Mathieu quitta sa chaise et embrassa la tête de Lina avant de rejoindre le balcon. Il avait vérifié auparavant que son paternel ne l'était pas, l'évitant comme la peste. Il avait besoin de prendre l'air, de s'extirper de sa grand-mère qui était blessée physiquement ou encore de sa petite amie qui était heurtée émotionnellement. Il s'alluma une cigarette tout en prenant place sur une des chaises en plastique. Il n'eut le temps de se morfondre dans ses pensées que quelqu'un entrait. C'était son père et il ne put se retenir de l'éviter du regard, fermant les paupières quelques secondes pour chercher du calme.
« T'as une cigarette pour moi ? » Il lui en tendit une, sans un mot. « Merci. » Mathieu se dépêcha de fumer la sienne pour rentrer mais lorsqu'il ouvrit la porte, il se fit interpeller. « Est-ce que tu vas bien ? »
« T'as plus besoin de faire comme si tu te préoccupais de moi, tu sais. » Il regarda à l'intérieur pour voir sa petite amie qui le fixait déjà. Elle lui donna un sourire timide mais réconfortant. C'est tout ce dont il avait besoin dorénavant, un léger rictus amoureux de Lina pour se sentir mieux.
« Je suis désolé, Mathieu, je n'étais pas un bon père. »
Il ria jaune. « Tu ne l'es toujours pas. » Il secoua la tête, il avait rêvé de ses excuses toute son enfance et maintenant qu'il commençait à les entendre, il voulait lui faire ravaler ses mots par un coup de poing. « J'étais qu'un gamin. » Il se retourna, la frustration lui donnant du courage. « J'étais gamin quand vous vous frappiez dessus avec maman. Et quand vous avez divorcé, je vous ai supplié de me choisir et aucun de vous deux ne l'a fait. Je n'avais ton attention que lorsque je ramenais du fric. Vous avez refait votre vie sans moi, chacun de votre côté. »
« J'essaye d'arrêter de boire. J'essaye de faire mieux maintenant. »
« C'est trop tard pour moi. »
« J'te prouverai que je peux changer. Tu restes mon fils Mathieu et je t'aime. »
Le blond hocha la tête, les lèvres pincées pour retenir des injures ou pire une acceptation de son pardon. Il eut l'impression de revenir à ses dix ans, ses parents se disputant pour savoir qui se chargeraient de lui. Néanmoins, ils ne s'étaient jamais disputer pour l'avoir, au contraire. Aucun des deux n'avait voulu de ce petit garçon comme s'il n'était rien d'autre qu'un meuble sans intérêt et encombrant à départager. Personne ne lui avait dit Je t'aime avant Lina.
« J'suis désolé. » Son père fit un pas vers lui mais s'arrêta lorsqu'il vit son garçon se raidir. « Tu ferais mieux de rentrer. Il fait froid et ta petite amie va finir par venir te sauver. Elle a du répondant. » Cette fois, il ne put s'empêcher de sourire, une brèche se formant dans sa carapace. Ils étaient d'accord sur un sujet. « J'suis fier de toi, de qui tu es devenu, en tout cas. Tout ça tu l'as construit par tes propres moyens et ça fait de toi un meilleur homme que moi. Tu mérites ta réussite et le bonheur avec cette jeune femme. »
« Elle s'appelle Lina. » Il acquiesça en souriant, en adoration devant son fils amoureux mais surtout frustré de ne pas l'avoir vu grandir avant qu'il ne devienne cet adulte. « J'dois y aller. » Il ouvrit la porte et entra. Néanmoins avant de la fermer derrière lui, il regarda une dernière fois son paternel. « Si tu veux, tu peux m'appeler de temps en temps. J'ai toujours le même numéro. »
« J'ferai ça. Promis. »
« Ok...cool. »
Cette fois, il entra dans l'appartement. À peine eut-il le temps de rejoindre Lina, qu'elle s'était levée, prête à partir s'il le demandait. Néanmoins, à la place, il embrassa sa joue, se servit un autre café et remplit sa tasse. Elle reprit sa place, les joues roses d'avoir sur-réagi à son approche. Lui, resta appuyé contre le comptoir de la cuisine tandis que sa grand-mère insistait sur le fait qu'il était temps qu'ils rentrent. Toutefois, ils ne l'écoutaient pas, se regardant tout deux comme si le reste du monde n'existait pas, comme s'ils communiquaient par ce simple biais.
« Vous m'écoutez ? » Le jeune homme fit un clin d'œil à sa petite amie avant de se concentrer, enfin, sur mamie. « Je suis ravie de votre visite mais ça reste complètement inconscient de venir ici. En plus, ce n'est pas bon pour Lina de revenir dans ce bâtiment. Elle y a vécu trop de choses... »
« ...si tu voulais déménager, ça poserait moins de soucis. »
« Hors de question, Mathieu. » Il posa sa tasse dans l'évier avant d'enfiler sa veste, signe qu'il souhaitait partir. « Ne pars pas fâché. » Lina se leva pour faire de même. « Tu as vraiment de la chance d'avoir cette jolie jeune femme pour te supporter. » Il se retourna pour faire marche arrière et embrasser sa joue. « Je préfère. Faites attention à vous. Dites-moi quand vous êtes rentrés. »
Lina enfila son blouson. « Faites attention à vous aussi. »
Ils restèrent encore quelques minutes devant la porte d'entrée pour échanger quelques derniers mots, ne voulant se quitter. Finalement, ce fut Mathieu qui regarda sa montre. Il était l'heure de rejoindre l'aéroport pour rentrer. Ils s'embrassèrent encore et le blond salua d'un hochement de tête son père à l'arrière.
Lorsqu'ils quittèrent l'appartement, ils n'eurent le temps de descendre qu'un étage qu'il attrapait sa hanche pour poser ses lèvres sur les siennes.« J'avais oublié ce que c'était de ne pas t'embrasser comme je veux. » Elle répondit par un autre baiser et ne quitta pas son contact, appréciant son parfum. « Mon père s'est excusé pour son comportement. T'y crois ? » Elle leva le menton pour le regarder, se pinçant les lèvres pour se retenir de sourire. Il leva les yeux au ciel. « Oui, bien sûr que tu y crois puisque c'est ce que tu pensais quand Enzo est venu à la maison. »
« J'en suis heureuse. »
« Je sais pas si je le suis. J'ai imaginé cette scène un million de fois mais je pensais que ça me ferait plus de bien que ça. » Elle monta sur ses pointes de pied pour déposer sa bouche sur sa joue.
« C'est à toi de choisir ce que tu vas faire de ses excuses. Personne ne te demande de lui pardonner tout de suite ou même un jour. » Elle caressa sa pommette, essuyant son baume à lèvres de sa peau. « Et lui, va devoir agir en conséquences. »
« Tu as raison. » Il l'embrassa une dernière fois avant de lui réajuster sa veste. « On rentre à la maison ? »
« On rentre à la maison. »
À l'aéroport, il n'eut le temps de rendre les clés de la location de voiture que son téléphone sonnait. C'était un numéro inconnu mais pour une raison qu'il ne connaissait pas, il répondit, donnant les clés à Lina pour qu'elle les rende. Il apporta son portable à son oreille tout en regardant sa petite amie discuter avec son locuteur.
« Allô ? »
« Polak ? »
Il souffla. « C'est qui ? »
« C'est Lucie. » Il allait répondre par des insultes mais il n'eut le temps tant elle s'écriait à l'autre bout de lui laisser une chance. « Écoute, on m'a dit que t'étais sur Paris.. est ce qu'on peut se voir ? Juste cinq minutes ? On se rejoint où tu veux, Lina en saura rien. »
« J'ai aucune envie de te voir ou de discuter avec toi. »
« S'il te plaît... e...écoute j'ai des informations...j'ai des infos sur Ben... » Il pouvait sentir que quelque chose était étrange, son ton avait changé soudainement et la tension devenait palpable malgré la distance. « C'est important. »
« Si t'as des infos, va voir les flics. Laisse Lina et moi en dehors de tes merdes. Aucune tentative de récupération ne marchera parce qu'on en a plus rien à foutre de toi. J'ai plus aucune envie de voir ta putain de gueule. De toute façon, je quitte déjà Paris alors essaye même pas de me chercher. »
Et il raccrocha, prenant le soin de supprimer et bloquer son numéro avant que sa petite amie ne revienne.
Lucie, elle, jeta son téléphone contre le mur. Il explosa en mille morceaux, tout comme le peu de raison qui lui restait.
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Phœnix Souls [PLK]
FanfictionTome 1 : Rusted Souls Tome 2 : Phœnix Souls « J'te jure que c'était elle. Elle marchait dans l'eau. E-Elle était là... » Il voulait lui dire à quel point il l'avait trouvé belle comme au premier jour, à quel point il regrettait d'avoir abandonner...