Épilogue 1 : Partie 3 - Ilyès 6/6

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Devant ce que Lian commença à dévoiler, l'horreur remplaça bien trop le désir et la curiosité. Sa manière détachée de parler peina Ilyès davantage. Lian effleura à peine ce qu'avaient été trois ans de sa vie. Certaines anecdotes lui semblaient si irréelles. Il s'exprima lentement, longtemps, se tut par moments pour peser ses mots. Qui quoi quand comment, il fut très vague et devant le peu qu'il évoqua, Ilyès n'eut pas vraiment cœur à demander plus de détails. Il avait simplement cette honte, celle de ne pas avoir été là.

Par deux fois, on amena de la nourriture et il sut que ça n'était pas une initiative de son entourage. Haden, devenu Heli dans les explications de Lian, était toujours à observer la scène quand la porte s'ouvrait et lui faisait bien comprendre dans un regard qu'il interviendrait s'il le pensait nécessaire.

— Et ils ont tous jugé que je devais te faire face. Je me suis réveillé revenu dans cette ville.

Devant le temps qui s'était écoulé, Lian se retrouvait avec ses jambes sur les siennes, à moitié allongé, dans une familiarité à la fois enivrante et étrange.

Il ne put que caresser sa cuisse.

— Sans eux, aurais-tu continué à m'éviter ?

— Sans eux, je n'aurais jamais été en vie, donc difficile à dire, fit Lian, bien trop légèrement.

La mort, sa mort, semblait un sujet si simple alors que ça lui retournait les tripes.

— Tu vois ce que je veux dire.

— Je t'ai dit, tout ce qui me parvenait attestait que tu avais refait ta vie.

— Qu'est-ce qui t'est parvenu ?

Lian l'observa avec une certaine hésitation.

— Que tu enchainais les conquêtes et que tu étais dans une relation avec ton assistant.

— Me croiras-tu si je te dis que rien ne s'est jamais passé entre nous ?

Lian dissimula toute émotion, toujours aussi fort à enfiler un masque vide. Il se contenta de sourire et de hocher la tête. C'était clairement forcé. Ilyès n'insista pas. Le désir avait été là envers Niel, et il ne pourrait mentir s'ils creusaient.

— Je n'ai jamais couché deux fois avec la même personne. Je n'ai pas d'excuses pour ça, mais...

Lian se saisit dans sa main.

— Tu n'as pas à en avoir. Tu ne me dois rien.

Ilyès baisa le bout de ses doigts. Il eut besoin de se justifier.

— Ça a commencé dans les mois après ton départ. Andréa, alors qu'il s'affaiblissait, se faisait de plus en plus insistant pour que je trouve un ou une partenaire. J'ai fini par coucher avec l'un pour qu'il me lâche la grappe.

Lian ne put masquer une certaine douleur. Était-ce ce qu'il avait voulu ?

» Dire que je ne l'ai pas fait dans l'intention de ne pas te blesser serait faux. Mais je me suis toujours moqué de savoir avec qui c'était. J'ai gardé des rapports sexuels à une fréquence régulière pour canaliser ma frustration.

Ilyès serra ses doigts.

— Ça n'a aucune importance. Et pour Niel...

Lian fut là, sa main sur sa bouche. Il semblait triste.

— Je ne vais pas te faire la leçon, Ilyès. Je serais le plus mal placé pour le faire. Je ne me souviens pas du nombre d'hommes avec qui j'ai couché, je sais ce que c'est que de le faire simplement pour ne pas être seul, pour oublier, se sentir vivant et désiré.

Pénitence & Réminiscence : ÉpiloguesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant