CHAPITRE XXVIII - LES DOUZE CHAMBRES

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Jorge ne mentait pas : il était vraiment lourd comme une ancre. Emmy n'étant pas une bonne nageuse, Jun, Igana et Soles avait dû tirer l'énorme soldat sur plusieurs mètres avant d'atteindre le rivage, où ils le hissèrent au sec. Jun, cachée dans la pénombre, prit le temps d'observer la forteresse ennemie : elle était faite de pierre, quasiment naturelle, et soutenue par des fondations de bois. L'entrée se faisait par une gigantesque porte, gardée par quelques soldats du Zodiaque.

- Aidez-le à retrouver ses esprits, ordonna Jun à ses camarades en désignant Jorge de la tête. Je m'occupe des gardes.

La jeune femme aimait agir seule, et bien qu'elle fut une combattante émérite, elle savait qu'elle devait encore faire ses preuves auprès de ses camarades. Elle n'aimait pas prendre de telles responsabilités, mais les trois bibliothécaires manquaient de capacités physiques, et Jorge ne semblait pas être une flèche. Ainsi, elle virevolta habilement, gracieusement, et vint se placer derrière les gardes. Sans même dégainer ses lames, elle les assomma : il s'agissait de frapper pile entre l'épaule et le cou, pour étourdir sans tuer pour autant. Jun n'était pas une assassin, mais une cuisinière. Elle savait comment estourbir ses ennemis, tout comme les animaux qu'elle travaillait sur son plan de travail. D'un geste discret, elle appela ses camarades à la rejoindre. Soles et Igana épaulaient l'énorme Jorge, qui toussait et crachait comme s'il avait bu une grande partie de la mer. Ensemble, ils attachèrent fermement les gardes avec la corde qu'ils avaient eux-même utilisée pour s'encorder, et ils leur placèrent dans la bouche un bâillon de tissu. Dissimulés derrière les rochers, au bord de l'eau, ces gardes ne donneraient pas l'alarme. Puis, les jeunes soldats poussèrent la grande porte et pénétrèrent dans la forteresse.

L'entrée donnait sur un vaste hall, sombre et absolument vide. Un épais escalier en colimaçon y trouvait sa source, et c'était bien là le seul intérêt de cette morne pièce. Instinctivement, Jorge utilisa ses pouvoirs pour se changer en ours, et huma l'air de sa grosse truffe humide.

- Je sens d'étranges odeurs, murmura-t-il. Il y a quelqu'un à l'étage juste au-dessus, ça ne fait aucun doute.

- Il va falloir être discrets, déclara Jun en considérant le grand escalier. Une fois à l'étage, je m'occuperai d'éliminer l'ennemi le plus silencieusement possible. On procèdera comme ça, pas à pas, d'accord ?

Les autres acquiescèrent et la suivirent dans sa discrète ascension. En levant les yeux, les infiltrés ne pouvaient discerner que le plafond de la pièce du dessus, et il leur était impossible de savoir combien d'étages il leur resterait à gravir une fois le premier ennemi éliminé.

Le groupe gravit une centaine de marches, et arriva face à une porte, qui donnait de toute évidence sur le premier étage. Par chance, celle-ci était entrouverte.

- Quel étrange signe... murmura Jun en contemplant les ornements dorés qui décoraient le bois.

- Deux cornes se rejoignant, observa Soles. C'est la marque du Bélier, le premier signe du cycle du Zodiaque. Logique, puisque nous sommes au premier étage.

- Vous pensez que c'est le plus faible des douze, vu qu'il est tout en bas ? hasarda Jorge, anxieux.

- Y'a qu'un moyen de le savoir, répondit Jun en poussant la porte.

...

Arthur avait pensé à escalader la paroi rocheuse de la forteresse, mais avait renoncé à cette idée : ils se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres de hauteur, et la moindre chute leur serait fatale. Entrer par cette fenêtre ne lui inspirait pas confiance, mais c'était là la solution de faciliter. Discrètement, il jeta un coup d'œil à l'intérieur. C'était une grande salle, dont les murs étaient couverts de cartes, dont les étagères étaient couvertes de globes, de parchemins et de poussière. Une personne s'y afférait, dos à la fenêtre, semblant placer des points sur un planisphère. Soudain, l'homme s'écria, d'une voix haut perchée :

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant