentait la peur à plein nez, la transpiration s'accumulant sur sa peau grasse à la vue de ces deux sauvages qu'il haïssait et qui le terrifiaient.

Retranché au fond du temple powath, dont il avait fait sa demeure temporaire, il était adossé au mur de pierre, dans un coin. Entre ses bras atrophiés, il tenait son nouvel esclave, son nouveau jouet, l'enfant maudit de cette cité pouilleuse. « Ces sauvages sont là pour ça ! ruminait-il. Ils veulent me le reprendre. Mais non, non, non ! Cet enfant est à moi ! Je ne les laisserai pas me prendre ma nouvelle arme ! ». Et tandis que la sueur ruisselait sur son nez, il aperçut son pistolet d'or, qu'il avait laissé près de sa couche. D'un bond, il tenta de le saisir, mais il ne fut pas assez rapide : Kegaro, comme un éclair noir et furieux, se jeta sur lui et écrasa son énorme visage contre le sol. Le casque de verre fut réduit en dizaines d'éclats qui vinrent se ficher dans la peau du noble et il hurla de douleur.

- Lâche-moi, lâche-moi, sauvage ! Je te ferai pendre !

- Compte là-dessus... marmonna le lion rouge.

Il récupéra sa Garra, ce trophée que le noble lui avait dérobé et accroché au mur, et rapprocha sa lame de la gorge de l'homme qui gisait à ses pieds. Son fils, terrifié, ne cessait de pleurer dans ses bras.

- Où sont les clés de ses menottes, sale porc ?! cria le guerrier au Dragon Céleste. Donne les moi sur le champ, ou je te renvoie dans ta cage !

D'une main tremblante, Ratcliffe tendit le trousseau de clés à son assaillant, qui s'en saisit immédiatement pour délivrer sa progéniture prisonnière. Aussitôt, le père et le fils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, sous les yeux attendrit de Mugaro.

- Filons d'ici, mon frère ! s'écria-t-il alors que des cris résonnaient au dehors. Je crois que le chevalier a engagé le combat.

Ratcliffe, qui essuyait le sang et la bave lui coulant des lèvres, tressauta à ces mots. « Le combat » ? Contre qui ? Dans sa bêtise, il crut que les forces de la Marine lançaient un nouvel assaut contre les indigènes et entendit bien profiter du chaos pour récupérer son nouveau jouet. Il se leva d'un bond et agrippa l'enfant par le bras.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant