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Petit chapitre avant dimanche.

Lina retira son masque à oxygène pour sortir de l'ambulance. Elle se faufila à travers les pompiers et les forces de l'ordre pour sauter dans les bras de Mathieu. Malgré son essoufflement, il la rattrapa par les hanches, la serrant contre lui si fort que les baskets de la brune ne touchaient plus le sol. Il put l'entendre pleurer malgré les agents leur ordonnant de s'éloigner du danger. Néanmoins, il s'en fichait, Lina était là, dans ses bras, bien vivante. Alors, il attrapa ses cuisses pour qu'elle les entourent autour de son bassin puis marcha en direction des ambulances.

Le trajet l'épuisa, si bien qu'il prit place à l'arrière de l'ambulance pour s'asseoir. Elle sentit son souffle coupé et libéra ses genoux pour se retrouver entre ses jambes, debout, toujours contre lui.

« Mademoiselle Diaz ? » Un policier se racla la gorge, les joues rougies par l'embarras de les déranger dans ce moment. « J'ai besoin que vous veniez au poste avec moi. »

Mathieu ferma les yeux, s'enfonçant dans le cou de Lina. « Dis-leur la vérité. » Il susurrait contre son oreille, la voix enrouée par la fumée. « Mais dis leur que la cigarette est tombée seule sur le canapé. L'alcool de leur soirée a envenimé l'incendie. Ok ? » Il la sentit acquiescer alors il la libéra. Ils se regardèrent un instant, essayant de se dire sans mot tout ce qu'ils ressentaient. « Ne fais rien de stupide. Tout ce qu'ils veulent, c'est les gars, pas toi. Donne leur ce qu'ils veulent et rentre. »

« J'veux pas me séparer de toi, pas encore. Ce soir a encore été le pire choix de ma vie. Je n'aurais pas dû le rejoindre. Je n'aurais jamais dû partir depuis le début. J'aurai dû me battre pour toi au lieu de fuir. J'aurai dû être là. » La lumière des réverbères accentuaient les coulées de larmes sur les joues noircies de Lina. « J'veux m'assurer que tu vas bien maintenant. J'veux plus jamais m'éloigner de toi. Hors de question de prendre le risque de te perdre de vue. » Elle commençait à s'agiter. Il ne put se retenir de sourire malgré son désarrois tant il la trouvait adorable là, piétinant le sol, parlant d'un ton trop aiguisé par ses pleurs. « Pourquoi tu souris bêtement ? »

« Parce que. » Il haussa les épaules. « Parce que c'est toi. » Elle baissa la tête, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents. « Ça sera toujours toi. » Elle frissonna à ses mots et il put voir sa carapace défaillir jusqu'à tomber à ses pieds. Ses prunelles quittèrent le sol pour le retrouver.

« J'voulais te dire... »

« Mademoiselle, il est temps qu'on y aille. » L'officier la rappela à l'ordre.

« Tu dois y aller, princesse. »

Elle accepta, ravalant ses émotions et son besoin irrépressible d'avouer ses regrets et ses sentiments. À peine s'était elle retournée qu'elle se mît à pleurer. « Je suis vraiment désolé, je fais juste mon travail. »

« Je sais, je sais, c'est rien. »

« Vous allez vous retrouver, ce sont juste des formalités. »

Mathieu la regarda monter dans la voiture de police. Et, dès lorsqu'elle disparut, il s'effondra. Ses poumons lui brûlaient tandis que la fatigue semblait vouloir faire émerger toute sa douleur. Un soignant s'approcha de lui pour lui mettre de l'oxygène puis prendre ses constantes. Il était épuisé de ses dernières semaines d'insomnie mais tout ce qu'il retenait, c'était qu'il allait peut-être retrouver un semblant de bonheur. L'émotion était telle qu'il pleurait à chaudes larmes, paniquant presque dans le masque. Il le retira alors pour marcher mais fut arrêté par une main contre la sienne. Lucie l'obligea à se rasseoir et elle prit place à ses côtés.

« Tu as fait ce qu'il fallait. » Il essuya vigoureusement son visage. Il détestait pleurer devant les autres, ça n'avait jamais été son truc les effusions. « T'as permis à Lina d'avoir une nouvelle vie, tu lui as redonné goût à tellement de choses. Et même si c'était pas le bon choix, tu l'as protégée de tes propres démons. » À l'écoute de ses mots, il contracta mâchoire et abdominaux pour retenir un soubresaut. « Et t'es revenu plus fort, plus sain pour elle. Il lui a fallu s'éloigner de toi, peut-être même voir ce qu'un autre pouvait offrir... » Il grimaça. «...mais c'est toujours toi, au final. Ben ne t'arrivait même pas à la cheville pour Lina. Elle t'aime toujours. »

« Elle l'avait choisi. » Il parlait à travers le masque, le souffle court.

« Par fierté, pas par amour. » Elle appuya ses mots en le fixant, espérant que son regard le convaincrait. « T'es la pièce qui complète Lina. » Il hocha la tête et ses larmes en profitèrent pour dévaler. Elle le chahuta d'une épaule. « Et elle le sait. Elle a jamais arrêté de prendre des nouvelles de toi par le biais de ta grand mère. Son historique internet, c'est que toi. Et elle veut seulement te retrouver maintenant. » Elle quitta le sol du véhicule tandis que les ambulanciers arrivaient. « Fais les examens pour t'assurer que tout va bien. Je rejoins Lina au poste de police. On se rejoint chez toi. »

« Je vais bien. »

« D'accord. Tant mieux mais ils vont quand même vérifier. » Il grogna et elle répondit par un sourire. « Merci Mathieu d'avoir traversé les flammes pour elle. Je sais ce que c'est de vivre avec la culpabilité d'avoir choisi la mort. Et je dois vivre jusqu'à la fin de mes jours avec. »

Il n'eut le temps de rétorquer qu'il se faisait happer dans l'ambulance par les professionnels.

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant