CHAPITRE DE MARY - I

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Depuis la fenêtre de sa chambre, Mary contemplait le paysage désolé de Yomi. La forteresse où siégeait Tartaros avait de l'extérieur tout d'un vieux château en ruines, l'herbe que broutaient les montures était grise et cendreuse, la terre sèche et noire comme du charbon. Çà et là, des torches étaient plantées à même le sol pour arracher l'île au brouillard obscur qui l'entourait, brûlant d'un bleu étrange dans les profondeurs de la nuit éternelle. Dans les vieux couloirs de la forteresse, on entendait parfois le souffle des vagues se répercuter comme un écho fantomatique, mais il en était presque rassurant : l'horrible et glacial silence qui planait sur cette île laissait penser que les pirates qui la peuplaient étaient muets, ou morts.

Si cette vue la déprimait, Mary ne pouvait se plaindre de ses appartements : ils étaient dépouillés de toute décoration et les rideaux, rongés par quelque nuisible d'autrefois, était parsemés de trous. Pourtant, l'âtre de la cheminée était presque rassurant, et le vieux lit à baldaquin où elle dormait était usé mais toujours confortable. Trois fois par jour, un repas copieux lui était apporté. Elle devait se rendre à l'évidence : le maître des lieux, cet Ankou dont tous parlaient comme d'une légende et qu'elle n'avait pas encore rencontré, la traitait comme une invitée de marque. Malgré tout, elle s'ennuyait, et sa peur de s'aventurer sur cette île lugubre l'emprisonnait dans sa chambre.

Un bruit sourd contre sa porte la tira un jour de sa rêverie. Elle attendit une seconde, pour être sûre d'avoir bien entendu, et il se répéta. Elle jeta un regard inquiet à Daiki, son valeureux garde du corps, mais il était assoupi. Jour et nuit depuis leur arrivée, il avait veillé sur elle. Aujourd'hui, il s'était laissé aller à l'épuisement.

Les coups se firent plus forts, si bien qu'elle sursauta. Elle attendit encore un instant puis, d'un pas hésitant, s'approcha de la grande porte de bois.

- Qui est là ? souffla-t-elle dans un murmure terrifié.

- Je ne te veux pas de mal, Mary. Je souhaite simplement me présenter !

La voix, celle d'une jeune fille enjouée et dynamique, la fit tressauter. Elle n'avait pas entendu de voix féminine autre que la sienne depuis de nombreuses années. Il y avait eu celle d'Ita, bien sûr, mais elle avait plus de l'aboiement que de la parole à proprement parlé. Alors, inspiré par ce premier contact, Mary prit son courage à deux mains et souleva le lourd verrou.

Dans l'embrasure de la porte, à demi dans la pénombre, le visage d'une jeune fille se dessina. Elle était habillée d'une longue robe d'un vert pastel et de longs cheveux couleur cerise tombait en boucles sur sa jolie peau sombre. Un grand sourire se dessinait sur son visage délicat.

- Voilà donc enfin notre jeune invitée ! rit la jeune femme en lui adressant un signe discret de la main. J'étais étonnée de ne pas encore t'avoir vue, alors je...

Aussi vif que l'éclair, conjurant les pouvoirs de son fruit du Passe-Muraille, Daiki bondit comme un fauve sur la jeune fille. Il se tenait maintenant entre elle et sa jeune protégée, sa dague hors de son fourreau, prêt à la défendre.

- Ne t'approche pas trop, pirate ! s'écria-t-il en l'invitant à se reculer. Mary, reste dans la chambre !

La jeune fille, loin de s'agacer, se confondit en excuses.

- Pardonnez-moi, messire chevalier ! Je ne souhaitais pas vous effrayer, pas plus que votre protégée. Je voulais simplement savoir si vous n'aviez besoin de rien, si mademoiselle Mary ne souhaitait pas faire un tour de l'île.

Daiki s'apprêtait à fermer la porte, pointant la lame de sa dague vers la jeune femme pour la repousser vers le bout du couloir, mais Mary s'interposa. Il lui jeta un regard des plus surpris, mais elle insista.

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant