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Cette histoire est vraiment ma bouée en ce moment.

Lina ouvrit la porte du studio de Mathieu, son téléphone à la main pour lui montrer sa discussion avec Inès. Celle-ci lui avait raconté son échange avec Lucie et c'était amoindrir ses sentiments que de dire qu'elle était tourmentée. Il retira son casque avant de s'appuyer contre le dossier de son fauteuil. À son simple regard, il savait qu'elle était au courant. Il n'avait gardé qu'un seul non-dit à son encontre, espérant qu'il ne sorte pas, mais bien entendu, c'était sans compter sur sa chance habituelle.

« J'peux tout expliquer, Lin'. »  Elle ria jaune comme si aucune explication ne pouvait être suffisante. « D'abord, t'es en colère parce que j'ai rien dit ou parce que j'ai rien fait ? »

« T'es sérieux ? »

Il leva les mains en l'air. « Je demande c'est tout. » Il souffla tout en secouant la tête, pensant égoïstement à ce son qu'il devait terminer dans les temps. Antoine lui mettait la pression et il n'arrivait pas à avancer, sa vie personnelle encombrant tout son esprit. Tout ça à cause de Lucie. Il n'en pouvait plus. « Tu peux pas m'en vouloir de lui avoir dit d'aller à la police. Qu'est-ce que j'étais censé dire ? Que j'allais m'en charger ? J'te rappelle que j'ai failli crever à cause de Ben et je refuse de prendre des risques pour elle. Elle est pas toi. Elle n'est rien pour moi. Je la déteste depuis toujours. »

Lina croisa ses bras devant sa poitrine, sa colère descendant d'un cran. Il n'avait pas tort et elle l'aurait haït s'il avait pris un quelconque risque. Néanmoins, il avait menti et n'avait pas essayé de protéger Lucie en l'isolant. « T'aurais pu lui demander de venir ici... »

« ...Tu te fous de moi ? » Il passa une main rageuse dans ses cheveux avant de s'allumer une cigarette. Il ne voulait pas lui crier dessus, ni envenimer la situation. Il y a encore quelques heures, il lui demandait sa main. « Merde Lina, je te rappelle qu'elle t'a insultée, traitée de menteuse, poussée dans la piscine... Elle a essayé de nous séparer. T'as besoin de quoi d'autres pour la détester ? »

« Elle a tué Marcus et ça m'a protégée. »

« Elle l'a tué parce qu'elle était jalouse. Elle l'a dit elle-même. » Il inspira sur sa clope comme si sa vie en dépendait. « J't'en supplie, j'aime ton innocence mais là, ça devient complètement aberrant. » Il attrapa son paquet pour s'en allumer une autre mais Lina s'approcha pour le lui prendre. Il avait su réduire depuis son hospitalisation et il était hors de question qu'il reprenne ses anciennes habitudes à cause d'une dispute. « Lucie n'a jamais été ton amie. Rentre toi ça dans le crâne. »

« C'est blessant. » Elle secoua la tête. « Même si vrai. Admettons. Mais tu m'as pas dit qu'elle avait appelé alors que c'est grave, Ben veut toujours se venger. Il cherche à savoir où on est. »

« Mets-toi à ma place. J'veux qu'on avance et cette meuf nous fait stagner ou pire reculer. J'voulais pas que tu ressasses ou que tu culpabilises comme t'es entrain de le faire. Et t'es en sécurité ici. » Il se pinça les lèvres. « J'suis désolé. J'voulais faire au mieux pour toi, pour nous. Désolé, bébé. Désolé que tu te sentes trahie mais pour le coup, j'ai vraiment fait ça pour toi et si ça c'était passé comme je le voulais, t'aurais jamais eu à supporter cette nouvelle. Parfois, c'est mieux que de savoir. Nan ? »

« Pourtant, toi, tu détestes ne pas connaître la vérité, même si elle est difficile à entendre. Et tu sais que je suis pareille. » Elle quitta le mur pour s'approcher de lui, s'appuyant contre le bureau. Il en profita pour se décaler et l'entourer de ses genoux, n'initiant pas d'autres contacts. « Je ne veux plus que tu me protèges comme ça. C'est comme ça qu'on finit blessé. » Elle caressa ses cheveux, appréciant toujours autant qu'il leur laisse un peu de longueur ces derniers temps. « Mais on ne la laissera pas nous séparer. Si elle se dit aussi honnête, alors, elle ira voir la police. » Il acquiesça, les paupières closes, et elle en profita pour poser ses lèvres tendrement contre son front. « Et si elle tient à nous, elle le fera et elle nous protègera. »

« N'y crois pas trop, s'il te plaît. Je n'ai pas envie que tu sois déçue. »

Elle acquiesça tout en pinçant les lèvres, consciente qu'elle allait y croire malgré tout. Mathieu attrapa sa main pour jouer avec ses doigts jusqu'à les entrelacer avec les siens. De son pouce, il joua avec la bague sur son annulaire avant d'y déposer ses lèvres. Depuis qu'elle la portait, il ne pouvait se retenir de la toucher ou de l'embrasser comme si cet anneau était le précieux. Et Lina adorait ça. Elle adorait son regard amoureux en voyant ce simple bijou tout comme elle adorait sa signification. Ils avaient tout deux décidé, officiellement, de se donner l'un à l'autre jusqu'à la fin de leurs jours, dans les bons comme dans les mauvais moments.

« Je t'aime. » Mathieu quitta le doré pour ses yeux. « Je t'aime tellement. »

« Et moi encore plus. Dispute terminée ? »

« Oui. Est-ce que je peux m'installer à côté de toi ? » Il acquiesça et il tira le fauteuil à sa gauche, éloigné de la porte. Elle s'installa alors et il se leva, quittant la pièce quelques secondes pour prendre un plaid du salon. Il la recouvrit et l'embrassa. « Merci, promis, je te déconcentre pas. J'ai juste envie de rester un peu avec toi. »

« Et j'adore ça. »

Il attrapa son pied pour la faire approcher avant de reprendre son travail, pianotant sur l'ordinateur. Lina le regarda faire, vaguement, préférant l'observer lui plutôt que l'écran. Finalement, elle ne tarda pas à fermer les yeux, écoutant la boucle en fond ainsi que les vers qu'il écrivait. Puis son attention diminua au fur et à mesure qu'elle se sentit en sécurité et confortable, jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
Mathieu ne se rendit pas compte immédiatement qu'elle dormait. Néanmoins, lorsqu'il le fit, il se sentit fondre sur place. Elle était recroquevillée dans son fauteuil,sous son plaid, le visage apaisé. Il en profita pour travailler jusqu'au matin mais surtout de commander le plus confortable des canapés disponibles rapidement.

Vers six heures du matin, il se décolla du siège pour chercher du café et un sachet de pains au lait. Il installa les mugs sur le bureau et ses baisers ainsi que l'odeur de la boisson la réveillèrent. Elle attrapa sa nuque pour approfondir le baiser.

« Salut. »

« Salut princesse. Bien dormi ? » Il reprit place dans son fauteuil puis lui tendit une des tasses ainsi qu'un petit pain. « Mange un peu. »

« Il est quelle heure ? »

« Un peu plus de sept heures. » Elle fit les gros yeux, surprise. « J'ai dormi huit heures. » Elle se pinça les lèvres pour retenir un sourire tandis que lui, ne cachait aucunement son contentement. « Il fallait seulement que je sois avec toi, à entendre ta voix dans mon sommeil. »

« Apparemment. » Il attrapa un de ses pieds pour lui masser. « Du coup, je t'ai acheté un canapé confortable. On sera livré dans deux jours. »

« T'es dingue. »

Il tira sur sa cheville pour coller leurs fauteuils. « De toi. » Il passa une main sous ses yeux. Elle avait légèrement le visage bouffi d'avoir dormi et il la trouvait adorable, surtout quand son sourire lui faisait plisser les yeux. « Je ferai tout pour toi et j'adore t'avoir près de moi. J'ai été super productif. »

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant