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L'alarme de Mathieu sonna sur son téléphone, signe qu'il était trois heures du matin et qu'il devait aller dormir. C'était la négociation avec Lina pour qu'il ne passe pas son temps enfermé dans cette pièce jusqu'à oublier sa propre existence.
Il éteignit son ordinateur avant de s'étirer de tout son long, geignant de douleur en sentant ses cervicales raides. Finalement, il quitta le studio pour rejoindre la chambre mais fut interpellé par la lumière dans le salon. La brune y était, assise sur l'accoudoir du canapé à regarder par la baie vitrée. Pourtant, il faisait complètement nuit et on ne pouvait voir que leur jardin illuminé par les éclairages artificiels. Il fit exprès d'alourdir son pas pour ne pas l'effrayer mais elle sursauta de surprise. Elle était sans cesse dans sa tête ces derniers temps.

« Désolé, je voulais pas te faire peur. » Il embrassa sa joue puis ouvrit la porte pour fumer. « Pourquoi t'es pas dans le lit ? »

« J'arrive pas à fermer les yeux. » Il inspira sur sa cigarette tout en essayant de trouver les mots. Mais il n'eut le temps. « Avec la psychologue, on rentre vraiment dans le cœur du sujet. J'avais tout enfoui au plus profond de moi et là de tout ressortir, c'est...beaucoup. » Il acquiesça, les yeux plongés dans la pénombre, préférant fuir la peine de Lina quelques secondes. « Du coup, à chaque fois que je pense à un mauvais souvenir, je dois prendre du recul. On le travaille en séance..et cette vue m'aide. Même si je ne vois pas grand chose la nuit. » Elle pouffa toute seule tandis que lui, semblait plus intéressé sur son mégot. « Mais ça m'aide quand même. » Elle haussa les épaules. « J'voulais dormir mais je préférais t'attendre parce que j'ai besoin d'être dans tes bras, là, parce que j'ai un peu peur. »

« Je déteste te voir comme ça. »

« Je sais...mais Mme Romano m'a dit que c'était une étape obligatoire. » Il écrasa sa cigarette dans le cendrier puis ferma la porte. « Et je sens aussi que c'est la bonne chose à faire. » Il acquiesça tout en grimaçant, lui, était plutôt du genre à ensevelir ses émotions jusqu'à ce qu'elles deviennent sourdes. « Fais-moi confiance. »

Il embrassa doucement ses lèvres avant d'entrelacer leurs doigts. Il la guida jusqu'à la salle de bain et prit place sur le bord de la baignoire tandis qu'elle préparait les deux brosses à dent. Il ne put se retenir de sourire quand elle lui tendit la sienne. Les gestes du quotidien restaient toujours les actes les plus importants pour eux. Elle glissa une main dans ses cheveux blonds, appréciant leurs longueurs. Lui aima encore plus son geste, ressentant clairement le besoin de son contact. Ils se rincèrent la bouche avant de rejoindre leur chambre. Mathieu retira son t-shirt tandis que Lina restait dans son ensemble. Ils s'allongèrent tout deux et ne tardèrent pas à se coller l'un à l'autre.

« Putain que c'est bon d'être dans son lit. »

« Ton projet avance ? » Il acquiesça. « Quand est-ce que tu veux le sortir ? »

« J'en sais rien. Tout a été décalé avec mon agression et j'suis pas sûr de vouloir faire des interviews et toutes ces conneries. » Elle embrassa sa joue avant de la caresser, s'amusant avec sa barbe. « Mais vu que j'en ai pas fait pour le troisième album, j'vais pas avoir le choix. »

« Pourquoi est-ce que tu appréhendes ? Tu as peur qu'on t'attende à la sortie ? » Il pouffa, jamais il n'aurait peur pour lui même. « C'est pas drôle. Moi, j'en reste traumatisée. »

« J'sais, désolé. » Il baisa son front puis passa sa main dans son dos tendrement. « J'ai pas envie qu'ils me posent des questions de merde. J'pourrai pas toujours tout ignorer. Si tu voyais le nombre de tweets ou d'articles sur mon dos. » Elle se pinça les lèvres, n'ayant aucunement conscience de cette pression médiatique qu'il pouvait subir. « Ils veulent tous le scoop de l'année comme si on était des personnages fictifs, sans putain de sentiments et d'émotions. »

Il se redressa légèrement et Lina se réajusta, s'allongeant presque sur lui, une main sur son pectoral pour y poser son menton. Elle le regardait amoureusement tandis qu'il fixait le plafond. Néanmoins, il la serra contre lui pour s'assurer qu'elle sache qu'il aimait ce contact.

« On en a jamais parlé. »

« De ? »

« De comment tu vis le fait que tout le monde sache pour toi et moi. » Il souffla. « Parce que moi, je m'en fous parce que ça me touche pas. Je suis pas sur les réseaux et je suis pas celle connue. »

« Les gens sont des connards. » Il serra la mâchoire, agacé. Contrairement à elle, il n'avait pas le choix de regarder les réseaux et, même s'il réduisait ses recherches, il était toujours identifié ou nommé sur des médias. Les photos de Lina étaient toujours sur internet et les commentaires étaient tous plus horribles les uns des autres. Sans compter la vidéo dont les internautes avaient interprété à leur manière. Ils pensaient que l'agression était à cause d'elle et leur colère avait augmenté lorsqu'il avait dû annuler les festivals et reporter la tournée. « Et je les emmerde profondément. »

« Il est facile de les emmerder à distance, non ? » Elle se pinça les lèvres, incertaine de vouloir pousser la discussion. Toutefois, l'inquiétude était là et ils devaient être prêt. « Quand ça sera en face, ça sera différent. »

« Tu sais que je vais pas m'empêcher des les emmerder quand même. » Ses mains s'installèrent plus bas comme si le contact physique était la seule solution pour s'apaiser. « J'ai les poings faciles aussi. »

« Ne sois pas ridicule, bébé. » Elle le pointa du doigt tout en s'asseyant sur lui. « Si quelqu'un te dit que je suis une...petasse... tu diras quoi ? »

« Personne n'osera dire ça devant moi. » Il secoua la tête.

« Alors qu'est-ce qu'ils peuvent dire ? » Il haussa les épaules innocemment alors qu'il savait très bien, connaissant les vices des médias. Lina imita un micro de sa main, essayant de le distraire. S'il ne voulait pas discuter de ce problème, elle pouvait au moins lui faire oublier. « Bonjour Polak, on te reçoit aujourd'hui pour ton quatrième album... » Mathieu pouffa devant son sérieux et se rendit compte qu'il en avait fortement besoin. « Qui s'appelle... Lina Diaz, la best des best, la femme de ma vie... »

« ...Niveau vie privée on est pas mal là. » Il se pinça les lèvres, ses fossettes se dessinant car il retenait son sourire.

« Que pensez-vous des photos sorties sur votre couple ? On vous voit complètement in love. Pensez-vous que Lina Diaz vous a drogué pour que vous tombiez amoureux ? » Elle tendit son faux micro vers lui, d'un air sérieux, même si son regard pétillant la trahissait.

« C'est pire que ça, elle m'a charmé... la drogue Linaéenne.»

« Pourtant, vous êtes connus, riche et vraiment.. vraiment beau gosse, vous pourriez avoir toutes les femmes du monde ? »

Il haussa les sourcils comme s'il réfléchissait. « C'est pas faux ça. » Elle frappa son torse pendant qu'il riait à plein cœur. « Tu veux que je réponde sérieusement ? Je ne suis pas complètement con et je sais que beaucoup de filles correspondent aux critères de beauté de la société sûrement plus que toi. Mais toi, tu corresponds à tous mes critères. Alors, pour moi, et certes, seulement pour moi peut-être, tu es la plus belle des femmes tant physiquement qu'humainement. » Lina fit tomber son jeu de rôle bidon, touchée. « Et t'es parfaite. Je me lasse pas de te toucher, de t'embrasser ou même de te faire l'amour... »

« ...Ne dis pas ça lors des interviews. » Elle se pencha pour embrasser ses lèvres. « Ils vont vraiment croire que t'as peté un câble. »

« Je leur dirai seulement que je t'aime et que je suis heureux. S'ils sont de vrais fans, alors ils comprendront. »

« Sinon, ils iront se faire foutre... »

« Ils iront tous se faire foutre. »

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant