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Lina referma son sac tout en saluant ses nouveaux camarades. La rentrée se terminait dans une atmosphère positive. Quelques mots et sourires avaient été échangés avec des élèves tandis qu'elle avait été à l'aise dans la prise de note. Elle mis la sangle sur son épaule tout en tirant sur son sweater, le froid parisien étant déjà présent. Le soleil guadeloupéen lui manquait sans aucun doute. Pourtant, elle appréciait se retrouver dans la capitale, là où tout était, là où il était. Elle passa les portes de l'institut tout en enfilant sa capuche, ses joues rougissant face au vent. Elle n'eut à marcher jusqu'à la bouche de métro qu'un homme l'interpellait. Il était appuyée contre sa voiture, camouflé par une veste sombre et une casquette. Elle n'eut besoin de se rapprocher pour le reconnaître alors elle se dirigea immédiatement vers lui.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Elle ne put retenir son sourire lorsqu'il jeta sa cigarette tout en se décollant du capot, prêt à l'enlacer d'un bras.

« J'viens te raccompagner, t'as plus de voiture. » L'embrassade fut plus longue que nécessaire et Lina le repoussa légèrement d'une main tremblante. « Et j'voulais savoir comment ta journée a été. » Lorsqu'il lui ouvrit la portière, elle ne put retenir son étonnement en voyant un sac plastique sur le siège.

Elle ne perdit pas de temps pour s'installer et l'ouvrir. « Des frites ! » Elle sentit l'intérieur comme si c'était une ligne de coke. « Tu me connais beaucoup trop. » Il pouffa tout en démarrant, lui ordonnant de s'attacher. « Merci. » Elle attrapa une poignée pour l'engouffrer.

« Essuie pas tes doigts sur mes sièges. » Il fronçait les sourcils tout en l'épiant. Elle leva les yeux au ciel tout en tendant des frites devant lui. « C'est les tiennes, mange-les. »

« Allez, c'est meilleur quand on partage. »

« T'as mangé ce midi ? » Il céda malgré tout mais grogna lorsqu'elle secoua négativement la tête. « T'es relou, c'est dingue. »

Elle préféra l'ignorer, se renfrognant dans son siège tout en dévorant la barquette. Toutefois, elle prit plaisir à lécher ses doigts bruyamment, laissant Mathieu pantois sur le parking, devant la résidence de Lina. Elle brisa la tension en chiffonnant le sac dans une boule avant de lui jeter. Il jura tout en commentant la propreté de sa voiture et du gras transpirant sur le papier. Finalement, l'absence de réponse de la brune le fit se taire.

« Merci de m'avoir ramenée et encore plus pour les frites. » Elle attrapa la poignée tout en restant figée. « Qu'est-ce qu'on est entrain de faire ? »

« Si je devais compter le nombre de fois où tu m'as dit ça... »

«... parce que tout ça, c'est n'importe quoi depuis le début. Tu l'as dit toi même. »

« Je l'ai dit quand j'étais bourré. » Elle quitta la portière pour se retourner. « Tu peux pas retenir ce que je disais pendant cette période là. »

« Sauf que j'étais bien là et j'ai bien entendu tout ce que tu m'as dit, crois-moi. » Il ne répondit pas, baissant seulement les yeux sur ses poings abîmés par les sacs de boxe. « Moi j'ai tout fait pour ne pas te faire payer mes traumas. Toi t'as fait l'inverse. » Il arracha une croûte en même temps qu'elle claquait la porte.

« Putain. » Il sortit à son tour, la suivant alors qu'elle faisait des grandes enjambées pour s'éloigner de lui. « Attends. Lina putain, attends ! »

« Quoi ? » Elle se retourna brusquement, les bras écartés et les émotions au bord des yeux. « Qu'est-ce que tu veux ? » Il resta bouche bée, il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait. Tout ce qu'il savait c'est qu'il ne voulait pas qu'elle disparaisse. « Je ne t'aime plus. » Elle baissa les yeux et Mathieu ne sut dire si c'était parce qu'elle mentait ou parce que la vérité était beaucoup trop violente. Il dut déglutir pour avaler l'information avant d'acquiescer. « Nous deux, c'est trop compliqué, trop... trop de raté, de faux départs, de traumatismes. »

« J'sais. Mais t'es Lina et j'suis Mathieu. » Il s'approcha et elle l'imita jusqu'à ce qu'il ne soit qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. « Et même quand t'es pas là, t'es dans ma tête tout le temps. J'ai envie de personne d'autre. »

« Envie ? » Elle souriait malgré tout. « Envie de quoi ? D'amour ou de sexe ? »

« Des deux. » Il attrapa son menton entre son pouce et son index pour relever son visage. « Mais t'inquiète, j'ai clairement entendu...plus de sentiments. Mais pour le reste, tu restes ancrée dans ma tête alors j'sais pas... » Il caressa ses lèvres puis attrapa sa nuque pour y toucher les mèches de cheveux tombées de son chignon. S'il ne pouvait  pas avoir son cœur, il pouvait peut-être apaiser ses maux avec son corps. « On pourrait se dire qu'on profite jusqu'à ce qu'on tourne la page ? »

« Qu'est-ce qui te dit que moi, j'ai pas déjà complètement tourné la page ? »

« Par la manière dont tu t'accroches à mon bras. » Il disait vrai, Lina serrait de toutes ses forces son avant-bras pour être sûre qu'il continue ses tendresses dans son cou. « Ou la manière dont tu me regardes comme si t'attendais juste que je te prenne. Tu peux dire que tu ne m'aimes plus mais pas que tu n'as pas envie de moi. »

« Plus de sentiments, plus d'engagements. » La main de Mathieu glissa dans le bas de son dos pour la rapprocher un peu plus. « Juste toi et moi pour se sentir bien. »

« Exactement. » Il frôla ses lèvres avec les siennes.

« On doit être honnêtes. Si l'un de nous voit quelqu'un d'autre, on arrête. »

Il voulait lui dire que de son côté, ça n'arriverait pas. Toutefois, cela voulait dire réaffirmer ses sentiments amoureux et remettre en question leur nouveau pacte. S'il fallait, il se suffirait d'une minime partie de Lina, rien que pour ne pas être sans elle, encore une fois. C'était ça ou rien et Mathieu se sentait incapable de s'y projeter. Il savait que le risque de finir briser et irrécupérable était grand, pourtant, alors qu'elle l'embrassait tendrement, il se moquait bien d'être piétiné.

« Tu me montres ton nouvel appart ? »

« Il est encore plus nul que mon premier. » Il posa sa bouche contre sa tempe puis son front de manière protectrice. « Mais c'est tout ce que je peux m'offrir. »

« J'suis sûr qu'il est parfait. »

Elle entrelaça leurs doigts maladroitement pour le guider jusqu'à son studio. Elle n'avait pas tort, il était minuscule et à la limite de l'insalubrité. Néanmoins, Mathieu n'eut le plaisir de l'évaluer, se précipitant seulement sur Lina, impatient de la retrouver..

« J'suis déjà ravi de ce pacte. »

« J'vais encore plus aimer finir les cours si tu viens me chercher à chaque fois. »

« Pour les frites, le trajet ou les baises ? »

« J'hésite... » Ils étaient déjà nus l'un contre l'autre, beaucoup trop avides pour prendre leur temps. « Les trois ? »

« Tu vas sûrement changer d'avis rapidement. Tu n'auras qu'un truc en tête »

« J'ai confiance en toi. »

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant