37

887 35 20
                                    

Les progrès de Mathieu se voyaient de jour en jour. Il pouvait dorénavant s'asseoir quelques heures dans le lit mais surtout, il était en capacité de regarder son téléphone. Il n'avait pu se retenir très longtemps et se plongea dans les réseaux. Son contentement de voir des tweets et hashtags de soutien fut rapidement anéanti à la lecture des insultes et menacent que recevaient sa petite amie. La frustration fut telle qu'il verrouilla son portable. Il demandera plus tard à Antoine de donner des nouvelles au public, sachant très bien que s'il le faisait lui-même, il insulterait la stratosphère.
Lina entra avec un plateau de repas dans les mains. Cela faisait maintenant plus de deux semaines qu'ils vivaient en vase clos en soins intensifs mais cet aspect réconfortant ne pouvait durer indéfiniment et ils devaient s'y préparer. Elle perdit son sourire en le voyant froncer les sourcils.

« Me fais pas cette tête là, bébé, t'as pas le choix de manger les plats d'ici. » Elle posa son plat sur l'adaptable mais il le repoussa avant d'attraper la main de la brune pour l'attirer sur le bord du lit. « Qu'est-ce que tu as ? »

« Il faut qu'on parle. » Il caressa sa mâchoire de son pouce avant de loger les mèches brunes derrière son oreille pour pouvoir scruter chaque détails de son visage. « Je vais mieux al.. »

« ...Hors de question que tu sortes déjà de l'hôpital. »

« Clairement pas ce que j'allais dire mais bien essayé. » Il pouffa avant de reprend son sérieux. « Bon, quand je disais qu'on devait parler, c'est plutôt moi qui ai besoin de parler donc laisse-moi finir, si tu veux bien. » Il embrassa sa joue pour adoucir son ordre. « Je commence à aller mieux et le médecin a dit que bientôt, je changerai de service. Ici, ils acceptent que tu restes mais là-bas, tu devras partir le soir. » Lina fronça les sourcils, les yeux déjà brumeux. Elle le connaissait beaucoup trop bien pour s'attendre à une solution lui plaisant. « Les mecs qui m'ont tabassé, Ben ou encore les haineux sont tous dehors à te menacer. » Elle ouvrit la bouche prêt à rétorquer mais il secoua la tête durement. Il était hors de question qu'elle argumente, pas alors qu'il devait déjà trouver le courage de continuer. « Les allers retours sont beaucoup trop risqués. » Il caressa son cuir chevelu et elle ferma les yeux, laissant échapper par la même occasion une larme qui s'échoua sur ses lèvres. « Pour guérir, j'ai besoin d'être sûr que tu vas bien, à n'importe quel moment. »

« Alors quoi ? » Lina retint un sanglot au creux de son ventre. Elle savait qu'elle allait devoir accepter, que si elle voulait l'amour, elle devait passer par la douleur. Encore une fois, peut-être la dernière, avant un avenir lumineux. Elle était prête à tout pour briser ce cercle vicieux. « Qu'est-ce que tu veux faire ? »

Il ne put cacher son étonnement et bafouilla. Elle n'avait jamais été du genre à accepter un de ses plans sans qu'il ait à argumenter pendant des heures. « Je-J'aimerais qu'on regarde les maisons, qu'on en choisisse une pour que tu y ailles rapidement. »

« Ça n'a rien du rêve que je m'étais fait que de déménager et vivre avec toi. » Elle mordilla sa lèvre inférieure tout en triturant ses ongles.

« Je sais. Moi non plus. » Il passa son pouce sur sa bouche et elle arrêta de se torturer pour plonger son regard dans celui du blond. « Mais là-bas tu seras plus tranquille. Tout sera sécurisé. » Il tira sur sa nuque pour poser son front contre le sien. « Et on se retrouvera rapidement pour commencer notre vie tous les deux. » Il l'embrassa passionnément et envieux. « Et on fera l'amour dans chaque pièce. »

« Alors prenons la plus grande maison disponible. »

« Totalement d'accord. » Elle pouffa tout en séchant ses larmes. « Toucher et embrasser chaque recoin de ta peau me manquent terriblement. » Il ferma les yeux un instant pour refroidir ses pensées et se déplaça sur le côté tout en jurant de douleurs. « Ramène tes jolies petites fesses, on a une maison à acheter. »

Elle retira ses chaussures et grimpa dans le lit après avoir prit son portable. Elle n'avait toujours pas regardé les mails reçus par l'agence et les retrouva facilement. Ils regardèrent tout deux les maisons, du moins, Lina regardait tandis que Mathieu analysait tous les détails. Il voulait le domicile le plus magnifique possible, non pas pour lui mais pour elle. La brune, elle, voulait seulement vivre avec lui, un carton lui suffisait tant qu'il y vivait avec elle. Elle s'endormait presque sur son épaule pendant qu'il tombait fou amoureux d'une des maisons. Manquant de réponse autre que des murmures, il abandonna l'écran pour le visage de Lina.

« Tu t'endors ? » Elle secoua la tête, en profitant pour se renfrogner contre son cou. Il caressa ses cheveux puis les embrassa. « J'arrive pas à croire que ça t'excite pas un tant soit peu de vivre dans une maison. C'était mon rêve depuis que je suis petit. »

« Je veux vivre avec toi, peu importe où. C'est ça qui m'excite mais c'est pas tout de suite. Cette maison veut juste dire que je vais partir avant toi. » Elle s'installa confortablement puis passa doucement une main sur le ventre de Mathieu pour l'enlacer. Il ne fit aucun commentaire mais la contraction de ses abdominaux et l'absence de respiration furent suffisants pour qu'elle se retire. « Désolée. » Elle inspira, gonflant au maximum ses poumons de son odeur. « C'est tellement difficile. »

« C'est encore sensible. »

« Je sais. Tu n'as pas à te justifier. » Il put la sentir trembler tant elle se retenait de sangloter.

« Pleure pas. Je t'en supplie. Regarde-moi. » Elle se redressa, les yeux larmoyants et la lèvre inférieure gonflée d'être mordue. Il attrapa son visage en coupe, caressant de ses pouces sa peau. « C'est qu'une question de temps. Tu pourras faire tout ce que tu veux de moi, princesse. » Elle se pencha pour l'embrasser, buvant ses paroles réconfortantes. « Je serai là avant même que tu te rendes compte de mon absence. J'serai comme neuf, en plus, c'est tout gagnant. »

Elle acquiesça. Néanmoins, c'était loin d'être l'impression qu'elle avait. Tout ce qu'elle voyait à l'heure d'aujourd'hui, c'était la nouvelle distance qui s'imposait à eux.

Phœnix Souls [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant