Ce fut une main sur sa joue qui le réveilla. Sur Heli, accroupi devant le lit au regard soucieux. Dans un geste, Hadrian mit le doigt sur son froncement de sourcils.
— Que ferais-tu de ta vie, si tu n'étais pas là pour t'inquiéter pour moi, hein ?
Heli laissa passer un sourire, léger.
— Comment te sens-tu ?
— Comme si j'avais été mâché et recraché.
— Je voulais intervenir hier.
— J'imagine bien.
— J'aurais peut-être dû.
Hadrian rit.
— Je suis content que tu n'en aies rien fait.
— Tu as mal, déclara-t-il.
C'était vrai. Il en avait oublié cette partie-là avec le temps. Il avait été bien trop insouciant dans son adolescence. Comment avait-il pu vivre avec cette douleur au point d'enchainer les rapports ? Puis l'image d'Ilyès bougeant en lui lui revint. iEn train de fermer les yeux et savourer les sensations, proche de l'orgasme, contenant à peine ses gémissements et il sut qu'il pourrait vivre cette douleur cent ans s'il pouvait le voir ainsi à nouveau juste quelques minutes.
— C'était tellement bon, Heli... Tellement...
Il se rappelait de ses baisers, de ses caresses, de son souffle et de son regard fixé sur lui... Hadrian sentit son érection revenir, il dut calmer ses pensées.
» Je me fous si je dois passer la journée à me déplacer en canard. La semaine même.
— Es-tu heureux, Hadrian ? demanda Heli.
Son double était bien trop sérieux. Il ne put que se relever.
— Je crois que je le suis, oui.
Ça n'amena pas de paix sur son visage, au contraire.
» Heli...
Ce dernier soupira.
— Je ne l'ai pas remarqué, fit-il, contrit. Je ne l'ai pas vu. J'étais sûr que tu avais un problème et...
Hadrian mit la main sur sa joue. Il pouvait voir où il allait ainsi.
— Tu sais grâce à qui j'ai pu vivre ce que j'ai vécu hier ? souffla-t-il. Toi, toi, toi, toi et encore toi. Sans compter le fait que j'aurais fini de nourrir les vers depuis longtemps sans toi. Alors ne fait pas cette tête.
C'était dur de le voir ainsi. Heli était toujours celui qui avançait, toujours la tête haute, toujours positif semblait bien trop perdu en ce moment pour que ça ne l'affecte pas. Il posa son front contre le sien.
— Je te veux à mes côtés Heli. Ilyès ou non, ça ne changera pas.
Heli l'observa avec émotion.
» Seulement si tu le veux, bien sûr. Et j'aimerais aussi que tu mènes la vie qui te plait. Même si c'est être un ermite à jouer des jeux vidéos en haut d'une montagne. Je veux que tu puisses avoir la vie que tu souhaites. Et si c'est continuer à être à mes côtés, je ne te chasserais pas. Je ne chasserais aucun de vous. Nous en avons déjà parlé.
Heli semblait sur le point de pleurer. Hadrian se demandait réellement pourquoi il avait le droit à temps de dévotion.
— As-tu mangé ? questionna-t-il.
Heli secoua la tête.
— Mangeons alors.
Ce fut une épreuve en soi de se lever et il fut heureux de la présence de Heli à ses côtés qui l'aida à avancer. Dans un naturel qui relevait d'années à ce que Heli prenne soin de lui, il l'habilla. Hadrian apprécia un peu plus ses différentes libertés de mouvement retrouvées en trois ans. Cette prison de chair était moins étouffante et chaque souffrance en ce moment lui faisait apprécier toutes les rééducations qu'il avait faites.
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Pénitence & Réminiscence : Épilogues
RomanceVoici la fin de cette histoire aux millions de mots. Celles et ceux débarquent ici connaissent probablement l'histoire. Pas besoin de la présenter. Retrouvez vos personnages préférés pour un (ou plusieurs) arc ultime. Ceci est une romance entre homm...