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Dès lors que Mathieu s'arrêta sur le parking de son bâtiment, il attrapa la main de Lina pour la retenir de sortir. Il lui fallait analyser l'environnement et la nuit n'aidait clairement pas.
Finalement, il éteignit le moteur tout en suppliant la brune d'attendre qu'il fasse le tour. Elle aurait aimé le détendre avec une blague, peut-être même imiter un espion tant il était excessif mais son attitude fermée et dure ne lui permit pas. Ce n'était vraiment pas le moment d'alléger l'ambiance alors elle se laissa guider, enfilant sa capuche avant qu'elle ne trottine derrière lui. Neanmoins, même si elle ne s'était pas plainte de l'aéroport à ici, la montée des escaliers fut de trop.

« Tu comptes me tuer ? » Il se retourna pour la regarder. « J'te rappelle que j'ai des petites jambes. » Il lui indiqua d'un geste de passer devant. « Trop aimable. » Il secoua la tête avant de taper les fesses de Lina. Certes, il était angoissé mais il restait lui-même. Lina pouffa, se détendant à son tour avant d'accélérer dans les marches pour éviter ses mains.

« Voilà, il fallait seulement te donner une fessée pour que t'avances plus vite. »

Ils arrivèrent finalement à l'étage des Pruski et perdirent leurs sourires au même moment. Mathieu toqua brutalement contre le bois sous le regard noir de Lina. Il était beaucoup trop tard pour se permettre d'agir comme la bac. La grand-mère ouvrit, son poignet dans le plâtre et la pommette bleutée. Pourtant, elle gardait sa bonne humeur chaleureuse malgré l'heure plus que tardive. Du moins, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'ils venaient de Corse et que la jeune femme prenait des risques importants à être ici.

« Mais qu'est-ce que vous faites ici, bon sang ? » Elle les fit entrer rapidement et verrouilla la porte derrière elle. « Vous êtes complètement inconscients ! »

« On était inquiet. On avait besoin de vous voir. » Lina se pinça les lèvres, timide.

« Mais je vais bien ! » Elle secoua la tête tout en se dirigeant vers la cuisine pour leur servir une boisson chaude mais ils refusèrent. Il était tard et ils souhaitaient seulement passer en coup de vent pour s'assurer que tout allait bien avant de rejoindre l'hôtel. « Vous êtes pas possible tous les deux, vous faites vraiment la paire. » Elle grommela dans son coin tout en cherchant dans son frigo et dans ses placards, des restes à leur donner. « Je suis sortie de la salle sans faire attention et je me suis pris un passant. »

« C'était un accident ? »

« Lina. » Mathieu la grondait presque. Elle baissa le regard, les joues roses. Elle ne pouvait se retenir de s'inquiéter et d'imaginer le pire.

« C'était qu'un accident, je suis vieille tu sais. » Elle caressa sa main, fronçant les sourcils en voyant son annulaire sans bague. Puis lui donna une boîte de gâteaux. « J'ai rien de mieux que ces biscuits. »

« Merci mamie. » Lina embrassa sa joue. Mathieu s'approcha pour faire de même. « On va te laisser dormir, on vient demain matin. »

Elle acquiesça et ils prirent le chemin inverse jusqu'à la voiture. Ils restèrent silencieux, tout deux pris par leur propres émotions et inquiétudes.
Ils se retrouvèrent dans la salle de bain, assis l'un à côté de l'autre sur le bord de la baignoire tout en se lavant les dents. Finalement, épuisée et culpabilisant, Lina reposa sa tête contre l'épaule du blond, espérant qu'il fasse à son tour un pas vers elle. Elle était effrayée à l'idée qu'il se renferme complètement comme toutes les autres fois.

« Je suis désolée de lui avoir demandé si c'était un accident. »

Il caressa sa mâchoire pour la solliciter à un baiser mentholé. « Je suis désolé de t'avoir interrompu comme ça. J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose et j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose en étant ici. » Ils se redressèrent pour se rincer la bouche et Lina en profita pour se loger dans ses bras. Il attrapa ses fesses pour l'asseoir sur le lavabo.

« Tu m'en veux d'être venue ? » Il attrapa son menton pour être certain de croiser son regard. « Dis-moi la vérité, tu m'en veux d'avoir insisté ? »

« Non, Lin, bien sûr que non. Arrête de croire ce genre de conneries. » Il passa son pouce de son sourcil à sa pommette, insistant sur sa tempe. « Déjà que je t'ai demandé de déménager jusqu'en Corse, je vais pas te demander d'y rester et te couper du monde. C'est pas le but. ». Elle acquiesça. « C'est juste une situation difficile mais j'aime que tu sois là, avec moi. J'me sens soutenu. J'suis juste un peu fermé dans ces moments et j'aime avoir le contrôle, tu le sais. » Elle hocha encore la tête, les lèvres pincées. « Allez, bébé, on va dormir. Accroche-toi à moi. »

« Et si on demandait à mamie de venir avec nous en Corse ? »

« Je lui avais demandé à l'époque, elle veut pas. Elle a toutes ses amies ici et Enzo. » Il l'allongea dans le lit doucement mais elle resta accrochée à lui, si bien qu'il s'allongea à son tour sur elle. « Puis, elle m'avait dit que nous avions besoin d'être deux. Elle a pas tort. » Elle acquiesça, n'insistant pas plus. « Tu sens bon. » Elle pouffa alors qu'il mordillait son cou. « Notre soirée est passée de tout à rien. »

« Tu avais une idée précise ? »

C'était peu dire. Il repensa à la bague encore dans sa poche de pantalon. « Si tu savais. » Son ton n'avait rien de coquin et Lina en fronça les sourcils, c'était pas du tout son genre. Néanmoins, elle fut incapable de le confronter, ses propres peurs la retenant. « Demain matin, on va chez mamie. Si dans deux jours, tout va bien, on rentrera. Je dois absolument avancé sur le projet parce que je n'aurai pas le temps en tournée...surtout si je fais des aller retour vers la Corse. » Elle acquiesça. Tout semblait compliquer, tant qu'elle en eut le cœur palpitant désagréablement.

« J'suis désolée. »

« Arrête d'être... »

« Désolée ? » Il se retira pour la regarder. Elle avait les lèvres pincées et les joues roses. « Désolée. » Il pouffa tandis qu'elle se cachait le visage de ses mains. « Merde, j'peux pas m'en empêcher. »

« T'es trop mignonne. » Il retira ses mains pour embrasser son visage.

« J'ai pas sommeil. » Il leva les sourcils, amusé.

« Un truc en tête ? »

« Toi. »

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant