— Ilyès... Ilyès...
Une voix l'appelait, une qui aurait dû lui être familière, mais qui sonnait étrange à ses oreilles.
» Attention, Ilyès !
Il se réveilla en sursaut. Il trouva son visage immédiatement. L'incompréhension fut là. Il fallut à Ilyès un moment long pour appréhender la situation, que la réalité l'imprègne. Qu'il se fasse à une nouvelle : que Lian était ici. Il dut prendre un instant supplémentaire pour comprendre : il était allongé sur lui, la tête sur ses genoux, le tenant par la taille, sur le canapé de son bureau. Comment cela pouvait-il même être vrai ? La soirée lui revint. L'élancement du côté droit de son crâne n'eut rien à voir avec sa déroute bien plus grande. C'était bien trop surréel.
— Désolé, souffla Lian avec un petit sourire contrit.
Il avait dû le fixer un peu trop pour qu'il s'excuse.
» J'ai attendu aussi longtemps que j'ai pu, mais j'ai besoin d'aller aux toilettes.
Ilyès resserra automatiquement sa prise sur lui. Cela devait être vrai devant la banalité de la scène, n'est-ce pas ? Qu'il lui soit revenu.
— Ilyès.
Lian semblait réellement mal à l'aise.
L'homme se décala et il se leva bien trop rapidement pour qu'il ne s'en sente pas troublé. Sa main fut sur son bras. Ilyès était crispé de le voir partir ainsi.
» J'ai vraiment besoin d'y aller, Ilyès... Je vais me pisser dessus.
Ce fut dur de le lâcher, davantage de se raisonner à le faire.
— La porte à gauche, fit-il en la pointant du doigt.
Lian s'y déplaça, avec une claudication plus légère que dans ses souvenirs, presque imperceptible par moments. Ilyès ne put que le suivre et alors que Lian allait fermer le battant, Ilyès le bloqua. Ça le surprit. Qu'il était étrange d'avoir ces deux yeux sur lui.
— Tu crains que quoi ? Que je disparaisse par la bouche d'aération ? fit Lian.
Imagina-t-il l'agacement tout comme l'amusement ? Ilyès voulut justifier qu'ils n'avaient rien à se cacher, qu'il n'y avait rien qu'il n'avait pas vu. Il lui fallut énormément de maitrise de soi pour lâcher cette porte. Lian avait raison, il ne pouvait disparaitre. Mais combien de fois avait-il cru pouvoir le coincer avant qu'il ne se volatilise ? Tourner à un angle de rue en pensant l'avoir vu s'y précipiter pour ne trouver que du vide et réaliser alors qu'il n'existait pas. Ilyès fut à l'affut du moindre bruit. Il fut soulagé de voir la porte s'ouvrir.
Presque gêné, Lian fut là devant lui. Que c'était étrange, davantage pour lui de s'obliger à se répéter que c'était réel. Lian semblait l'analyser avec la même faim que lui.
— Comment te sens-tu ? demanda Lian.
Perdu, aurait peut-être parvenu à effleurer son état émotionnel en cet instant.
— Où est ta canne ? répliqua-t-il, voulant s'accrocher à une conversation plus mondaine que ce qu'il éprouvait.
— Je n'en ai plus besoin. Je me suis fait opérer pour mettre une prothèse à la place de ma hanche. Ça devait réduire considérablement ma claudication, mais je n'ai jamais pu finir ma rééducation. Elle est restée. Je peux marcher, courir s'il le faut même. Ce n'est pas le plus stable parfois, mais c'est loin de ce que c'était.
Ilyès avait entendu parler de cette opération. Il n'avait jamais su ce qu'en serait le résultat. Lian avait été déclaré mort quelques mois après durant sa convalescence et rééducation. Il ne put que demander par la suite.
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Pénitence & Réminiscence : Épilogues
RomanceVoici la fin de cette histoire aux millions de mots. Celles et ceux débarquent ici connaissent probablement l'histoire. Pas besoin de la présenter. Retrouvez vos personnages préférés pour un (ou plusieurs) arc ultime. Ceci est une romance entre homm...