Phœnix Souls [PLK]

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Face à son manque de réaction, Mathieu attrapa l'arrière de ses cuisses pour la porter complètement, oubliant sa propre douleur au creux de son ventre. Il ne prit pas la peine d'informer les autres avant de partir à l'intérieur et s'isoler à l'étage. Il la reposa sur le bord de la baignoire avant de la quitter pour prendre des vêtements. Il n'hésita pas une seconde pour choisir, sachant très bien que les siens seraient bien plus réconfortants pour elle. Lorsqu'il revint dans la salle de bain, il ne put manquer Lina qui claquait des dents tout en serrant de toutes ses forces ses poings. Il ne faisait aucunement froid et il se demanda un instant si l'anxiété pouvait avoir un tel effet. Puis, il se rappela que Marcus avait tenté de la noyer à plusieurs reprises et que sans la présence de lui et de ses amis cet après-midi, cela aurait pu arriver. Et Lucie le savait en la poussant de toutes ses forces, à plusieurs mètres de la piscine, espérant qu'elle y chute. Une montée de colère fit tendre ses muscles.

Il lui retira son kimono puis son maillot de bain, essayant tant bien que mal de ne pas intensifier ses flashbacks. Il lui mit un boxer et son pull préféré. Puis, voyant son immobilité, il en profita pour se changer aussi, retirant ses pansements humides de l'avoir portée. Il enfila un t-shirt, non sans grimacer lorsque le tissu entra en contact avec ses cicatrices. Toutefois, son malaise s'éteignît rapidement lorsqu'il vit sa petite amie, toujours silencieuse. Il n'eut le temps de la supplier de parler, de pleurer ou au moins d'émettre un son que l'on toquait à la porte.

« C'est Inès. » Il entrouvrit la porte et elle essaya de voir derrière sa carrure. « Comment elle va ? » Il haussa les épaules, ne sachant quoi dire, lui même étant incapable d'évaluer l'étendue des dégâts. « Je t'ai emmené de la glace pour sa cheville. » Elle lui tendit un sac plastique remplit de glaçons. « Il est temps qu'elle voit un médecin pour ça, d'ailleurs. Sans ce problème, elle ne serait peut-être pas tombée... »

«...Merci. » Il lui coupa la parole, n'ayant aucunement besoin de l'entendre déblatérer et déverser son propre stress. De plus, il n'avait aucune envie de se rappeler qu'elle se l'était cassée puis tordue encore une fois suite à ses rejets.

« Lucie et Luisa partiront dans quelques heures. Elle aimerait savoir si Lina va bien. Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ? »

« Qu'elle peut aller se faire foutre. »

« Elle a supprimé les photos qu'elle a publié. »

Il souffla. « Et ? Une fois publié, c'est trop tard. La vidéo de mon agression tourne encore sur le net comme si c'était hier. À cause d'elle, la haine contre Lina va se raviver. On lui faisait confiance. On a pardonné beaucoup trop de choses mais là, ça va trop loin. La chute de Lina aurait pu être bien pire. » Il regarda derrière lui, la brune n'avait toujours pas bougé. Il se demanda même si elle les entendait. « Je ne veux plus la voir près de nous. Je crois qu'on a suffisamment vécu de galères sans avoir des personnes nocives pour en rajouter. On est venu ici pour tourner la page et on peut pas le faire avec des gens comme ça. » Inès acquiesça, n'ayant aucun argument. Elle avait toujours eu de la compassion pour Lucie et son histoire, seulement, tout avait des limites. « Tu peux lui dire que si elle essaye de s'approcher de Lina, j'irai voir les flics pour le meurtre de Marcus. »

« Si tu as besoin de quelque chose, tu m'envoies un sms. »

Il acquiesça et elle laissa les deux protagonistes ensemble, sachant très bien que tout ce dont avait besoin la brune était son petit ami. Par ailleurs, il se retourna vers elle. Elle était toujours figée, se bataillant beaucoup trop dans sa tête pour faire un quelconque mouvement. Lucie l'avait non seulement trahie mais avait utilisé ses faiblesses pour l'anéantir. Ainsi, elle était maintenant coincée dans une rétrospective cauchemardesque. Elle pouvait sentir les mains de Marcus sur elle ainsi que l'eau envahir ses poumons. Son cœur non plus n'était pas épargnée par le deuil qu'elle devait faire de son amitié mais aussi de son amour pour Luisa.

Mathieu la porta une nouvelle fois pour l'allonger dans le lit. Il s'installa à ses côtés, se blottissant contre elle tout en embrassant sa pommette. Il espérait que son contact enveloppant lui permette d'émerger et de faire face à ses propres pensées.

« Je suis là, princesse. » Il entrelaça leurs doigts d'une main et caressa ses cheveux de l'autre. « Je reste avec toi. » Elle reprit enfin vie, se retournant pour se recroqueviller contre lui. En réponse, il la serra un peu plus contre lui. « Ouais, t'as raison, c'est bien mieux comme ça. » Il caressa son dos inlassablement, espérant qu'elle se détende. « Si seulement je pouvais te protéger du monde entier, te garder là, au creux de mes bras pour toujours. »

« J'suis désolée d'avoir donné autant de chance à Lucie. »

« Ne t'excuse pas d'être une bonne personne. »

« Je me suis fort tordue la cheville. » Il grimaça tout en jetant un coup d'œil, il avait oublié la glace dans la salle de bain. Œdématiée, celle-ci avait pris une couleur violacée douteuse. « J'ai vraiment cru me noyer. » Il ferma les yeux tout en embrassant ses cheveux. Il avait envie de vomir ses tripes en entendant la souffrance au fond de ses mots. « Je pouvais sentir les mains de Marcus sur ma tête pour me tenir dans l'eau. Et même quand Peli m'a sortie, j'avais toujours l'impression d'étouffer.  Tu crois qu'un jour, plus rien ne me ramènera à lui ? »

« Je crois qu'un jour, la douleur s'estompera et les souvenirs seront moins vifs et ancrés sous ta peau. Mais je ne pense pas qu'on puisse oublier. »

« Je ne verrai pas Luisa grandir. J'pensais que du positif ressortirait de cette histoire. » Il s'éloigna légèrement pour pouvoir la regarder. Il passa une main contre sa mâchoire pour relever son visage et croiser ses prunelles. « Mais rien de positif peut en ressortir. »

« Alors il est temps de clôturer cette histoire et commencer une nouvelle ici. » Il vagabonda entre ses yeux et ses lèvres tandis qu'elle ne cachait pas son envie de l'embrasser, humectant sa bouche tout en regardant la sienne. « Que le passé aille se faire foutre. Tu vaux mieux que ça. » Il l'embrassa enfin et elle tira sur sa nuque pour être certaine qu'il n'arrêterait pas avant qu'elle n'ait une chance d'approfondir le baiser. Alors, il murmura contre ses lèvres. « Je suis impatient de vivre ce présent et ce futur avec toi et d'en goûter chaque seconde. »