𝚇𝙻. 𝙱𝚕𝚞𝚎 𝙼𝚘𝚘𝚗 𝚘𝚏 𝙹𝚘𝚜𝚎𝚙𝚑𝚒𝚗𝚎

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CHAPITRE 40 :

La lune est jolie ce soir. Elle est magnifiquement belle. Quelques étoiles l'accompagnent, pour ne pas laisser seule.

Je suis assise au bord du toit, si bien que si j'avance d'encore quelques pauvres centimètres, je mourrai probablement d'une façon douloureuse. Après tout, ce n'est pas cela que je voulais éviter à tout prix, il y a quelques années ? Comme quoi, ça serait bête de tomber maintenant.

Mon regard est plongé dans le vide. Ça y est, c'est fini. J'y suis arrivée. J'y suis arrivée au bout de ses six mois de douleur, d'assemblage, de découvertes, d'apprentissages. J'y suis arrivée putain. Je me revois encore arrivée ici pour la première fois. J'étais complètement endormie, si bien que deux hommes devaient me tenir. Dès mon arrivée, j'étais une galère ambulante.

En y repensant, les premiers mois ont été un vrai supplice. Accumulant échec après échec, étant différente des autres jours après jours. Tandis qu'ils évoluaient, je régressais. La différence de niveau s'est vite faite. Tout le monde savait que j'étais pas à la hauteur, que ce soient les chefs ou que ce soient les autres agents. Si bien que j'ai fini dans un lac pour me faire abandonner. Enfoiré d'Isaac. Dire que je vais passer le reste de ma vie avec lui. Comme une sorte de mariage sans bague et sans envie aussi.

Trois mois de calvaire qui ont commencé à cause de moi et ça j'en étais prévenue dès le premier jour. Je me revois six mois avant, dans cette belle robe orange que je regrette d'avoir mise ce soir-là si j'avais su comment elle allait finir, sale et en morceaux. Au moins, je suis ressorti de là-bas avec une montre, une belle montre. Encore aujourd'hui, j'ignore encore si le fils du maire a été mis dans la confidence ou non de coucher avec moi. En tout cas, c'était vraiment pas nécessaire vu ses piètres performances. Encore aujourd'hui, j'en ai un dégoût. Qu'est-ce qui m'a pris, sérieux ?

Si j'ai bien hâte d'une chose en sortant d'ici c'est bien de retrouver ma moto. Putain dire que ça va faire six mois que je n'ai pas roulé avec. Et ça va faire six mois que je n'ai aucune nouvelle d'elle surtout. Après ma rencontre soudaine avec les chefs et ma perte de connaissance, je n'ai plus entendu parlé d'elle. J'espère pour la S.I.C.E qu'elle est encore comme neuve.

C'est vrai qu'en y repensant, je n'ai pas eu une minute après ça pour y repenser. Directement, je m'étais réveillée, tous les regards sur moi pour savoir si j'allais accepter ou non d'être agent pour eux. Comme si leur vie allait s'arrêter si je n'accepterais pas.

Pendant des mois je m'en suis voulu d'avoir accepté, pendant des mois les chefs se sont demandé pourquoi ils me voulaient parmi eux. Car qu'on soit clair, en arrivant ici, je n'avais rien du tout en termes de profil d'espion.

Tout ça pour dire que... je suis acceptée. Je suis officiellement nommée espionne. Aujourd'hui était notre remise de certificat d'espion. Ca faisait peut-être très scolaire, mais c'était fort en émotion quand même. Je suis même sûre d'avoir aperçu une larme coulée sur la joue de Riley.

Tout ça, grâce à lui.

Si j'ai pu vivre ses six mois d'entraînements intensifs c'est à cause de lui, si j'ai dû souffrir pendant des mois entiers sous la pression et la honte c'est à cause de lui, si j'ai dû me relever même quand j'avais mal c'est à cause de lui, si j'ai passé toutes ses nuits ici à pleurer c'est à cause de lui. S'il ne m'avait pas repérée en tant qu'agent, je n'aurai pas été forcé de subir tout ça. Mais... Si j'ai pu surmonter tout ça, si j'ai pu affronter chacun de mes problèmes et repousser encore plus loin mes limites, jour après jour, si j'ai pu devenir espionne aujourd'hui et affronté les semaines de tests, c'est grâce à lui.

Sans lui, je ne suis pas sûr d'avoir pu survivre la deuxième saison. Et dans tous les sens du terme. Que ce soit ici ou dehors. C'est grâce à lui que Lincoln va mieux aujourd'hui. C'est grâce à lui que je n'ai plus une mafia à mes trousses. C'est grâce à lui si je ne suis pas morte ce jour-là dans ce lieu paumé. C'est grâce à lui que je suis là, ici en tant qu' espionne. Je peux enfin le dire.

𝐴𝑙𝑙 𝑟𝑜𝑠𝑒𝑠 ℎ𝑎𝑣𝑒 𝑡ℎ𝑜𝑟𝑛𝑠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant