𝐴𝑙𝑙 𝑟𝑜𝑠𝑒𝑠 ℎ𝑎𝑣𝑒 𝑡ℎ𝑜𝑟𝑛𝑠

𝚇𝙸𝚇. 𝙴𝚝 𝚖𝚎𝚛𝚍𝚎

Je frappe encore et encore, gauche droite, gauche droite, encore et encore.

Mes doigts frêles dans les gants de boxe frappent contre les gants à chaque fois que les gants frappent contre le sac devant moi.

Je suis certaine que mes phalanges seront toutes rouges après ça.

Je sens la sueur dégouliner le long de ma colonne vertébrale. Ça me dégoûte. Je n'arrête pas pour autant, il faut que je me fortifie et ce n'est pas avec mes simples entraînements que je vais y arriver, je vais devoir donner beaucoup plus que les autres.

Ça, je l'ai compris depuis bien longtemps.

La deuxième saison, dite hiver, a commencé depuis maintenant cinq jours. Depuis cinq jours j'ai cette boule dans le ventre qui ne fait que grossir de jour en jour. J'ai un mauvais préssentiment. Et je suis coincée dans cette forêt au plein milieu de nulle part.

Putain.

Je donne un coup plus fort cette fois-ci au sac, le faisant aller plus loin que d'habitude. J'ai mal aux doigts et aux poignets, mais je ne dis rien et prends sur moi. Je me mords la langue pour faire passer la douleur autre part.

Depuis avant-hier, Isaac ne fait que travailler sur mon dossier pour trouver des informations qui pourront m'aider à trouver les trois hommes et -je l'espère- marchander avec eux avant qu'ils ne veuillent me trancher la tête. Je déglutis. Putain. Je donne deux derniers coups au sac bleu avant de retirer ces putains de gants qui m'étouffent et de m'affaler au sol, essoufflée. Qui aurait cru que taper dans un sac était épuisant ?

Je prends la gourde dans mon sac de sport et vide le récipient dans ma bouche. Je prends ensuite ma petite serviette pour essuyer toute trace de sueur de mon front. Vêtue pour une fois d'un sweat shirt et d'un jogging tous les deux noirs, les tissus se collent à ma peau. Putain j'aurai pas dû mettre ça, ça m'érite.

Alors que j'allais me lever pour aller faire un autre exercice, j'entends du bruit.

Intriguée, je me lève et marche en direction du bruit. Normalement à cette heure tardive, il ne devrait avoir personne, surtout que personne n'aime faire des heures supplémentaires. Je suis dans une des salles de sport du centre, la plus éloignée, raison de plus. Je l'ai fait exprès pour être sûre que personne ne puisse me voir en train de m'entraîner. Grâce aux baies vitrées qui m'entourent, j'aperçois une silhouette dans la pièce voisine. Elle tape encore et encore comme je le faisais plus tôt contre le même sac bleu que le mien sauf que ses coups sont beaucoup plus forts que les miens, projetant le sac beaucoup plus. Putain. Elle continue à taper encore et encore jusqu'à ce qu'il envoie un dernier coup qui fait voler le sac de boxe en l'air. Il se déplace avant que le sac ne le touche. Elle s'accroupit pour certainement reprendre sa respiration avant de se relever et se rapprocher du grand miroir devant lui. Elle allait lever son haut pour s'apercevoir quand ses yeux rencontrèrent soudain les miens. Oh merde.

Prise la main dans le sac, je m'éloigne de la baie vitrée et retourne vers l'exercice que je m'apprêtais à faire. Je commence à monter les marches une par une et feigne de ne pas sentir sa présence derrière moi.

— Lana ?

Je me stoppe dans mes mouvements. Lorsque je me retourne, je fais face à Mickaël.

— Oh, Mickaël.

— Qu'est-ce que vous faîtes là ?

— Je pourrais vous poser la même question.

Il fronce les sourcils et montre la salle de la main.

— Je fais du sport, mais je ne vous avais jamais vu ici auparavant.

— Je ne viens pas souvent, menté-je.