— Pour le mieux ? siffla-t-il. Le mieux ?
Ilyès baissa la tête en la secouant. Il la releva, la répulsion et l'incompréhension sur le visage. La colère toujours. Il n'avait créé qu'une seule fois un tel dégout chez cet homme. Dans cette salle de bain. Hadrian recula d'un pas.
» As-tu une...
La table devant lui fut renversée dans un hurlement. Il eut à peine le temps de regretter ses mots, qu'Ilyès s'était précipité sur lui. Quoi que, regretta-t-il vraiment, cette proximité ? Ilyès lui saisit l'avant de sa chemise, dans une violence et une envie de sang qui fut douloureuse à encaisser. Il avait été stupide d'y croire, n'est-ce pas ? Destin mon cul.
— Pour le mieux ? De me faire croire à ta mort ? Qu'est-ce que je suis à la fin, hein ? Que suis-je pour toi pour que ce soit pour le mieux que je ne te sache pas vivant ? Ça m'a détruit Lian, ça me bouffe. As-tu une idée, une seule, combien de fois j'ai priées, priées pour que tu sois en vie ? Te soucies-tu seulement de ce que j'ai pu éprouver ? De la misère que l'annonce de ta mort a créé ? Un seul message, était-ce bien trop demander, quelque chose, quoi que ce soit ? Tu aurais pu, si tu l'avais voulu, tu le sais. Je ne demandais que ça. J'ai tenu qu'avec ça
.
Il aurait dû laisser cet homme faire son deuil.
— Tu priais pour que je sois en vie et maintenant tu es en colère parce que je le suis ? lui envoya-t-il.
— Je suis en colère que tu aies osé partir sans me laisser une chance et que tu réapparaisses comme une fleur sans que tu ne sembles avoir le besoin de t'expliquer, comme si tu ne me devais rien, fit-il en resserrant sa prise sur le col de sa chemise.
Les boutons lâchèrent sous sa poigne, Hadrian, par réflexe, mit sa main droite sur la sienne, pour stopper son geste. Tout mouvement proche de son cou le ramenait toujours à cette journée où on avait tentait de l'étrangler. Hadrian ne sut sur quoi se fixa le regard d'Ilyès. Cette ligne, balafre nette autour de sa gorge, ou son annulaire droit à jamais tranché. Sa colère disparut devant ces deux marques. Ilyès le lâcha. Hadrian, d'une pudeur sans nom, cacha sa main et ferma son col de l'autre et dévia le regard. Ça n'avait pas été de sa volonté, d'utiliser ses cicatrices pour attendrir cet homme, pour le faire à nouveau sien. Ilyès bien trop doux, mais ferme, l'obligea à desserrer ses doigts de son col. Il contempla cette ligne, celle dont les siens le chambraient parfois, l'appelant Frankentein, l'émotion, même sourde, il l'entendit dans son soupir. Hadrian frissonna quand cette main effleura sa cicatrice, en fit le tour. Ses pensées ne furent pas des plus chastes. Ilyès se saisit de son autre paume, celle au doigt amputée, dont la rugosité ne dut pas lui échapper et l'observa. Devait-il lui dire que c'était de la même attaque, qu'il n'avait pas avoir cette peine deux fois ?
Son regard était si intense.
Dans un geste qu'il ne comprit pas, Ilyès souleva son haut. Hadrian s'arrêta au fait que ses doigts étaient sur sa peau. Puis qu'il le caressait. Il lui fallut un moment pour réaliser qu'il effleurait ses trois cicatrices, de cette attaque au couteau.
— Trois coups, fit-il la voix lourde.
Hadrian eut le courage de le regarder quand il releva les yeux sur lui. Les larmes emplissaient son beau regard.
» J'aurais pu te protéger... J'aurais... Si tu...
Ses mains tremblaient, comme sa voix.
— Si tu m'avais appelé, je serais venu, ajouta Ilyès.
Hadrian déglutit difficilement.
— Je sais.
La cervelle d'un des siens lui avait empli la bouche, c'était suffisant pour se dire qu'il avait fait ce qu'il fallait en ne le contactant pas.
VOUS LISEZ
Pénitence & Réminiscence : Épilogues
RomanceVoici la fin de cette histoire aux millions de mots. Celles et ceux débarquent ici connaissent probablement l'histoire. Pas besoin de la présenter. Retrouvez vos personnages préférés pour un (ou plusieurs) arc ultime. Ceci est une romance entre homm...