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Les premières nuits dans la nouvelle maison avaient été riches d'insomnies et de sueurs nocturnes pour Lina, si bien qu'elle avait décidé d'emménager dans la penderie, espérant que la promiscuité des murs pourraient la calmer. Néanmoins, l'obscurité de la pièce eut plutôt l'effet inverse et elle se retrouva à crier à plein poumon comme si elle était face à un voleur. Antoine et Inès arrivèrent en trombe dans la chambre, surpris de ne pas la voir dans son lit. La jeune femme fut la première à chercher dans le dressing, ayant souvent entendu Lucie en parler. Elle la retrouva recroquevillée sur elle-même, noyée de larmes et de transpiration. Lorsqu'elle effleura son bras, la brune se défendit si brutalement qu'elle manqua de recevoir un coup. Antoine approcha pour aider sa petite amie mais Ines s'interposa.

« Non, ne t'approche pas, c'est bon. » Lina suppliait Marcus, le corps tremblant tout en revivant les pires scènes de sa vie.

« C'est de pire en pire. » Inès lui lança un regard noir, n'ayant aucunement besoin de sa négativité alors que leur amie était en pleine crise post-traumatique. « J'appelle Mathieu. »

« Oui, va...ailleurs. Tu m'aides pas. »

Il sortit de la pièce pour rejoindre leur chambre et dut fermer la porte tant il pouvait entendre Lina s'époumoner de l'autre côté de la maison. Il appela Mathieu en FaceTime et celui-ci répondit, encore endormi, mais conscient que si Antoine l'appelait à cinq heures du matin, c'est que quelque chose n'allait pas. Il se redressa dans son lit et se frotta le visage pour faire fuir le sommeil. Le manager dut calmer son palpitant avant de parler, l'angoisse de voir quelqu'un dans un tel état était bien réel.

« Mec, il est cinq heures. » Il grogna tout en regardant la tête d'Antoine. S'il avait vu un fantôme, il l'aurait cru tant son visage était blafard. « Qu'est-ce que t'as ? »

« C'est Lina. » Ce fut suffisant pour que Mathieu allume la lumière et quitte son lit. Il enfila des vêtements, serrant la mâchoire pour se retenir de crier de douleur. « Attends, écoute, elle va bien, pas besoin de paniquer... enfin, elle fait des cauchemars et là, il est beaucoup plus important que les autres. On dirait qu'elle a perdu la tête tellement elle hurle. »

« Montre la moi. »

Le blond continua de faire son sac, néanmoins. Antoine s'exécuta et rejoignit les deux jeunes femmes. Elles étaient toujours à la même place. Lina entourée de plaid et de coussins tandis qu'Ines tentait de lui parler pour la rassurer. Il ne l'avait pas vu ainsi depuis longtemps, simplement parce que lorsqu'il était là, elle se sentait suffisamment en sécurité pour ne plus avoir peur des monstres de son passé. Toutefois, il se souvenait des discussions avec Lucie sur le fait qu'en son absence les nuits étaient toujours hantées. Il l'avait envoyé jusqu'en Corse, sans lui, espérant bêtement qu'un nouvel endroit lui permettrait de revivre. Mais ça ne marchait pas aussi simplement. La gorge serrée, il leur indiqua la trousse de médicament ainsi que le traitement et la dose à lui donner. Antoine dut la tenir alors qu'elle se débattait tandis que Inès lui donnait de quoi se calmer.

« Ça devrait faire effet rapidement. » Mathieu ferma son sac. « Je serai là dans quelques heures. Antoine, trouve-moi un vol ou un jet, s'il te plaît. »

« J'suis pas sû... »

« S'il te plaît. »

Et il raccrocha sans un mot de plus. Il releva son sweater, évaluant ses pansements. Ils étaient plus simples qu'avant mais même si les plaies externes étaient belles, ses organes avaient beaucoup de mal à récupérer. Néanmoins, il n'avait plus aucune perfusion , ni aucune restriction alimentaire. Il était même en capacité de marcher une vingtaine de mètres sans aide. Puis, de toute manière, il ne pouvait plus rester ici, à attendre que son corps se répare alors que sa vie l'attendait de l'autre côté de la Méditerranée.
Il souffla avant de prendre son sac, jurant intérieurement de sa lourdeur, puis se dirigea vers le bureau des infirmiers.

« Bonsoir, j'viens pour signer les papiers de sortie. »

« Sauf que vous ne sortez pas avant une semaine, Monsieur Pruski. Et puis le médecin est pas là avant deux heures. » Il haussa les épaules, prêt à partir mais l'infirmier l'arrêta. Il valait mieux qu'il signe sans présence du médecin plutôt que d'avoir une disparition d'un patient sur le dos. « Ok ok. J'vous accorde la décharge mais le médecin vous appellera. On vous enverra par mail vos documents. Regardez bien parce qu'il y aura votre prescription. Vous êtes encore sous antibiotiques et antidouleurs. »

Mathieu signa le papier. « Merci. »

Il n'attendit pas plus longtemps avant de filer à la sortie. L'air frais frappa son visage et il se sentit enfin libre.
Mais alors qu'il ouvrait les yeux pour lire le message d'Antoine confirmant l'heure de son vol, il fut surpris de voir Lucie arriver en trombe, Luisa dans les bras. Il fronça les sourcils, s'attendant à ce qu'elle lui propose d'être son taxi jusqu'à l'aéroport. Cependant, a sa démarche, il comprit rapidement qu'elle ne venait pas pour soutenir son idée. Il recula d'un pas, à la recherche d'une solution pour ne pas la confronter mais il n'avait clairement pas le choix.

« Te fatigue pas, j'ai déjà pris ma décision. » Il voulut la dépasser mais elle attrapa son bras. Il ne chercha pas à se libérer, seulement parce qu'elle tenait le poupon de l'autre côté. « Qui t'a envoyé ? Lina ? » C'était peu probable, a l'heure actuelle, elle devait dormir à cause des médicaments. « Antoine et Ines ? »

« Ines m'a juste prévenue mais ton idée est complètement stupide. » Lucie et Mathieu ne se parlaient plus beaucoup depuis qu'il avait retrouvé Lina. De plus, leur dernière dispute avait laissé un froid que même ses excuses n'avaient pas aidé.

« M'en veux pas mais j'ai aucune envie de t'écouter. »

« T'es vraiment ridicule, c'est pas croyable. » Mathieu se frotta la barbe, la colère montant d'un cran. « Combien de temps tu vas courir dès qu'elle aura le moindre soucis ? Tu as failli crever, t'es censé te reposer ! »

« Ferme-la Lucie. Tu peux vraiment pas t'empêcher d'être nocive, c'est dingue. » Il la pointa du doigt, serrant la mâchoire pour se retenir de crier. « J'comprends pas comme Lina a pu te laisser une putain de chance. »

« Vraiment désolée de penser que ta santé est plus important que les...caprices de Lina. Vous êtes tous les deux mes amis et je suis en capacité de voir que tu es entrain de te laisser bouffer. Mathieu, regarde-toi, tu tiens à peine debout. Tu lui as acheté une putain de maison alors que c'est comme si c'était elle qui t'avait planté. »

« Sauf que ce que tu ne sais pas, c'est que c'est moi qui l'ai supplié de partir de Paris, qui lui ai demandé d'aller en Corse avant moi. Et c'est elle qui est restée à mon chevet pendant des semaines, jour comme nuit alors que je ne l'avais même pas fait quand elle y était. » Il ferma les paupières tout en tournant la tête pour reprendre son calme. Elle s'approcha d'un pas, suffisamment pour qu'il sente son parfum et il détestait ça. Comme si cela ne suffisait pas, elle attrapa son bras. « Putain, Lucie, je sais ce que t'as vécu, je sais que ça influence qui tu es mais on a tous vécu des trucs de merde et c'est pas pour ça qu'on agit tous comme des connards. » A ses mots, elle le lâcha. « Je ne dirai rien à Lina pour ce que tu viens de faire mais la prochaine fois que tu la poignardes dans le dos, crois-moi que tu le regretteras. »

« Je disais ça pour toi. » Elle baissa la tête, sa voix n'était plus qu'un murmure. « Je tiens vraiment à toi. »

« Eh bah tu as une manière bien étrange de le montrer. » Alors qu'il partait, elle lui attrapa la main tout en fixant ses lèvres. Mathieu crut halluciner, regardant avec des yeux exorbités ce contact. Son autre main essaya de toucher son visage mais il recula brusquement. « J'te déconseille de faire ça. » Alors elle le lâcha, le laissant partir.

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant