Phœnix Souls [PLK]

16

J'espère que ça vous a plu ces quelques jours. J'essaye de le faire plus souvent.
Merci pour les votes et les commentaires qui me font vraiment sourire.

Lorsque Lucie avait reçu l'appel de Mathieu, elle n'avait pu retenir sa surprise. Ils n'avaient jamais été amis, c'était même plutôt l'inverse. Il ne l'avait jamais comprise tandis qu'elle n'avait jamais voulu prendre la peine de s'expliquer. Pourtant, lorsqu'il s'agissait de Lina, les deux semblaient faire la meilleure paire possible.
Elle entra dans la voiture, garée à quelques pas de l'appartement de la brune. Elle ne put retenir son étonnement en le voyant ici, épiant la fenêtre les yeux brûlés par la folie.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? » Elle regarda à son tour le bâtiment. Toutefois, son regard était vague car contrairement à lui, elle n'avait aucune idée où était celui de Lina. « Mathieu, qu'est-ce que tu fais ici à cette heure ? »

« Si j'te réponds, tu dois répondre à une de mes questions. » Elle acquiesça, sans manquer de redouter. Il avait toujours tendance à être trop franc. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait été blessée par ses propos. Mais c'est pour ça aussi qu'elle arrivait à l'apprécier. Il n'y avait jamais eu de faux semblants. « Je veux juste m'assurer qu'elle va bien, qu'elle est en sécurité. »

« En l'épiant à sa fenêtre ? »

« En surveillant Ben. » Elle hocha la tête. Après tous les traumatismes par lesquels ils avaient passés, Lucie comprenait. Elle aurait même aimé avoir un Mathieu s'assurant que rien ne lui arriverait plus. Elle n'avait jamais eu sa personne, celle dont on ne doute pas, celle qu'on aime sans retenue. À la place, elle se retrouvait seule, le passé marqué par la douleur et l'horreur tandis que son futur s'annonçait solitaire et riche d'épreuves maternelles. « Qui est enceinte ? » Elle n'essaya pas de lui mentir, se pointant du doigt tout en rougissant. Il acquiesça tout en se frottant la nuque, soulagé de ne pas avoir créer une version miniature de lui-même. « Comment tu te sens ? J'sais pas si j'dois te féliciter ou non. » Elle resta silencieuse, n'ayant elle-même aucune idée. « Il te faut peut-être un peu de temps, c'est compréhensible. Quoi que tu fasses, tu as construit une famille ici. » Elle ne put se retenir de penser qu'elle entendait Lina à travers ses mots. « Enfin, nous deux on est genre des cousins...éloignés qui se supportent pendant les repas de famille ? » Il la dérida suffisamment pour qu'elle pouffe discrètement. « Mais sans rire, t'es comme une sœur pour Lina... alors si t'as besoin, tu peux compter sur moi. »

« Merci. » Il se frotta la barbe tout en se renfrognant dans son siège. Ben sortait de la résidence. Il marchait vite tout en regardant les alentours, effrayé par les ombres. « Il part déjà ? C'est la deuxième fois qu'il fait ça. »

Mathieu alluma le moteur, prêt à le suivre. « Attache-toi. » Il la regarda quelques secondes, percutant seulement ce qu'elle venait de dire. « Comment ça, c'est la deuxième fois ? »

« Le... L'autre jour, il l'a embrassé... et... puis il a regardé son téléphone. Lina a dit qu'il avait reçu un message et qu'il avait trouvé cette excuse pour prendre la fuite. »

« Ils ont couché ensemble ? »

Elle secoua la tête et il souffla de soulagement. Il aurait été capable de descendre de la voiture pour le tuer sur place si c'était le cas. Jamais il ne supporterait qu'ils se passent quelque chose entre eux. Il s'effondrerait, sans aucun retour, il n'y avait aucun doute. Lucie lui jeta un regard perplexe. Elle savait très bien l'attachement qu'il avait pour elle et s'imaginait un instant qu'ils pouvaient prendre des chemins séparés l'effrayaient tout autant. Mais ce qu'il l'effrayait le plus, c'était que Lina se retrouve sans lui.

Ben démarra enfin et ils le suivirent discrètement. Mathieu fronçait de plus en plus les sourcils et serrait son volant jusqu'à ce que ses articulations deviennent blanches. Quelque chose n'allait pas. Elle tenta à plusieurs reprises de l'interpeller mais rien n'y faisait, il semblait obnubiler par la route que prenait le jeune homme. Finalement, Lucie commença à reconnaître les rues et les bâtiments.

« Qu'est ce qu'il vient faire ici ? » Il n'eut le temps de répondre que deux voitures se mirent à les suivre à son tour. « On est suivi ! Fais demi tour ! »

« J'ai vu. Calme-toi, ça va. C'est rien. » Sauf que ce n'était pas rien. Il se fit vite rattraper tandis que Ben s'éloignait, inconscient de ce qu'il se tramait derrière lui. Une des voitures passa devant pour les bloquer et Mathieu n'eut autre choix que de s'arrêter, en plein milieu de la route comme si ses hommes étaient les rois. « Ne dis rien. Laisse-moi faire. »

Il ouvrit sa fenêtre, passant ses mains pour montrer l'absence d'armes. Il agissait comme s'il croisait la police. Pourtant, ce n'étaient pas eux qui géraient cette partie de la ville. Plus depuis des années, mais bien ses hommes. Quatre d'entre eux approchèrent, des armes tenues et une casquette pour camoufler leurs visages. Néanmoins, Mathieu n'avait pas besoin de voir leur face pour savoir qui ils étaient. Il avait eu à faire à eux un nombre incalculable de fois, jusqu'à même recevoir leur lame contre son torse.

« Salut Polak. » Un des garçons tapa son pistolet contre la portière tout en s'y penchant pour regarder le blond. « Ça fait longtemps. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es perdu ? »

Un autre s'installa du côté passager, éclairant avec son flash le visage rempli de larmes de Lucie.
Et c'est là où tout bascula.
Mathieu le sentit à l'attitude des hommes. Ils semblaient bien plus en colère presque comme des hyènes, criant à plein poumons de sortir de la voiture. La jeune femme allait suivre leurs ordres, effrayée mais il l'empêcha, attrapant son bras avant de lui offrir son regard le plus rassurant. Alors, elle s'enfonça dans son siège pour laisser sa confiance entre les mains du conducteur. Ils commencèrent à actionner de toute leur force les poignées. Lucie, en pleure, les suppliait d'arrêter, tenant inconsciemment son bas ventre pourtant encore plat. Cette image fut de trop pour Mathieu qui accéléra, pied sur le plancher, évitant de peu de percuter une des voitures tandis qu'un homme se jetait sur le côté pour ne pas être renversé. Il fila à toute allure dans les rues, changeant d'orientation sans réfléchir, espérant devenir introuvable.

« Lucie, putain, calme-toi ! » Il s'arrêta quelques minutes plus tard dans une ruelle. « Il faut que tu respires ! C-C'est pas bon pour ton bébé autant de stress, calme-toi ! »

« Mon bébé. » Elle le regarda les yeux ronds, réalisant que Mathieu avait posé sa main sur la sienne, elle-même toujours sur son ventre. « Il faut que je le protège. » Il quitta son contact tandis qu'elle respirait profondément. « Et toi, il faut que tu protèges Lina. » Il acquiesça, les lèvres pincées. « Qu'est-ce que Ben foutait ici ? Dans l'ancien quartier de Marcus ? »