Les jours passèrent lentement. La prudence était le maitre mot et tout prenait du temps, bien trop. Il aurait préféré ne pas faire trainer ça, l'expédier et qu'ils n'en parlent plus. Hadrian aurait aimé que l'ennui soit là, mais il y avait bien trop à faire pour les occuper. Ou les siens faisaient tout pour qu'il le soit ? Difficile à dire. Son nom emplissait à présent sa vie et son esprit constamment. Les photos prises s'accumulaient sur un mur, montrant toujours plus de facettes de cet homme. Il semblait encore plus attractif après toutes ces années. À suivre son emploi du temps, Hadrian eut l'impression d'évoluer dans un monde parallèle, une sorte de vie ensemble, mais toujours avec un fossé entre eux. Comme un fan traquant ses stars préférées sur internet. C'était pour lui à la fois amer et doux. Au moins le voyait-il quotidiennement. Il ne faisait que l'observer de loin alors qu'un autre était à ses côtés et leurs complicités étaient indégnables sur beaucoup de clichés.
Et plus les jours passés, plus cette situation l'étouffait. C'était comme avoir derrière une vitre infranchissable, un verre d'eau pour un homme assoiffé.
Une pression constante, une suffocante. Était-ce le plan de Heli ? De l'enivrer pour lui donner envie de le retrouver ? Le pire était quand il restait seul. C'était toujours plus difficile pour lui d'affronter le monde sans leurs imbécilités.
Il se réveillait d'un sommeil sans cauchemar pour tomber dans un nouveau supplice éprouvant, un plus pernicieux, un empli de regrets. Un rappel de ce qu'aurait pu être sa vie.
Chaque jour où il se réveillait avant les autres, il passait bien trop de temps perdu dans sa contemplation. Était-ce ce qu'il avait vécu dans cet appartement, à s'imaginer l'avoir en face de lui ?
Et un matin, Hadrian finit par en avoir assez. Il désactiva les alarmes en place et sortit de ce qui avait tout d'un bunker.
Jorgy fut à ses côtés avant qu'il ne puisse faire trois pas dans la rue.
— Tu n'as rien à faire dehors.
— Tu y étais.
Ce fut suffisant pour voir le trouble. Il était pourtant honnête. Il avait décidé de passer à l'action parce qu'il savait qui était de garde à l'extérieur.
— Tu... commença Jorgy.
— A-t-on une voiture ? demanda-t-il.
Jorgy hocha la tête. Hadrian tendit la main et attendit.
— Hadrian, tu...
Le borgne avait appris quelque chose, c'était que moins il demandait la permission, moins on lui donnait du fil à retordre.
— La clef, Jorgy.
Il lui mit la clef dans la main.
» Tu es sûr que tu veux conduire ?
— Je suis assez bon pour conduire pour être au volant d'une jeep en pleine cambrousse et fusillade, mais pas rouler en ville ?
Jorgy sourit et le suivit. Hadrian n'eut pas l'audace de lui ordonner de partir. L'homme ne le ferait pas. Hadrian s'assit au poste de conducteur.
— Tu ne me demandes pas où l'on va ?
— Ça t'empêchera de t'y rendre ?
Hadrian échangea un regard.
— Non.
Jorgy mit sa ceinture.
— Ton angle mort est large, alors fais attention, furent ses seules remarques.
Ce fut étrange de circuler ainsi. Conduire dans cette ville. Il traversa des rues qu'il avait arpentées par le passé. Dont les détails étaient flous pour certains, clairs pour d'autre, ou les changements étaient comme marqués dans son esprit. Il n'aurait pu les nommer, mais il arpentait la rue telle une réalité parallèle où les magasins, rues, parcs étaient altérés.
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Pénitence & Réminiscence : Épilogues
RomanceVoici la fin de cette histoire aux millions de mots. Celles et ceux débarquent ici connaissent probablement l'histoire. Pas besoin de la présenter. Retrouvez vos personnages préférés pour un (ou plusieurs) arc ultime. Ceci est une romance entre homm...