Phœnix Souls [PLK]

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Comme à son habitude, Lina se réveilla avant Mathieu et sût quitter le lit discrètement pour le laisser dormir. Elle lui vola sa chemise d'hier avant de descendre à pas de loup. Elle entra dans la cuisine pour se servir un café avant de s'installer sur un des fauteuils du jardin pour profiter de l'aube. Elle observa les alentours, adorant toujours autant chaque détails de cette maison s'intégrant complètement dans la végétation naturelle. Elle attrapa son téléphone pour prendre en photo la vue, cherchant dorénavant à garder tous moments précieux pour ceux difficiles. En conséquence, elle ne fut pas surprise de voir sa plénitude s'écraser brusquement au sol tout en regardant ses notifications.
Lucie lui avait envoyé plusieurs messages, passant d'insultes à supplications selon les heures. Néanmoins, le dernier lui donna la nausée. Son ancienne meilleure amie la pleurait et la conjurait de l'appeler. Alors, parce qu'elle ne pouvait se retenir d'avoir des sentiments pour elle, elle n'hésita pas une seconde pour la contacter. Elle pouvait entendre Mathieu lui dire qu'elle n'était pas crédule mais bienveillante mais jusqu'où ça pouvait aller.

« Allo ? » Lina garda le haut parleur, espérant que se distancer de sa voix lui permettrait de ne pas lui accorder un quelconque pardon. « Pourquoi est-ce que tu voulais que je t'appelle ? »

« Comment tu vas ? J'ai essayé de savoir mais personne ne me répond. » Elle pouvait l'entendre pleurer de l'autre côté. Lucie n'attendait aucune réponse, recommençant immédiatement à déblatérer toutes ses émotions pendant qu'elle le lui accordait encore. « Lina, putain, je suis désolée... Tu me connais, tu sais que j'ai pété un câble... je sais pas ce qui m'a pris. » La brune ferma les yeux. « Lina, je t'en supplie, j'étais sous la colère parce que tu avais raison. Je pensais pas ce que j'ai dit, je te jure. » Lina sursauta en sentant la main de Mathieu dans son dos. Elle posa son index sur ses lèvres et il serra la mâchoire, acceptant tout en s'asseyant à ses côtés. « J'étais en colère, j'étais... je le pensais pas. J'ai pas voulu te pousser. J'suis désolé. »

Mathieu passa ses doigts dans les cheveux de sa petite amie, n'osant imaginer ce qui pouvait se passer dans sa tête. « J'aimerais être en capacité de te pardonner. Mais je crois que notre amitié n'est ni saine pour moi, ni pour toi. Nos histoires et nos douleurs sont beaucoup trop reliées. Et je crois que tu as besoin de voir un professionnel...»

« ...Mathieu et toi aussi, non ? » Le blond souffla à ce commentaire. Cette comparaison le rendait toujours aussi dingue. « Votre histoire est reliée depuis toujours, par cette même chose. »

« Sauf qu'il a toujours été un point positif pour moi, la lumière dans cette pénombre. Lucie, parfois, tu as été tout l'inverse » Elle s'inclina sur le côté pour se poser contre lui. « Il a une bonne influence sur moi. Il n'a jamais été insultant ou pire, violent. »

« Il t'a abandonnée. Plein de fois. »

« Non, c'est faux. Il m'a protégée, constamment. Et même lorsqu'il s'éloignait, il pensait toujours faire au mieux pour moi. » Mathieu la prit dans ses bras caressant du bout des doigts sa peau, essayant d'exprimer son soutien sans mot. « Mais peu importe, je crois que le mal est fait. Je n'ai plus envie de toute cette négativité. Je pense mériter d'être heureuse, après tout ça. » Il embrassa sa tempe, articulant qu'elle avait raison. « Je dois te laisser Lucie. Embrasse Luisa pour moi et prend soin d'elle. »

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et raccrocha. Puis, malgré une certaine hésitation, elle bloqua le numéro avant de le supprimer définitivement. Si Lucie voulait la recontacter, elle allait devoir avoir un nouveau numéro et il n'y avait peu de chance qu'elle le fasse, du moins, avant quelque temps. Mathieu sortit son propre portable pour faire de même tout en montrant à sa petite amie qui le remercia par un baiser.

Il but dans la tasse de la brune, scrutant à son tour l'horizon. Les nuages plombaient les montagnes au loin, tant qu'elles disparaissaient presque pour ne laisser qu'à leur vue la Méditerranée. Il était comblé, ici, dans leur maison avec sa petite amie dans les bras. Il pensait même que le passé ne pouvait dorénavant plus les toucher, surtout si la dernière personne qui pouvait les ramener était dorénavant derrière eux. Néanmoins, c'était toujours le même problème avec lui, il pensait toujours que tout était lié à l'environnement extérieur.

« Je me suis encore réveillé à la seconde où t'as quitté le lit. » Il embrassa sa tempe. « J'ai un détecteur princesse. »

« Je t'aime, tu sais ? [...] La soirée d'hier était vraiment bien. »

« J'avoue. » Ils se partagèrent les dernières gouttes de café avant de se détendre l'un contre l'autre. « Je te promets qu'on fera ça plus souvent. C'est le paradis ici, j'te jure. J'ai... on va vivre notre meilleure vie. » Il aurait aimé lui dire plus. Il aurait aimé lui dire à quel point il était enamouré et passionné, à quel point il voulait qu'elle soit sa femme, la seule, l'unique, à quel point il avait confiance en leur avenir. Suffisamment confiance, pour être persuadé d'être en capacité d'affronter ses peurs paternelles. « Et je suis très bien là mais je t'avoue que j'ai besoin d'un autre café. »

« Petit déjeuner alors ? » Elle se leva, tendant sa main pour qu'il entrelace leurs doigts. « Est-ce qu'on pourra se baigner ensuite ? J'ai peur que si je n'y retourne pas rapidement, je me vais me créer une autre phobie. »

Il acquiesça, tirant sur leur lien pour la coller à lui jusqu'à presque marcher derrière elle. Lina accéléra le pas pour qu'ils déjeunent rapidement, impatiente de se retrouver dans l'eau mais surtout effrayée que s'ils prenaient trop leur temps, elle changerait d'avis. Mathieu ne loupa pas son attitude et il se dépêcha de boire son café pour enfiler un short de bain. Lorsqu'il entra, il la vit déjà au bord de la piscine intérieure, un pied touchant la surface, essayant de savoir si ce seul contact pouvait déclencher une crise. Il s'approcha pour la rejoindre, faisant exprès de faire du bruit pour ne pas la surprendre.

« J'ai peur d'avoir peur. » Elle ne quitta pas des yeux les ondes qu'elle créait. « Et si je gardais ces peurs ? »

« Sauf que tu ne peux savoir si tu ne les affrontes pas. » Mathieu entra dans l'eau, espérant que le voir dedans l'apaiserait mais ce fut plutôt l'effet inverse, il la vit se contracter jusqu'au bout des orteils.

« Fais attention. »

« Je risque rien. » Il s'approcha d'elle. « Assis toi déjà, trempe les jambes. » Elle accepta et le fit, les mains tremblantes. Elle souffla longuement pour se calmer et Mathieu fut d'une grande aide en glissant ses mains de ses cuisses à ses hanches. Elle se sentait en sécurité. « Tu vois, tu te fais de la bile pour rien. »

« Je suis à un point dans ma vie où je supporte plus l'agressivité. » Elle ferma les paupières, se concentrant sur les battements de son cœur. « Tous cris, tous gestes brusques deviennent une agression jusqu'au plus profond de mon être, me secouant de toute part. » Mathieu passa une main mouillée sur ses bras et elle frissonna. « Ils déclenchent la pire noirceur en moi. Elle m'envahit jusqu'à mes tripes et réveille toutes les images et toutes les sensations créées par Marcus. Et pire que de vivre l'horreur, je la revis avec anticipation, connaissant chaque douleur. » Il attrapa de nouveau ses hanches, les soulevant pour lui indiquer qu'elle devait entrer dans l'eau et elle se laissa porter, entrant dans l'eau et s'enroulant autour de lui. « Mais j'en suis à un point où j'ai peur d'avoir peur plus qu'autre chose. »

« T'y arriveras, bébé. J'te jure que t'y arriveras. » Lorsqu'il la sentit se calmer, il plongea avec elle jusqu'à ce qu'ils soient complètement submergés. Il l'embrassa furtivement avant de remonter. Malgré son hyper ventilation, elle l'enlaça avec force tant pour le remercier que pour se sentir en sécurité. « Et on construira au-dessus de bons souvenirs. » Et il avait raison, Lina le savait puisque dorénavant, la douche était un lieu qui lui rappelait Mathieu et ses caresses. Mais ce n'était qu'un exemple parmi des milliers.

« Me lâche pas, je t'en supplie. »

« Jamais. »