Phœnix Souls [PLK]

38

Lina attrapa la main d'Ines alors qu'ils atterrissaient à l'aéroport de Calvi. Malgré la compagnie du couple, elle se sentait plus seule que jamais. Elle et Mathieu s'étaient mis d'accord sur une maison et après les démarches administratives, il était temps qu'elle y vive. Pourtant, malgré la magnifique demeure, elle n'était aucunement pressée d'y poser ses valises.

Elle revint à la réalité alors que son amie posait une main sur son épaule pour la rapprocher d'elle et embrasser sa joue. Antoine coupa leur moment de complicité, impatient d'emmener la brune dans ce domaine privé et sécurisé. Les jeunes femmes furent missionner pour prendre les bagages tandis qu'il cherchait la location. Ils se rejoignirent quelques minutes plus tard et prirent la route. Ils n'avaient qu'une vingtaine de kilomètres à faire pour rejoindre Corbara. Inès en profita pour rassurer Mathieu par message tandis que Lina admirait le tapis végétal par la fenêtre. Des oliviers et des chênes verts peuplaient les terres à perte de vue. Et alors qu'ils s'approchaient de leur destination, la mer Méditerranée se faisait voir dans l'horizon.

« C'est magnifique. » L'émotion fit gonfler sa poitrine. « Mathieu va adorer. »

« Vous serez bien, ici. » Elle acquiesça tout en pinçant ses lèvres pour retenir un hoquet d'émoi.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à la Marine de Davia. Ils passèrent sous un porche en pierre où Antoine discuta avec le gardien et donna les justificatifs. Finalement, ils entrèrent et ils ne purent retenir leurs satisfactions face au dépaysement. Mathieu leur avait offert une vie paradisiaque, il n'y avait aucun doute. Néanmoins, elle ne put s'empêcher d'espérer que le reste suivrait. Une demeure de rêve ne voulait en rien certifier que tout irait mieux mais il était certain qu'ils feraient tout pour.
Lina quitta son admiration pour chercher dans son sac les clés ainsi que la télécommande du portail. Lorsqu'elle appuya pour l'ouvrir, Antoine siffla. Il se gara sur le chemin pavé avant de sortir, suivi par les deux autres.

« J'aime beaucoup. »  Il ajusta ses lunettes de soleil tout en observant les alentours, la maison en pierre typique de Corse s'imposait entre la végétation. « Putain, je suis tellement fier de vous deux. » Ils s'avancèrent ensemble jusqu'à la porte d'entrée en bois brut, Lina main dans la main avec Inès qui devait légèrement la tirer. « C'est à toi d'ouvrir, c'est chez toi. »

Elle acquiesça avant d'avancer. Son cœur battait la chamade alors qu'elle enfonçait la clé dans la serrure. Elle hésita à entrer comme si ce paradis ne pouvait lui être accordé sans l'homme qu'elle aimait. Seulement, sa réticence fut repoussée par ses proches qui la poussèrent à entrer, eux, complètement avides de découvrir cette maison. Ils entrèrent directement dans la pièce de vie où deux grands sofas se faisaient face. Cependant, ce n'étaient pas les mobiliers qui attiraient leur regard mais la grande baie vitrée qui donnait sur la terrasse et la piscine mais surtout, à quelques mètres, la mer, et à l'horizon, la montagne. Lina posa sa main sur sa bouche, ne pouvant plus cacher son trouble. Les larmes arrivèrent en même temps qu'elle avançait pour explorer la cuisine et la salle à manger.

« C'est beaucoup trop beau. » Elle attrapa son téléphone pour appeler Mathieu. Il répondit immédiatement comme s'il l'attendait.
Et, pour être honnête, il l'attendait.

« Pourquoi tu pleures ? » Il s'était redressé brusquement de son lit, se moquant bien de la douleur dans son ventre. « Ça te plaît pas ? Putain, j'avais dit que tu devais regarder plus sérieusement. »

Inès attrapa le portable pour le rassurer avant de changer de caméra pour montrer Lina toucher du bout des doigts le plan de travail. « Non, elle adore, elle a juste perdu sa langue. »

Il ne put que sourire en la voyant pointer du doigt une des salles de bain. Ils montèrent finalement à l'étage, visitant rapidement les chambres et leurs salles de bain, pour finalement arriver à la chambre du maître. Antoine ria a gorge déployée en voyant le ridicule de la pièce. Celle-ci était immense, certes mais le plus spectaculaire était la terrasse apportant la même vue que le rez-de-chaussée. Lina repensa à la Guadeloupe et la vue de leur lit, ils allaient vivre ce rêve tous les jours grâce à lui. Elle ouvrit la baie pour y mettre les pieds et posa sa main sur sa poitrine pour ressentir les soubresauts la secouer.

« J'crois que t'as tout gagné Polak. » Ines avait les larmes aux yeux de voir son amie ainsi. « Elle est sur un nuage. »

Elle lui montra la vue grâce au téléphone. Il voulait y être déjà, pouvoir enlacer Lina tout en admirant la vue. À la place, il était assis sur un lit d'hôpital, étouffant dans ses bandages, tout en étant obligé de sourire en écoutant Ines lui expliquer que la piscine à débordement avec un deck faisait toute la maison. Puis elle continua sur la petite piscine intérieure chauffée qui était complètement absurde, surtout au premier étage. Néanmoins, il ne l'écoutait plus, cherchant juste dans l'écran la petite brune qui faisait battre son cœur.

« J'aime beaucoup tes commentaires, je t'assure, mais je veux bien que tu rendes le téléphone à sa propriétaire. » Elle pouffa avant de rendre le portable  à Lina qui était restée sur la terrasse, obnubilée par l'horizon. Ines laissa les deux protagonistes ensemble pour aider Antoine à sortir leurs bagages. « Tu veux bien tourner la caméra que je te vois ? » Elle essuya ses yeux pour essayer de reprendre forme avant de le faire. « Salut princesse. »

« Hey. » A peine l'avait elle regardé qu'un nouveau flot de larmes atterrissaient sur ses joues. « Merde, désolée, j'essaye vraiment d'arrêter mais c'est beaucoup à digérer en peu de temps. » Elle fit des exercices de respiration tandis qu'il la scrutait, amoureusement. « Ok, ça va. Ça va mieux. »

« Parle-moi. Dis-moi comment tu te sens ? »

« Je me sens submergée. » Elle prit place sur un fauteuil. « La maison est magnifique et me dire qu'on va vivre ici, ensemble, me rend tellement heureuse. Et je sais que notre futur ici va être merveilleux. Mais cette visite, on devait la faire ensemble. » Elle inspira profondément mais aucune méditation ne pouvait réduire la douleur. Elle essuya ses joues pour la énième fois de la journée. « On devait admirer cette vue ensemble et rire devant le nombre absurde de salles de bain. »

« Rappelle-toi, on aura tout le temps de profiter. »

« Je sais. » Elle se pinça les lèvres, essayant de trouver tout le positif possible pour limiter la peine de son petit ami. « En tout cas, je voulais te remercier parce que tout ça, ça serait pas possible sans toi. Mais je veux aussi que tu saches que je ne suis pas amoureuse de toi pour ça, que vivre dans un studio avec toi me suffisait amplement. »

« T'as pas besoin de me le dire. »

« Quand même. »

« Et je suis aussi amoureux de toi, bébé, comme au premier jour. » Il ricana tandis qu'elle rougissait. « Remontre moi notre chambre pour que je puisse en rêver. »