𝐴𝑙𝑙 𝑟𝑜𝑠𝑒𝑠 ℎ𝑎𝑣𝑒 𝑡ℎ𝑜𝑟𝑛𝑠

𝙸. 𝚄𝚗𝚎 𝚟𝚘𝚕𝚎𝚞𝚜𝚎

« Le voleur qui ne se laisse pas surprendre passe pour le plus honnête des hommes. »

CHAPITRE 1

Le cœur battant, le stress à son comble et les sens en alerte, j'essaye néanmoins de me comporter normalement. Une personne normale. Une personne qui ne venait pas de voler. Ce n'est pas la première fois, mais comme à chaque fois, le stress est bien présent.

Voilà bientôt un an que je vole dès que l'occasion se présente. Des bagues, de l'argent, des broches, des sacs de luxe, enfin tout ce qui peut me permettre de gagner de l'argent.

Aujourd'hui c'est une montre que j'ai volé. Elle était grise, simple, assez petite pour une montre d'hommes. Je l'avais repérée grâce au reflet que projetait le soleil sur sa vitre ronde. Une petite bousculade avait suffit à m'en emparer. Le propriétaire était un homme âgé d'une quarantaine d'années, habillé d'un costume bleu marine et avait dans une de ses mains un mug de café où de la fumée sortait et un tas de feuilles blanches étaient maintenues par l'autre main. Leur couleur blanche n'est pas restée comme telle très longtemps.

Il marchait devant moi dans cette rue remplie de gens à cause de l'heure de pointe et un bon mètre nous séparait l'un à l'autre. Je fixais son crâne dégarni au fur et à mesure que je m'avançais pour m'approcher de lui sans me faire remarquer. Lorsque j'ai été assez proche, je l'ai bousculé de l'épaule et fégné un hoquet de surprise quand son café s'est étalé un peu partout sur ses feuilles qui étaient si blanches. Je lui ai fais une mine désolée avant de plonger mon regard dans ses yeux, puis je l'ai descendu vers les tâches brunâtres qui commençaient à se former sur son costume. J'ai porté mes mains à ma bouche tout en écarquillant les yeux. Quelle actrice je faisais.

Il s'était arrêté de marcher et m'avait dévisagé longuement avant de descendre son regard vers son costume et ses feuilles brunes mouillées à cause du café. Ses yeux étaient remplis de colère et me dévisageaient quand je me suis apprêtée à l'aider.

- Je suis désolée, ai-je balbutié. Oh mon dieu, quelle idiote ! Attendez, je vais vous aider.

J'avais sorti un mouchoir de ma poche et ai commencé à essuyer les tâches sur son torse. Tandis que je lui ai sorti des dizaines d'excuses à la seconde, j'ai descendu ma main libre vers sa manche et quand il a tourné sa tête pour observer les dégâts plus attentivement sur son bras droit, j'en ai profité pour lui dérober la montre.

Je l'ai rapidement mise dans ma poche avant de me remettre à palper son torse avec mon mouchoir sale. Il m'a doucement poussé, mais suffisamment pour que j'ai eu un déséquilibre et une envie de tomber. Plusieurs injures sont sorties de sa bouche quand il a vu ses documents tâchés. À ma grande surprise, il s'était contenté de se retourner et de partir. Voilà un à qui j'avais gâché la journée.

J'ai continué à le regarder pendant les dernières secondes dans lesquelles il était encore dans mon champ de vision afin de mémoriser son visage et son corps.

Lorsque je vole, j'essaie au maximum de mémoriser leur visage afin de les reconnaître facilement si un jour j'avais à les recroiser. Cette technique était l'une que j'utilisais le plus car c'était surtout une des plus faciles. Le problème étant qu'ils pouvaient me reconnaître puisqu'ils avaient la possibilité de voir mon visage et des fois d'entendre ma voix, je devais donc faire vite et ne pas m'attarder sur place. Heureusement pour moi cette fois-ci, il n'a pas demandé son plus et est parti directement sans même que je lui donne d'explications.

Cela faisait moins d'un an que je volais, onze mois si je dois être précise et durant ce temps, j'ai eu le temps de peaufiner mes techniques de vol et de savoir qui je pouvais et qui je ne pouvais pas voler. Mes premières tentatives laissaient vraiment à désirer étant donné que j'étais encore novice. Je ne dis pas que je suis une professionnelle à présent, mais plus le temps avance, plus je deviens bonne dans ce domaine.