Chapitre II (10) : The hallways, they echoed and groaned

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TW : Mention de trouble alimentaire, de LGBTphobie, d'empoisonnement et d'abus psychologique.

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À semaine de merde, humeur de merde. Et à humeur de merde, temps de merde. 

Une semaine depuis l'annonce du mobile par Monokuma, et cinq jours qu'il pleut des cordes. Ce qui a miné le moral déjà pas bien élevé de tout le monde. 

Enfin, tout le monde ou presque. À la surprise générale, Kiseki s'est mise en tête de disperser l'atmosphère fort merdique à sa manière. Elle force Shun à se reposer depuis son évanouissement (pensez-vous, il ne peut rien lui refuser), a tenté de préparer le petit déjeuner les premiers jours (par tenté j'entends mettre des toasts déjà beurrés dans le grille-pain) et maintenant la voilà dehors à randonner dans la forêt sous la pluie avec un petit groupe de sadomasos. Dont Sora, d'ailleurs. 

Kiseki a réussi à lui parler et à le faire sortir de sa chambre pour autre chose que de la cuisine hier, pour la première fois depuis les vidéos, et ça je peux que lui en être reconnaissant.e. Sauf que maintenant iel est dans la forêt à se couvrir de boue, ce que je trouve un peu incongru vu son peu d'amour pour le sport. Iel se distrait comme iel peut, peut-être.

Pour ma part, je suis obligé.e de rester à Babel avec mon bras cassé et un petit groupe d'infirmes : Michiru et ses six mois de grossesse, Judicaël et son fauteuil, Mao et son genou niqué. Quatre pelos dans un réfectoire beaucoup trop grand. Noelle est apparemment dans la salle détente avec Altaïr et Theodosia a la migraine. Non seulement on n'est que huit sur la zone, mais en plus on ne se réunit pas. Ça fait monstrueusement vide, cette foutue tour est beaucoup trop grande même pour une vingtaine de personnes. 

Judicaël et Michiru parlent trop vite, trop fort, ça fait un bon quart d'heure que je fixe le vide en me demandant quand est-ce qu'ils vont se taire. Rentrer au chalet n'est même pas une option, j'imagine pas l'état du sol là-dehors et si je glisse je suis bon.ne pour deux mois supplémentaires avec mon plâtre. Et puis j'ai pas envie de rester tout seul avec mon cerveau en surchauffe. L'avantage de la conversation des deux autres, c'est que je m'entends plus penser. 

Si je me concentre un peu, j'aurais presque l'impression de pouvoir communiquer par télépathie avec Mao, qui regarde la table avec des yeux de poisson mort. Heureusement qu'on est au rez-de-chaussée parce que sinon je pense qu'il se serait déjà jeté par la fenêtre. 

– Du coup, ça vous dit ?

Je mets un temps à comprendre que Michiru s'adresse à moi. Devant mon regard confus, elle reprend :

– Tant qu'on y est, on peut faire le repas tous les quatre. Ça vous dit ?

Mes yeux se tournent vers Mao, qui hausse les épaules avec l'air de dire "m'embarque pas là-dedans". Sympa. Enfin bon, j'ai rien de mieux à faire.

– Ouais, pourquoi pas. Vous voulez manger quoi ?

– Des hamburgers ! s'exclame Judicaël. C'est bon, et c'est facile à faire.

– On a des végétariens dans le groupe nan ? demande Michiru.

– Je crois pas. Tu peux aller chercher les ingrédients du coup ? T'es la seule assez grande pour les atteindre.

– Let's go. Ah là là, qu'est-ce que vous feriez sans moi~

La Toxicologue revient une dizaine de minutes après avec un plateau chargé de tous les ingrédients qu'elle a pu trouver et de couverts pour la préparation. Qui glissent dangereusement d'un bord à l'autre. Au secours. 

– On en fait un par personne, sauf si vous en connaissez qui sont des morfales, je soupire en prenant un pain burger et un couteau.

– Eh oh, moi je mange pour deux alors je veux deux burgers !

Danganronpa : Babel's CurseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant