Épilogue 1 : Partie 1 - Ilyès 1/7

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CWTW : ce chapitre évoque la violence physique, le sang et la mort.

Sur ce, Bonne lecture. En espérant que ça soit à la hauteur de l'attente.

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— Ça ne peut pas être aussi difficile que ça, regarde les mômes là-bas, ils ont quoi ? Huit ans à tout casser, argumenta-t-il.

Il pointa le large où plusieurs surfeurs s'étaient attroupés et où les vagues arrivaient, les unes après les autres. Depuis ce promontoir, ils avaient vu sur ce petit coin de paradis accessible en descendant les escaliers. Hadrian soupira, assis dans son fauteuil roulant. Malgré les bandages qui cachaient la moitié de son visage, il était clairement désœuvré par cette conversation.

— Ils vivent ici, ils ont probablement appris à surfer en même temps que marcher. Ou même avant, tu ne peux pas te comparer à eux.

Ils s'observèrent un long moment.

» Quoi que je dise, tu ne vas pas m'écouter et encore moins continuer les cours, n'est-ce pas ? soupira son double.

Il sourit :

— J'aime la manière dont tu te fais à l'évidence.

— Tu me désespères. Pardonne-moi d'avance si je me sers de ça contre toi plus tard. Tu ferais mieux d'être un peu plus humble et rejoindre Vanessa, Drissa et les autres pour les leçons, fit Hadrian.

— Je suis un vrai poisson dans l'eau, ça ne peut pas être si difficile.

C'était ainsi qu'avait fini la discussion, quittant Hadrian, accompagné de Hubert, Jorgy, Eddie et Jamal sur cette terrasse de leur complexe hôtelier. Ils louaient une villa où ils s'étaient installés depuis quelques jours.

Il dévala les escaliers qui l'amenèrent lui, sa planche sous le bras, vers le point de surf. Sur le devant, dans ce que les connaisseurs appelaient la mousse, les vagues blanches, il y avait plusieurs d'entre eux qui se démenaient à rester debout sur la planche une fois poussés. Leur professeur avait insisté qu'il avait un talent inné. Il ne lui en avait pas fallu plus pour acheter une shortboard flambante neuve et partir à la conquête des vagues plus loin que celles qui emplissaient le rivage. Là où les jeunes locaux s'amusaient, là où était le vrai, le surf. Il déchanta rapidement une fois dans l'eau. Tenir en équilibre pour pagayer sur cette planche fut une épreuve en soi. Il n'osa pas se retourner, pas le faire sur un Hadrian qui devait l'observer, moqueur depuis cette terrasse qui surplombait ce point de surf. Aurait-il pu contempler son sourire s'il l'avait fait ? Le voir rire même ? Après quelques mois, ces manifestations se faisaient toujours rares et jamais prévisibles. Être ridicule était-il un prix qu'il désirait payer ? Il décida que non. Il était bien trop loin de toute façon pour profiter pleinement de son esclaffement. Le narguer de ses prouesses dans l'eau serait bien plus savoureux.

Il pagaya du mieux qu'il put, jugé clairement par ceux plus expérimentés autour de lui. Plusieurs lui firent comprendre plus ou moins sèchement que sa place n'était pas ici. Par des remarques, des rires ou des actions quand il cherchait à prendre des vagues. Plusieurs tentèrent de l'intimider. Il avait suffisamment entendu de réflexions sur son physique pour qu'elles ne l'affectent réellement. Ça ne lui donnait qu'un peu plus de motivation à réussir. Il finit par sortir de l'eau, sur le tard, en pagayant difficilement pour rejoindre la plage. Il avait passé plus de temps à boire la tasse qu'autre chose.

— Pas de commentaires, souffla-t-il en passant devant Hadrian.

— C'était épatant, pourtant, fit ce dernier. Toi n'arrivant pas à quelque chose au premier essai. Ça méritait le coup d'œil.

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