43 | Jeux colorés... Ou jeux charnels ?

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🩰 ANABELLA 🩰  
Paris

C'est terriblement enfantin. Puérile. Immature.

Mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour le mariner à ma sauce.

Le concept est simple : la vérité, la vérité et rien que la vérité.

— On pourrait qualifier le jeu comme un action ou vérité. Sauf qu'il n'y a pas d'action, commencé-je un rictus satisfait aux lèvres. Pas de choix. Aucun.

Assis sur son fauteuil usé dans son atelier-véranda, Devon me fixe attentivement alors que je retire mon blazer. Son regard parcourt mon corps vêtu seulement de ma petite robe rose pâle. Je suis consciente que mes tétons pointent et que le tissu n'est qu'une deuxième peau, caressant chacune de mes courbes féminines. Alors, je roule exagérément des hanches et lève les bras pour attacher mes cheveux en une haute queue de cheval. Un pli de contrariété se dessine sur son front et ses pupilles se dilatent. Je l'obsède. Il est aussi confus qu'intrigué.

Quand j'arrive enfin à dégager mes cheveux de mon cou, les rassemblant au-dessus de ma tête, je pivote dos à lui et touche du bout des doigts les ustensiles sur les tables en bois de la pièce.

Pinceau. Tubes de pinceau. Fusain. Palette. Papier.

— On pourrait également qualifier le jeu comme le jeu des 20 questions, sauf que les questions sont illimitées et que j'y mélange une pincée de peinture. Celui qui pose la question a le pinceau en main et peint sur le corps de l'autre. Où il veut. Ce qu'il veut.

La peinture pour te faire tourner la tête, pour que je puisse mordre plus fort et goûter ton sang juteux de gros secrets.

La peinture pour assouvir nos désirs.

Le désir et la vérité. Voilà un cocktail audacieux.

— Aucun choix ? La vérité prime... Mais si on refuse ?

Je souris à sa question. Je l'imagine froncer les sourcils. De délicieux tourments nous attendent dans ce jeu. L'excitation, l'appréhension nous dévorent les entrailles.

— Alors on contourne la question... Avec la vérité.

Pour pouvoir me laisser des indices. Toujours des indices.

Je me retourne lentement vers lui et croise son regard. Sa chemise déboutonnée dont les manches sont retroussées sur ses bras puissants le rend si beau. Oui, il est affublé de défauts, mais tout en lui est séduisant. La gorge sèche, je déglutis, essayant d'être indifférente alors même que ma peau est fiévreuse. Je regarde la pulpe de ses doigts tapoter contre son accoudoir dans un rythme sec, calculé, impatient. Nous sommes loin, l'un de l'autre, il me suffit de fermer les yeux pour sentir ses mains sur moi.

— Et si je ne veux pas jouer ? ajoute-t-il, malicieux.

— Alors, à la place, je propose qu'on descende les cinq bouteilles de whisky que j'ai achetées la dernière fois et qui restent bien sagement sur le comptoir de ta cuisine. Juste une petite soirée entre nous.

Histoire de te voir vraiment hors de contrôle, déliant ta langue.

— Te voir ivre me rend si curieux.

Ses pupilles félines se plissent.

— Hum ?

Sa langue passe sur sa lèvre inférieure.

— Mais je suis un joueur... Jouons, déclare-t-il alors.

Un sourire prend place sur mon visage et je vois les commissures de ses lèvres faire de même. L'orage gronde autour de nous, il s'est encore mis à pleuvoir ce soir.

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