Phœnix Souls [PLK]

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Mathieu se renfrogna dans sa chaise et s'alluma une cigarette. Depuis son hospitalisation, il fumait beaucoup moins mais certaines situations nécessitaient nicotine et fidget. Lucie, elle, picorait des fraises tout en passant des garçons dans la piscine qui faisaient un jeu de ballon à son voisin de table qui semblait complètement mal à l'aise. Il triturait les miettes de pain, évitant de la regarder tandis qu'il essayait de voir sa petite amie. Celle-ci passait un bon moment, ses yeux fixés sur le visage de Luisa tandis qu'elle riait sincèrement aux commérages d'Inès. Il aurait aimé les rejoindre, préférant milles fois les histoires de filles que la compagnie de Lucie.

« Tu peux te détendre, c'est ridicule. » Il lui lança un regard noir. « T'as mal interprété mes mots devant l'hôpital. »

« Je vais pas te mentir, je m'en contre fous. » Il haussa les épaules tout en écrasant sa cigarette. Il mentait, c'était évident, mais il était hors de question de lui donner une chance de prendre un avantage. « On a jamais été amis... »

«...Ton histoire de famille n'aura pas duré longtemps... »

« ...Ton bon comportement n'aura pas duré longtemps non plus. »

« Et je m'en suis excusée. J'ai paniqué en sachant que vous alliez tous les deux partir. » Elle baissa les yeux. « Je comprends pas comment tu peux accepter le comportement de Lina et pas le mien. »

Il ria jaune tout en la scrutant, espérant qu'elle se ravise. Il pouvait voir sa sincérité inscrite sur son visage et c'était ça le pire. « Je suis amoureux d'elle. C'est ma petite amie. » Il lui fit les gros yeux pour appuyer l'évidence. « Et de toute manière, Lina est clairement ton opposée. Elle n'a jamais manipulé personne. Elle a toujours fait passer les autres avant elle-même, trop, parfois. Et pour tout ce que toi, tu lui as fait, si elle t'avait fait un quart de tout ça, tu la détesterais. » Il se redressa, agacé. Et, même s'il ne criait pas, Lina put ressentir sa colère. Elle posa les pieds au sol, prête à le rejoindre si besoin. « Contrairement à ce que tu crois, elle ne fait pas de caprices. Je ne connais pas pas plus courageuse qu'elle. Si c'est ton amie ou ta sœur, comme tu le prétends, il est temps que t'arrêtes tes gamineries. Tu peux pas parler comme ça d'elle et dire que tu tiens à elle. » Il fourrageait ses cheveux, tirant sur les pointes pour extérioriser sa fureur. « Et ne te compare même pas à elle parce qu'elle est dix fois mieux que toutes les meufs que j'ai pu connaître. »

« Et toi tu crois me connaître pour dire ça ? »

« Tu me fais chier Lucie. J'en ai rien à foutre. » Il se leva, prêt à s'éloigner. « J'croyais que t'étais récupérable, que tu pouvais changer, mais j'vois que non. »

Il claqua sa chaise contre la table puis laissa le silence envahir le jardin. Tout le monde le regarda rentrer à l'intérieur, Lina derrière lui, trottinant tout en lançant un regard inquisiteur à son amie. Néanmoins, elle ne s'arrêta pas à son niveau, préférant suivre son petit ami qui semblait chercher de quoi extérioriser sa colère. Il monta jusqu'à la chambre tout en marmonnant dans sa barbe. Lucie semblait être une constante problématique et il ne supportait plus que la brune lui donne des chances. Il se retourna pour la regarder pendant qu'elle fermait la porte. Il n'avait pas eu besoin de le faire avant, sachant très bien qu'elle serait là en le voyant aussi tourmenté. Il prit une grande inspiration comme si elle lui insufflait de l'air.

« Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous prendre la tête. ».

« Elle ne te mérite pas. » Elle s'appuya contre le bois de la porte tandis qu'il s'asseyait sur un des fauteuils. « Elle mérite clairement pas d'être ton amie. J'comprends pas comme tu peux tenir à elle. La manière dont elle te rabaisse dès qu'un truc ne lui va pas... je supporte plus. »

« J'ai pris le temps de la connaître. » Il secoua la tête, refusant qu'elle utilise encore de stupides arguments pour justifier sa gentillesse excessive. Néanmoins, elle n'en prit pas connaissance, continuant. « Je l'ai connue alors qu'on était toutes les deux chez Marcus. On y a vécu et vu des choses horribles. On partage cette histoire, toutes les deux et on s'en est sorties, toutes les deux. » Il ferma les yeux et serra la mâchoire. « On a vécu ensemble quand j'étais sous terre après notre rupture. Elle m'a suivie en Guadeloupe puis est revenue en France, avec moi. Elle t'a même aidée avec Ben. » Elle s'approcha finalement, ne supportant ni la distance entre eux, ni même ses traits déformés par l'énervement. « J'sais qu'elle a son franc parlé et son égocentrisme mais je sais aussi qu'elle se sent terriblement seule et peu aimée. » Elle caressa son visage, espérant y attendrir sa tension. En réponse, il effleura ses jambes bronzées par le soleil Corse. « Le manque d'amour peut faire de gros dégâts. Moi, j'ai eu la chance de tomber sur toi. » Elle tira sur son menton pour accéder à ses lèvres et les embrasser. « Crois-moi, si tu n'avais pas été là... » Elle laissa sa phrase en suspend, laissant la lourdeur de ses mots s'ancrer dans le cœur du blond.

« Il faut que je te dise... » Il l'invita à monter sur un de ses genoux et elle entrelaça leurs mains. « Quand Antoine m'a appelée pour tes cauchemars, j'suis sorti de l'hôpital et j'suis tombé sur Lucie. » De sa main libre, elle passa une main dans ses cheveux blonds jusqu'à descendre à sa nuque. Elle n'avait l'air aucunement perturbée par son ton ou la direction de la conversation. Mathieu jura contre son innocence. « Elle voulait m'empêcher de te rejoindre. »

« Je crois que si Lisko ou Norvan avaient été au courant, ils auraient eu le même avis. J'avais moi-même cet avis là bébé. Je n'étais pas en danger de vie alors que toi, c'était dangereux de sortir plus tôt. »

« Elle a insisté. Elle a dit qu'elle tenait à moi. »

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, la contrariété montant au creux de son ventre. « Je tiens aussi à tes amis. »

« Au point de tenir leur main ou de les touchée affectueusement pour qu'ils ne partent pas ? » Son attention se dirigea vers le mur d'en face. Il lui était improbable que son amie puisse la trahir ainsi. Néanmoins, elle savait que Mathieu ne lui mentirait pas et que la possibilité qu'une autre personne tombe amoureuse de lui était grande. « J'crois qu'elle aurait été capable d'aller plus loin si je ne l'avais pas repoussée directement. Ça me rend franchement pas à l'aise qu'elle est fait ça et qu'elle puisse faire autre chose. »

Elle acquiesça tout en digérant l'information. Finalement, elle embrassa sa bouche avant de quitter le réconfort de son corps. « Je m'en occupe. J'te remercie. »