47 | Un baiser d'adieu

1.1K 112 55
                                    

🩰 ANABELLA 🩰
New York

Trois heures cinquante

Je fixe le réveil, les yeux qui piquent. Je refuse de pleurer. Je n'arrive pas à dormir.

Trois heures cinquante et un

Je ne cesse de rejouer en boucle les derniers mois passés avec Devon. Est-ce que tout était faux ? Est-ce que certaines choses étaient vraies ? Quoi ?

Trois heures cinquante-deux

Cela fait des heures que j'ai quitté le vernissage, quatre heures que c'est fini et Devon n'est toujours pas rentré à l'hôtel. Je l'attends. Oui, j'attends ses explications, j'attends ses arguments, j'attends son réconfort. Je veux lui parler, communiquer, comprendre.

Je lui en veux.

Je lui en veux.

Je lui en veux.

Trois heures cinquante-trois

Nos retrouvailles se sont faites à l'Opéra de Paris.

Il a décidé de choisir une muse parmi ma compagnie de danse.

Il n'a pas été surpris de m'y voir.

Il m'a choisie sans me voir danser.

Il a accepté toutes mes conditions pour le contrat sans broncher.

Il m'a séduite.

Il m'a baisée pour la première fois après ma rencontre avec Milan.

Il m'a fuie plusieurs fois lors de nos discussions sur ce premier soir au pont.

Il s'est éloigné pour ça.

Tout est logique.

Tout a été orchestré.

Trois heures cinquante-quatre

Et s'il existe malgré tout une fausse note dans cette symphonie d'instruments de manipulation ?

La musique qu'il met lorsque je dors.

Son regard quand je ris.

Son sourire quand je parle.

Son toucher. Oui, ses mains baladeuses tout le temps.

Son désir.

Ses baisers sur ma peau.

Ses paroles duveteuses pour caresser mes maux.

Sa protection, sa possessivité, son écoute...

Tellement de fausses notes...

Trois heures cinquante-cinq

Mon cœur se serre. Je ne pensais pas être capable de ressentir encore quelque chose d'aussi nuisible après les agissements de mon père et de Dixon. Pourtant, je crois bien que l'abandon, la trahison de Hellnight est ce qui fait le plus mal. Je bats des paupières pour refouler ma tristesse. Mon esprit galope dans tous les sens sans savoir où se ranger pour se protéger. Mes pensées s'affament de non-réponses. Je ne peux pas me laisser aller dans les bras de Morphée avec tant de zones floues à dénicher.

Je me tourne et retourne dans le lit bien trop grand pour mon petit corps. L'odeur de Devon est accrochée aux draps et j'essaye désespérément d'en faire abstraction.

Oui bordel, ses silences dernièrement étaient dus à ce secret. Au lieu de me l'avouer lui-même, il me l'a caché. Je me sens si idiote. Encore plus en sachant que Milan s'en est délecté. Illusion et tourment se mélangent.

Nectar Of GodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant