Épilogue 1 : Partie 5 - Hadrian 5/7

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Ils furent dans sa chambre avant que Hadrian ne le réalise. Les ordres d'Ilyès furent simples : qu'on les laisse tranquilles. Jorgy prit place devant la porte et ils furent seuls. Ilyès le fit s'asseoir sur le lit, unique assise possible, et partit dans un silence qui le mit mal à l'aise. Ilyès n'avait dit mot depuis qu'ils étaient sortis du véhicule. Hadrian avait décidé de se taire. Au moins ne risquait-il pas de tout compromettre ainsi. Ilyès revint rapidement avec une boite de premiers secours. Il s'agenouilla devant lui et lui prit les mains. Hadrian remercia Drissa d'avoir insisté pour qu'il se lave à la villa. Il avait été couvert de sang. Ilyès observa ce doigt à jamais mutilé.

— Comment as-tu fait ? Pour lui trancher la gorge ?

Hadrian n'avait pas spécialement envie de s'attarder sur ce qui l'avait autant choqué. Mais il lui devait au moins une réponse à ses questions. Il sortit de sa poche la prothèse et activa le mécanisme caché pour que la lame pointe, pour que ce qui ressemblait à un bijou devienne une arme. Un cadeau de son entourage.

— Ils ne l'ont pas enlevé quand j'ai fait mon coquet. Ça a l'avantage de ne pas sonner au portique.

Ilyès observa l'objet un temps avant de le déposer au sol sans un mot. Son visage fut impénétrable. Il se saisit de la boite de soins. Ilyès fut extrêmement doux en nettoyant ses blessures. La brulure du désinfectant ne fut pas désagréable, pas en le voyant à ce point dévoué à le soigner. Un pansement fut placé sur sa gorge. Ilyès finit par lui prendre la main.

Hadrian craignit ce qu'il allait lui dire. La manière dont il le regardait était bien trop intense et il se mit à douter.

— Dis quelque chose, souffla Hadrian.

— Je ne sais pas par où commencer.

La panique grandissait. Comment pouvait-il redouter autant de perdre cet homme qu'il n'avait de cesse de repousser ?

— Me détestes-tu ? demanda-t-il. Pour ce que je suis devenu ? De ne plus être le Lian que tu as passé un tiers de ta vie à aimer ?

Ilyès l'observa. Il secoua la tête.

— Je te l'ai déjà dit Lian, je suis incapable de te détester. T'aimer est ancré dans tout ce que je suis.

Il baissa les yeux sur cette main, son front la toucha.

» J'aimerais juste que les secrets, les machinations, les non-dits finissent entre nous. Ça me tue. Tu aurais dû me dire pour Tabaré, tu aurais dû me dire ce que tu avais en tête. J'ai cru mourir d'une crise cardiaque aujourd'hui.

Hadrian passa la main dans ses cheveux.

— Ce n'était pas mon intention. Tu voulais tant la paix, Ilyès, je ne voulais juste pas te souiller avec toutes les casseroles que je me trimballe.

Hadrian caressa sa joue. Ilyès prit sa main qu'il baisa.

— Je te l'ai déjà dit, Lian. Tu me penses être un meilleur homme que je ne suis.

Il l'observa avec émotion, Ilyès semblait ne faire que ça.

» J'aurais pu descendre ses enfoirés sans arrière-pensée aucune.

N'était-ce pas cela qu'il tentait d'éviter ?

— J'ai peur de m'écouter. De tuer parce que c'est plus pratique pour moi. Je n'ai pas vraiment une morale qui me retient. Je te l'ai dit, tuer ne représente rien pour moi. J'ai peur de cette descente, vraie, mais si j'avais su ce qu'ils t'ont fait...

Tu devrais peut-être t'écouter. Tu es un homme avec un sens inné de la justice, de ce qu'est le bien et le mal.

Ilyès lâcha un petit rire et secoua la tête.

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