🩰 ANABELLA 🩰
Paris, Opéra national de Paris.Le reflet que me renvoie le grand miroir de la salle me rend pâle. Pourtant, j'ai ce sourire qui triomphe sur mon visage et c'est tout ce qui compte. La fierté rayonne sur mes traits. Pour dire vrai, je n'ai jamais été aussi terrifiante, prête à conquérir le monde de la danse et de la peinture. Prête à user de mes manigances sur mon bel artiste. Mes cheveux blonds, attachés en un chignon serré, étirent ma peau satinée. Mon justaucorps couleur chair recouvre mes courbes. Le voile autour de ma taille me glorifie. Mes pointes au pied, le menton dressé, je m'échauffe avant la séance d'aujourd'hui. J'articule mes membres.
Je dois être prête. Je dois être la meilleure. Je dois réussir.
Je vais réussir.
Autour de moi, l'excitation tremble entre les murs. On court de partout, on sautille, on discute. Les ballerines n'ont jamais été aussi motivées, la pièce n'a jamais été aussi remplie d'animosité. La frénésie est à son comble. On chauffe nos muscles, on affirme notre souplesse et on améliore nos mouvements. Tous ont hâte d'une chose : participer au cours avec le célèbre sociopathe de peintre, j'ai nommé Devon Russel.
— J'ignore comment tu as réussi à le convaincre de venir, mais je te vénère, Ana. Un peintre qui danse ? Incroyable.
Tout en lissant le haut de mes cheveux, je dévie mon attention sur Malo qui s'étire.
— Le talent, ça s'appelle.
Il rit et secoue la tête. Je hausse les épaules, un sourire cruel aux lèvres. À vrai dire, cela n'a pas été compliqué de convaincre Hellnight. En recevant mes messages, il s'est contenté d'accepter sans rechigner comme le bon professionnel qu'il est. Il respecte notre contrat. J'avoue avoir été déçue. Je voulais des piques, de la provocation et un bain de sang.
Peut-être qu'il me réserve le meilleur des arènes cet après-midi.
— Sinon, je t'ai vue parler au maître de ballet et au directeur artistique... Des nouvelles pour la représentation de lundi ? C'est la fin du mois et bientôt le grand Lac des Cygnes sera sur scène.
Oui, je sais. Toi et moi savons qu'ils voulaient me désigner pour jouer Odette, Odile, le cygne blanc, le cygne noir, mais le simple fait d'être muse ruine, pour eux, mon solo.
Je ne suis pas première danseuse. Je ne suis que coryphée et malgré mes difficultés du début du mois, il me voulait. Sauf que Devon Russel gâche tout. Je touchais du bout des doigts l'un des rôles les plus connus de toute la culture classique. Bien que j'étais abattue au début, j'ai décidé de reprendre la main et ce matin, je suis allée parler aux grandes têtes de la compagnie pour parler du rôle que je veux...
Elle aurait été fière de moi, elle aurait voulu être à ma place et c'est pour ça que je le veux tant : pour elle. Puis... Pour père... Il sera fier de moi en l'apprenant.
Ils seront fiers de moi.
Ma poitrine se bombe à ces pensées. Des frissons de joie m'englobent.
Il faut que j'aie ce rôle, même s'il me reste cinq jours, je ferai tout pour leur convaincre. Ils savent que je connais les enchaînements par cœur, il faut juste que je sublime ma technique et force ma pratique.
— Je leur ai fait part de mon ambition de jouer Odette et Odile sur scène et j'ai misé toutes mes chances sur la carte de la célébrité. J'ai étalé mon potentiel pour attirer la curiosité des spectateurs, des clients. Devon est assez connu et avec cette visibilité, l'Opéra de Paris sera plus qu'étincelant. Je suis sa muse pour une exposition peut-être internationale, quoi de mieux que de me mettre sur scène ? Alors, je leur ai simplement dit qu'en plus de ma danse parfaite, je leur offrirai une grande ouverture pour ce début de représentation du mois. Je leur ai aussi déclaré que je suis déterminée à l'avoir et que s'il le fallait, je redoublerais d'efforts en cette fin de semaine. Après tout, mon échelon a beau être bas, je suis excellente.
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Nectar Of Gods
Romantik« - C'est une question de mort ou de peine éternelle, répondis-je en déglutissant. - Non, c'est faux. C'est une question de vie, de survie, ou de solitude glaciale. » Anabella n'est qu'une âme trouée, errant sur le chemin de sa vie. Le masque social...