🎨 DEVON 🎨
Paris, Paloma's Palace.Elle m'a retiré tout pouvoir.
J'avais réussi à la dompter pendant une poignée de minutes, coincée entre mes mains, au sens propre comme au sens figuré, mais lorsque son corps s'est lié au mien : tout s'est chamboulé. La voilà qui a inversé les rôles et c'est moi qui me retrouve à genoux devant elle, abattu. J'aurai mis ma main à couper que ma venue l'aurait fragilisé et qu'elle se serait mise en rogne en me voyant. De là, j'aurais pu voir plus clair dans son esprit embrumé d'alcool, j'aurais pu entrer dans sa tête afin de peindre son âme et de faire fortune. Je suis certain qu'Anabella en elle-même pourrait faire un succès phénoménal. Pas besoin de danse, cette femme suffit. Pourtant, ça a été tout le contraire : elle a joué sans reculer, elle m'a attiré dans ses filets de séduction et je l'ai laissée m'entraîner. À côté, ma manipulation peut bien aller se faire foutre.
Cette femme est une sorcière. Elle m'écrase.
Moonfall m'attendait, c'est certain. Me voir débarquer ne l'a pas surprise. Loin de là. C'est plutôt moi qui suis resté scotché sur son corps moulé à celui d'un inconnu. Je suis resté debout, la fixant de loin comme un putain d'obsédé. Il la touchait, elle appréciait. Alors, je n'ai pas pu m'empêcher de l'arracher à cet ivrogne pour l'attirer à moi. Je pars du principe que si elle fait partie de mon projet alors son corps m'appartient. Du moins, pour le moment. Je ne parle pas de sexe, mais d'art. J'ai besoin que son corps soit intact pour la peindre et sûrement pas sali par d'autres mains. Il n'y a que les miens tachés de peinture qui peuvent la noircir.
Et puis, je ne peux pas nier que je suis un homme et que son intelligence et sa beauté me séduisent plus que je l'imagine. Encore faut-il que je sois un de ses minables hommes qui se jette aux pieds des femmes. Ce n'est qu'une attirance, rien de symbolique.
Elle est divine et je remercie Jim d'avoir trouvé l'endroit où elle s'est cachée. Dénicher la boîte de nuit d'Anabella a été aussi simple qu'enfiler un caleçon. Il a suffi d'un coup de fil pour vérifier sa réservation dans chaque coin parisien, puis lorsque l'on a su, mon nom est passé comme une lettre à la poste et j'ai obtenu une entrée gratuite. Je peux encore voir le regard sévère de mon ami quand je lui ai dit ce que j'allais faire cette nuit et pourquoi utiliser mon nom était important. Personne n'a semblé me reconnaitre ou du moins, s'approcher, mais parfois, être connu donne des opportunités fabuleuses.
Le Paloma's Palace, hein ? Vraiment ? Ça lui ressemble. Très bon choix. Jim m'a fait venir ici une ou deux fois et l'ambiance qui y règne est curieusement terrible. On a l'impression d'être piégé dans le palace d'un serpent, entre orgasmes, folie et désir. Entre tentation, addiction et échec. C'est bandant, faut le dire.
— Cette nana pourrait me faire jouir rien qu'en me regardant putain !
La voix stridente du trentenaire à mes côtés me fait sortir de ma transe.
Anabella. Anabella. Oh, Anabella, comme tu vas causer ma perte.
Ignorant le gros porc à mes côtés, je lève les yeux vers son corps juteux. Elle se déhanche sensuellement contre la barre métallique et je me sens flancher. Colère, admiration, excitation, des émotions diverses et contraires me creusent la cage thoracique devant le spectacle qu'elle nous offre, qu'elle m'offre. Autour de moi, la foule la hule dans tous les sens. On a d'yeux que pour elle et ses balancements. Les hommes l'acclament, sont émerveillés. Les femmes la dévisagent, d'autres sourient, en girl power, les poings levés et des acclamations positives pleinS la bouche. Il est clair que ma muse fait tourner en bourrique plus d'un ici et merde, je suis bien le premier pour mon plus beau malheur.
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Nectar Of Gods
Romansa« - C'est une question de mort ou de peine éternelle, répondis-je en déglutissant. - Non, c'est faux. C'est une question de vie, de survie, ou de solitude glaciale. » Anabella n'est qu'une âme trouée, errant sur le chemin de sa vie. Le masque social...