CHAPITRE VIII - LE JUGEMENT DU VICE-AMIRAL

184 3 0
                                    

Le haut-magistrat Burgins était un homme très ordonné : il classait tous ses documents, répondait toujours à ses appels, et aimait que les choses soient faites en temps et en heure. Aussi, lorsque la livraison du pirate Francis Fog tarda, il décida d'envoyer une patrouille à la rencontre du cortège. Quelle ne fut pas sa surprise quand ses hommes revinrent, une petite demi-heure plus tard, couverts de sang et de suie. A leur tête se trouvait un jeune soldat dont les mèches blondes, élégantes malgré leur désordre, faisaient écho à l'or de sa lame. Menotté à une civière, inconscient, le pirate était enfin là, avec une heure de retard. Il n'était d'ailleurs pas seul, puisqu'un autre type, tout aussi amoché et lui aussi attaché, lui était également livré. « Arrêté pour sédition », répondit sobrement le jeune soldat lorsque le haut-magistrat l'interrogea du regard. « Et complice d'acte de piraterie » s'empressa-t-il d'ajouter.

Beru fut examiné par un médecin dès que cela fut possible. Arthur et Sergio restèrent à ses côtés jusqu'à ce que tombe le diagnostic : il était salement amoché, mais il vivrait. Des séquelles étaient à prévoir, mais il fallait attendre son réveil pour en savoir plus. Pour le moment, le jeune héros avait bien mérité un peu de repos. Quelques lits plus loin, Leonce, plâtré de la jambe et du bras, regardait ses camarades avec reconnaissance. Aucune perte n'était à déplorer, exceptées les pertes matérielles. L'opération avait été, en dépit de toutes les surprises qu'elle avait réservé aux jeunes soldats, une réussite. Sergio décida de rester avec ses amis pour veiller sur eux, et Arthur put disposer. Il se réfugia sur la terrasse du tribunal, au premier étage, et se laissa lentement glisser contre le mur. Il posa Excalibur à-même le sol, et caressa Peck qui, niché dans ses mains, roucoulait paisiblement. Ils étaient épuisés.

Zell les rejoignit quelques minutes plus tard. Il s'appuya lourdement sur la rambarde de bois et regarda la ville : les feux s'étaient éteints, les bruits avaient cessés, mais l'épaisse fumée demeurait. On voyait, ça et là, des hommes de la trente-deuxième brigade menant des sbires de Fog au tribunal. Il ne devait en rester que quelques uns, blessés ou inconscients. Tout cela serait vite terminé. Le regard de Zell se porta ensuite sur la mer, aussi calme et sereine que la ville après le déferlement de violence qui l'avait frappé. Lentement, il détourna le regard et s'approcha d'Arthur, la main tendue.

- Madeira Zell, charpentier de l'équipe A, à ton service.

Ils ne s'étaient en effet jamais formellement présentés.

- Arthur, lui répondit l'autre en serrant sa main.

Zell s'assit à ses côtés, et ils ne bougèrent plus pendant quelques minutes.

Ils furent tirés de leur rêverie par le bruit d'un escargophone, celui d'Arthur. Il le tira de sa poche et décrocha :

- Ici le vice-amiral Myr. Ne bougez pas de Yagura, j'y serai à l'aube.

Puis, leur chef raccrocha, sans ajouter plus de détails. Arthur et Zell se regardèrent quelques secondes, circonspects, puis éclatèrent de rire, un rire libérateur et salvateur après cette interminable journée.

- Eh bah... Il avait l'air en rogne ! Tu penses qu'il va nous passer un savon ? demanda Zell.

- Qui sait. On ne s'en est pas si mal sortis... lui répondit son camarade.

...

Ils passèrent la soirée ensemble, à bavarder de tout et de rien en buvant du rhum dans le vieux port. Petit à petit, Arthur connu mieux celui qui l'avait intimidé au premier abord : il était né à Water Seven, et avait travaillé très jeune pour l'une des sept grandes compagnie de charpenterie, où son père était employé. Il y avait apprit le maniement de la scie et des ciseaux, à reconnaître et utiliser les différents bois, et à réparer les navires en un tour de main. A la mort de son père, le directeur de la compagnie l'avait renvoyé, car malgré son génie en la matière, Zell avait le caractère très mauvais. Il avait donc décidé de rejoindre la Marine, pour pouvoir continuer à exercer, car les autres entreprises de Water Seven le craignaient maintenant autant qu'un pirate. Après deux ans d'entraînement, les instructeurs avaient inscrit son nom au programme de sélection, dont il n'était sorti que huitième en raison de son insolence, de sa difficulté à agir en équipe et de ses retards permanents.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant