CHAPITRE CLXXII - L'USURPATRICE

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Le corps flasque de Krokk Mash, comme un gros déchet gonflé par l'eau salée, fut rejeté par les vagues sur la plage de Palm Beach. Sa chair, déchirée par les crocs de Jun, ruisselait de sang. Ses hommes étaient éparpillés à ses côtés, encore étourdis par la rossée que Hiro leur avait collée. Sa trahison, de même que celle de Shako, le rendait furieux. Ses deux plus puissants hommes de main, partis du jour au lendemain. Le gamin était prometteur, pourtant. Il était parvenu à le manipuler pendant des années et il avait suffit qu'il retrouve sa sœur pour lui filer entre les doigts. En voyant son navire s'éloigner au loin, volé par l'ennemi et brillant comme une bulle du revêtement posé par les mains expertes de Hiro, il ne pouvait s'empêcher de les maudire.

Mais en même temps, il jubilait. Il savait que les pirates de Tartaros étaient en route et ne tarderaient pas à se jeter à leur poursuite. Qu'ils les capturent, les torturent ou les abattent, cela lui était égal. Il voulait juste qu'ils payent.

Alors, il attrapa l'un de ses sbires. Le gaillard, un homme-raie nommé Manta, était l'un de ceux que Hiro avait le moins amoché. Et tandis qu'il se relevait péniblement dans le sable, Mash appuya sa grosse main sur son épaule et lui glissa quelques mots à l'oreille.

- Écoute-moi attentivement, mon vieux. J'ai une mission, pour toi...

...

Jouant de ses cordes et de ses pieux, Zell était parvenu à se hisser à l'une des fenêtres du palais Kuja. Perché sur le flan des hautes montagnes, il n'était accessible que sur autorisation des guerrières de l'impératrice ou au terme d'une ascension aussi dangereuse qu'illégale. Mais Zell, malgré la perte de son bras et de son œil, était des plus agiles : la récupération de ses pleines capacités physiques avait pris du temps, avait demandé l'accompagnement d'Arthur et Haru, mais il était parvenu à les retrouver de manière presque totale. Alors qu'il se hissait jusqu'aux grandes fenêtres, il ne pouvait s'empêcher de jubiler. « Une île de femmes ? Le paradis, ouais ! »

Il escalada le rebord des hautes fenêtre, se tractant de son unique bras, et roula à l'intérieur du palais désert. Toute l'attention était centrée sur la procession rituelle, qui se déroulait plus bas. C'était l'occasion ou jamais. Les ordres de sa compagne étaient clairs : essayer de trouver sa sœur prisonnière et de la délivrer pour que l'impératrice usurpatrice ne puisse s'en servir comme otage. Il jeta un coup d'œil à gauche et à droite puis, avec toute la discrétion dont il était capable, se glissa dans les couloirs déserts à la recherche des cachots. Il espérait, secrètement, pouvoir se rincer l'œil en chemin...

...

La procession rituelle d'Amazon Lily avait été interrompue par un événement pour le moins inattendu, qui laissa l'intégralité des Kujas sans voix : l'habituelle humiliation de l'héritière, Boa Amaryllis, s'était arrêtée à l'irruption aussi soudaine qu'imprévue de sa sœur depuis longtemps disparue, Boa Haru. L'impératrice, Mamba Iris, semblait elle-même avoir été frappée par la foudre à son apparition. Dans un cri déchirant, Haru s'était arrachée à la foule pour faire face à l'usurpatrice et le silence ne fut brisé que par un sanglot hésitant.

- Haru ?

La voix d'Amaryllis était celle d'une femme brisée. Toutes ces années, elle avait subi les humiliations et tortures de l'usurpatrice. D'abord fière et inflexible, elle avait été contrainte de céder lorsque son corps était devenu trop faible pour résister. Elle avait été persuadée qu'elle n'avait plus la force mais, à voir sa sœur aussi belle et déterminée, elle sentit son cœur se gorger d'espoir.

- Toi ?! s'écria Iris de sa voix autoritaire. Alors tu n'étais pas morte ?

- Malheureusement pour toi, non. Tu croyais peut-être avoir écrasé la lignée Boa, mais une mauvaise herbe survivait, grâce aux sacrifices de ses sœurs.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant