🩰 ANABELLA 🩰
Paris« Arrête de pleurer c'est pas pour les hommes, mais c'est surtout pas pour une enfant comme toi. Tu es différente, souviens-toi, tu es maintenant une femme, mais tu dois être une femme forte. Tu sais, maman serait très déçue en te voyant chouiner dans ton coin ».
« Pourquoi est-ce que tu souris autant ? Tu n'en as pas le droit. Cache-moi ces dents et ces rides. »
« Oh c'est reparti, tu reviendras me voir quand tu cesseras de faire ta victime. Pleure seule. »
« L'amour ne sert à rien, Anabella Leroy. Regarde, ta mère est morte en te donnant naissance, elle m'a abandonné pour te laisser ici avec moi. C'est pour ça que je ne te donne pas l'amour qu'il te faut. Ça te rendra faible et ça te brisera. Il ne faut pas aimer les gens, il faut les mépriser et les manipuler.»
« Ma vie aurait été plus simple sans toi alors sois ma fierté. »
« T'as grossi. Je veux bien te payer tes cours de danse au Conservatoire, mais il faut que tu sois parfaite, ce qui n'est pas le cas, là ».
D'un regard vide, je fixe l'écran de mon téléphone où les messages de mon géniteur s'affichent. Voilà deux jours qu'il a décidé de faire interruption dans ma vie après neuf mois de silence.
PÈRE : Je t'ai viré de l'argent sur ton compte, prends en soin et rends moi fier. J'ai appris par le directeur artistique que tu fais partie d'un projet ? C'est bien, mais tu peux faire mieux, Anabella. Beaucoup mieux.
PÈRE : Il faudra qu'on dîne ensemble.
PÈRE : Ah et, tu as vu Dixon récemment ? Il vient à Paris pour le week-end, passez un moment ensemble. À bientôt.
Prise de colère, je balance mon portable sur mon lit, mais je rate ma cible et il s'écrase sur le parquet de ma chambre dans un bruit sourd. Mon cœur tambourine au creux de ma poitrine et j'ai du mal à respirer tellement la rage s'influe dans mes veines. J'appuie avec force, mes paumes sur mes paupières fermées jusqu'à voir des formes étranges.
Ne lui réponds pas. Ne lui réponds pas. Ne lui réponds pas.
C'est ce que je me répète depuis jeudi. Sauf que mes doigts et l'envie d'obtenir son attention me démangent. Une boule me massacre le ventre alors que les traits vagues de mon père remplissent ma mémoire. Je ne sais même plus à quoi il ressemble et il prétend encore avoir le contrôle sur moi ?
Il a osé me parler d'argent, de mes incompétences et de Dixon, ce salaud de mec avec qui il veut me mettre en couple depuis mes seize ans...
Ses mots sont là pour me mettre à terre. Il me rend faible. Pour lui, je ne suis pas capable de gérer ma vie d'adulte. Que puis-je dire à part que c'est de sa faute ? Dès mes dix-huit ans, il m'a laissée tomber pour vivre enfin sa « véritable vie », comme il avait l'habitude de me le répéter. C'était son souhait le plus cher. Ma mère a fait une hémorragie quelques secondes après ma naissance et c'est de ma faute s'il a vu sa vie basculer. Alors, depuis, il ne cesse de me rappeler que je suis une bonne à rien qui a, selon lui, besoin encore de son argent. Il me croit dépendante de lui. Quelle ordure, il ne peut pas s'en empêcher. Mon père est un homme ingrat et un paternel vraiment à chier. Et ça fait mal.
Je soupire et ramène mes jambes à ma poitrine pour déposer ma tête sur mes genoux. Assise par terre, je me sens débile d'espérer que ça changera un jour. Je sais déjà d'avance que son dîner ne sera pas prévu avant Noël, vu le nombre de lapins qu'il m'a posés l'année dernière. Est-il même sincère ? Et dire qu'il habite ici, à Paris. Il faut croire qu'il a d'autres chats à fouetter. Lui supplier de venir faire quelques minutes de trajet pour me voir est trop demandé.
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Nectar Of Gods
Romantik« - C'est une question de mort ou de peine éternelle, répondis-je en déglutissant. - Non, c'est faux. C'est une question de vie, de survie, ou de solitude glaciale. » Anabella n'est qu'une âme trouée, errant sur le chemin de sa vie. Le masque social...