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Mathieu caressa du bout des doigts l'écrin, tant apaisé par le velours que nerveux par ce qu'il contenait. Il avait essayé de trouver une idée romantique pour lui demander sa main mais rien ne lui venait et les idées sur internet étaient vraiment trop niaises à son goût. Alors, il s'était décidé à faire quelque chose de simple, naturelle, comme eux deux.
Il retira la main de la poche de son pantalon pour reprendre une gorgée de son eau. Lina discutait de banalités, plus pour elle même pour que pour lui en le voyant peu concentré. Tout le repas s'était déroulé ainsi, lui, incapable de penser à autre chose, elle, jouant avec la nourriture de son assiette tout en divaguant sur des sujets et autres.

« Je t'aime. » Il s'était presque écrié, coupant la parole à la brune qui lui fit les grands yeux puis regarda les alentours avant de s'assurer qu'aucun autre clients ne les prenaient pour des fous. Il baissa la tête pour reprendre une certaine assurance. « Je t'aime tellement. » Il attrapa sa main et elle fut étonnée de sa moiteur. « Je t'aime de fou depuis toujours...et... »

« Mat, qu'est-ce qu'il y a ? » Elle se pencha en avant tout en chuchotant. « Tu me fais peur. »

« On en a déjà parlé un million de fois... et je pense que si je cherche, je ne trouverai jamais un moment idéal parce que ça sera jamais assez parfait pour toi. Mais quand mamie est venue et après quand j'ai parlé avec Maes... j'ai... je veux plus attendre... » Il se libéra pour fouiller dans sa poche mais à peine il eut le temps de sortir la boîte que Lina fixait le portable de Mathieu sur la table. « Laisse sonner. »

« Bebe... C'est Enzo. »

« Putain. » Il répondit néanmoins. « Allo ? » L'agacement de Mathieu s'effondra en entendant son petit frère en sanglot. Il pleurait si fort qu'il ne comprenait aucun mot. « Enzo, je capte rien de ce que tu dis. Qu'est-ce qui se passe ? »

Lina serra plus fort sa main, les larmes déjà aux yeux, d'appréhension. Le blond acquiesça, son visage se décomposant au fur et à mesure qu'il entendait les explications du garçon. La jeune femme leva sa main pour demander l'addition, repoussant son assiette sur le côté. Impatiente, elle se leva finalement avec son sac pour payer directement au comptoir. Mathieu avait suivi son geste, se mettant debout tout en tenant sa carte bancaire qu'elle refusa. Ils se rejoignirent tout deux lorsqu'elle eut payée. Il avait déjà raccroché et même s'il se retenait, elle pouvait voir qu'il était au bord des larmes.

« Il faut que j'aille sur Paris, mamie est tombée en sortant de son club de retraités. Elle s'est cassée le poignet. »

« Je viens avec toi. » Il déverrouilla la voiture, prenant le temps de lui ouvrir la portière malgré qu'il soit pressé.

« Hors de question bébé. Paris est trop dangereux. On en a parlé un million de fois pour la tournée. C'est trop tôt. » Elle essaya de protester mais il reprit. « Et je sais déjà que tu vas dire qu'on aurait jamais dû partir, que c'est de ta faute si on est loin, et je te retiens de suite, ça n'a rien à voir. » Elle se pinça les lèvres, touchée, il avait raison. Néanmoins, il était hors de question qu'elle n'aille pas avec lui.

« Je vais te dire, Pruski, je t'emmerde. Hors de question que je ne vois pas mamie. » Elle le pointa du doigt, son index frappant son torse. « Soit je viens avec toi, Mathieu, soit je prends moi-même un avion, tu entends ? Je déconne pas. S'il y a bien une personne pour qui je le ferai, c'est elle. » Il ferma les yeux, la mâchoire serrée d'émotion. « Rappelle-toi que je suis sortie d'une voiture en marche pour toi. Je ferai la même chose pour elle. » Elle embrassa sa joue avant de murmurer. « Je t'aime bébé mais tu peux pas me retenir enfermée dans un château. »

« Pourtant, t'es ma princesse. » Elle ricana doucement tandis qu'il essayait d'alléger le conflit. « Je sais que je ne peux pas, j'suis désolé, ça m'inquiète. » Elle entra dans la voiture et il fit le tour pour prendre le chemin de la maison. « D'accord, on y va ensemble. » Elle attrapa sa main. « J'ai bien aimé comment tu m'as disputé. » Elle fronça les sourcils, tout en le regardant, amusée et confuse. « Ça veut dire que tu n'as pas peur de moi, pas vrai ? »

« Je n'ai jamais eu peur de toi. »

Il ne répondit pas mais amena leur lien sur sa cuisse pour la garder près de lui. Lorsqu'ils entrèrent dans la maison, Mathieu quémanda à Lina de faire leurs bagages tandis qu'il appelait pour avoir un jet rapidement. Néanmoins, aucun argent , ni aucune réputation ne pouvait faire décoller un avion privé en quelques heures. Et malgré, sa colère, il n'eut aucun transport avant tard dans la nuit. Mais, heureusement, il n'eut à peine le temps de se morfondre dans son inquiétude qu'il se faisait happer dans les bras de Lina.

« Il nous faut attendre quatre putains d'heures avant de décoller. »

« Est-ce que c'était un accident ? » Il se recula pour la regarder. « Désolée mais je peux pas m'empêcher de penser au pire. » A sa propre verbalisation de ses pensées, Lina rejeta un sanglot affreux. « Merde putain bébé, imagine. Imagine si c'est à cause de cette histoire, à cause de moi. »

« Je t'arrête tout de suite. Ça sera à cause de ces putains de tarés. »

Il embrassa ses lèvres, tant pour la rassurer que pour cacher ses propres larmes. Toutefois, dès lorsqu'elle sentit leur goût, elle s'éloigna pour essuyer ses joues, s'attardant sur ses pommettes rasées. Elle lui déboutonna sa chemise tout en papillonnant sur sa mâchoire pour le détendre. Elle passa ses doigts sur ses pectoraux puis ses abdominaux. Ses tendresses l'aidèrent à sortir de sa torpeur et il joua avec les bretelles de sa robe.

« Qu'est-ce que tu veux faire ? Dormir ? Regarder la télé ? Aller dans le studio ? On peut même déjà aller à l'aéroport si tu préfères attendre là-bas ? » Elle leva la tête pour croiser son regard. « Dis-moi. »

« J'en sais rien. »

« Alors, viens, on va essayer de se reposer. »

« J'arriverai pas à dormir, Lin. »

Elle attrapa néanmoins sa main pour l'emmener dans la chambre. Elle retira sa propre robe pour enfiler une tenue confortable et il fit de même. Elle s'allongea, l'invitant en tendant ses bras. « Viens. » Il acquiesça, s'allongeant à ses côtés tout en posant sa tête contre sa poitrine. Elle caressa son dos et sa nuque, espérant que son contact le détende. « Je t'aime. Dans les bons moments comme dans les compliqués. J'suis là. »

« Je ne l'oublierai pas. »

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant