38 | Associés... Ou pas totalement

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🩰 ANABELLA 🩰
Paris.

Un doux air de violon me sort de mes songes. Le corps lourd et courbaturé, les yeux encore clos, j'émets un léger mouvement en grimaçant. Quand j'ouvre enfin les paupières, la première chose que je vois est la bouille de Devon contre moi. Une de ses mains capture un de mes seins et il dort profondément, le visage paisible. Nos peaux nues se caressent et un sourire flotte sur mes lèvres. Je doute que la musique se soit mise seule. C'est mon peintre qui l'a actionnée pour moi cette nuit.

On a fait l'amour.

Je passe mes mains dans ses cheveux noirs, le cœur comblé. Devon me fait peur parce que... Merde, parce qu'il me donne envie de lui donner toute ma personne, de lui donner mon cœur et d'aimer follement...

Je ferme les yeux. Ça me terrifie. Hier, il a prononcé des mots qui sont entrés dans mon âme sans frapper et qui m'ont fait vibrer. Vibrer si fort que j'ai cru que mon cœur avait atteint son paroxysme de vie. Il m'a parlé à travers son regard et ses mains sur mon corps. Il m'a parlé à travers ses baisers et ses caresses. Et ça m'a saccagée, mise en ruine... Avant de me faire sentir libre. J'ai pleuré entre ses bras, j'ai aimé entre nos chairs et j'ai crié d'extase entre nos cœurs.

C'était fort. Si intense que je crains de ne jamais pouvoir m'en remettre.

Comment est-ce possible ? Que tout d'un coup, je me retrouve à me questionner sur mes émotions envers un homme ?

Parfois, il existe des imprévus qu'on ne contrôle pas, qu'on ne prédit pas.

Je suis tombée, tombée, tombée... Sans chuter. C'était si bon. On n'avait jamais idolâtré mon corps de cette façon : une poésie remplie de gémissements et de doux rythmes de reins. Une poésie dont le poète ne pouvait pas se passer d'écrire. Il soulignait mes courbes, commentait mes réactions, rendait ma peau lyrique par sa langue.

Toute ma vie, depuis le départ de Naomy, j'ai cru n'être pas digne d'amour. Alors j'ai joué de mon sarcasme, de mon charisme et de mes mots crus pour manipuler les autres afin d'éviter que ça soit moi qui souffre. J'ai construit un masque social pour me protéger. Mais, il y a eu Devon Russel. Ce peintre maniaque qui m'a cernée dès le début et qui a fait ressortir ma vraie personnalité. Il m'a obligée à enlever les couches que je mettais pour me camoufler, il a lu entre mes lignes de garce sans cœur et il m'a fait vivre.

« Embrasse-moi et je vais te montrer ce que veut dire le verbe aimer. »

Et il a tenu sa promesse. Il m'a appris ce que c'est d'aimer une personne l'espace d'une nuit. Ce n'était qu'une simulation, je suppose, mais merde ça m'a fait du bien.

Devon a fait bien plus que de me remonter le moral...

Naomy...

J'ai encore mal.

Ça va mieux.

Mais j'ai mal.

Je prends une profonde respiration quand ma réflexion dévie vers Naomy, celle que j'ai oubliée après que Devon m'ait ramenée chez lui. Je ne sais pas si c'est de la peine, de la culpabilité ou de la tristesse qui se plante dans mon cœur en pensant à comment je ne suis pas allée au bout de mon rituel. Tout s'embrouille dans mon cerveau, je ne sais plus quoi penser.

Sous les flashs de souvenirs qui m'aveuglent, je déglutis et me presse contre Devon pour me réfugier dans ses bras, comme si ce simple et idiot geste me protégera de ma voix intérieure nasillarde.

Peu importe quelle horrible amie je suis, je ne veux pas me battre contre ma propre mentalité maintenant.

Je crois que me faire arrêter par Devon m'a fait prendre conscience à quel point j'étais stupide. Je ne saurais pas comment l'expliquer, mais n'avoir pas succombé à mon rituel me donne envie de croire à l'espoir d'une nouvelle vie. Désormais, je veux juste me concentrer sur le présent. Le reste, le passé et les ruines de mon malheur, je m'en occuperai plus tard...

Nectar Of GodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant