Isabel Wurts entra dans le bureau situé dans son appartement dans les deux heures qui avaient suivi sa requête. Pas assez rapidement pour ne pas regretter cet instant de faiblesse.
Le temps avait laissé des marques sur cette femme, à moins que ce soit la chasse aux sorcières que Leila Hammad, une fois procureure, avait menée transformant cette psychologue réputée en un véritable paria. Isabel Wurts n'avait plus de licence pour exercer et ne fréquentait plus les beaux quartiers. La paire de lunettes semblait être la copie identique de ce qu'elle portait onze ans plus tôt. Elle restait une personne raffinée malgré sa perte de statut qui se tenait droite, dans des vêtements de luxe qui avaient connu de meilleurs jours.
— Merci d'être venu, fit Ilyès.
Ça aussi il l'avait appris avec le temps, à se conformer aux codes sociaux. La femme s'assit en face de lui, son bureau noir les séparait.
— Merci, comme toujours de me laisser le choix, grommela-t-elle. Toujours un plaisir de se faire tirer du lit à l'aube.
Ça n'avait d'aube que de noms. L'automne avait raccourci les jours, et même si sa routine commençait tôt au point d'avoir eu des réflexions, il n'était pas non plus dans l'excès, pas aujourd'hui.
» N'as-tu pas dit lors de notre dernier entretien que tu ne voulais ne serait-ce pas que je traverse ton champ de vision.
Il avait dit quelque chose dans ce style. Que pouvait-il répondre ? Il dut probablement avoir l'air aussi désespéré qu'il se sentait, puisqu'Isabel ne fit pas de commentaires supplémentaires et demanda :
— Tu continues de le voir, n'est-ce pas ?
Ilyès la fixa, serrant les dents.
» Ilyès ?
Que pouvait-il dire ? Que voulait-elle entendre ? Quel poids aurait ses paroles si quelqu'un d'autre les interceptait ? Il avait bien fait comprendre à cette pseudopsychologue que les notes ou enregistrements étaient interdits, mais qu'en savait-il ? Il faisait confiance à Niel pour avoir ramené cette femme avec la plus grande discrétion, mais il ne pouvait se permettre que des rumeurs se répandent un peu plus concernant son état mental. Pas en ce moment, pas alors que sa position n'avait jamais été aussi instable. Quoi que ? Le laisserait-on en paix, s'il était jugé fou ?
— Ilyès, je ne peux pas aider si tu ne t'ouvres pas à moi. Et je ne suis plus autant intimidée que les premières fois où je restais à me taire sans rien dire sur ma chaise jusqu'à ce que tu me chasses sans même ouvrir la bouche.
Combien de « séances » avaient été nécessaires avant qu'il n'ait le courage de prononcer un mot ? L'ancienne psychologue avait été effrayée. Par ce qu'il était devenu ou ce qu'avait été leur relation passée onze ans plus tôt, Ilyès n'avait jamais demandé.
— Je pourrais changer ça, fit-il d'un ton qu'il savait menaçant. De manière plus ou moins permanente.
Isabel Wurts fit une moue, une clairement plus téméraire que ce qu'elle lui aurait adressé au début.
— À qui pourras-tu parler, si tu me fais taire ?
— Qui te dit que je n'ai personne d'autre ?
— Le fait que je sois là ? ricana-t-elle. Avec toutes les mesures que tu prends pour nos entretiens ? Ça a pris une heure pour venir alors que nous sommes à quelques kilomètres, souleva-t-elle.
Ilyès soupira.
— Certaines précautions sont nécessaires. J'essaie autant de te protéger avant tout.
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Pénitence & Réminiscence : Épilogues
RomanceVoici la fin de cette histoire aux millions de mots. Celles et ceux débarquent ici connaissent probablement l'histoire. Pas besoin de la présenter. Retrouvez vos personnages préférés pour un (ou plusieurs) arc ultime. Ceci est une romance entre homm...