45 | Un bonheur qui n'existait pas

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🎨 DEVON 🎨
New York.

La nuit drape New York, mais ici, personne ne dort. Le ciel a beau être sombre, dénué d'étoiles : les gratte-ciels étincellent dans la pénombre, les voitures chantonnent, les clubs s'échauffent. Derrière la grande baie vitrée de l'hôtel, je surplombe la ville. J'observe le glamour et l'euphorie qui s'y dégagent, il n'y a rien à envier à Paris. Mais tout à New York. Le spectacle y est intéressant, autant dans sa grandeur que dans sa beauté presque trop superficielle.

Ici, tout est vite très fascinant. Vite attrayant.

Ici, ce n'est pas la Lune qu'on séduit, mais les paillettes.

Je frotte ma poitrine nue, un sourire suffisant aux lèvres et baisse mon regard sur les messages que j'échange avec Jim depuis quelques minutes déjà. Mon ami s'est pris une chambre à part alors qu'Anabella et moi en partageons une à deux. L'hôtel luxueux qu'il nous a réservé a fait frétiller de béatitude ma danseuse et c'est tout ce qui compte. Après huit heures de vol, c'est bien ce qu'il nous fallait.

MOI : Toutes les œuvres sont arrivées ?

JIM : Elles sont toutes au musée. Tu n'as pas à t'inquiéter. En revanche, pour pouvoir les ramener chez toi ensuite, ça va peut-être être plus long.

MOI : Peu importe, tant que je les ai près de moi. Merci.

J'ai exigé de récupérer mes œuvres - quarante en tout - après le vernissage. Je ne veux pas quitter mes toiles d'une semelle et surtout pas les laisser entre les mains de quelqu'un d'autre. Je sais que le professionnalisme des New-Yorkais est incontestable, mais c'est plus fort que moi : j'ai besoin d'avoir le contrôle sur mes créations surtout si elles sont... Sentimentales. J'ai très peu confiance et là en l'occurrence, c'est comme confier Anabella à autrui.

Comment vais-je faire lorsque je vais devoir les vendre, hein ?

J'en sais foutrement rien, merde.

Je range mon portable dans ma poche de jogging, m'assieds au bord du lit king size et sèche mes cheveux en les frottant avec ma serviette de bain. Envieux, je lève les yeux vers l'espace que laisse la porte entrouverte de la salle de bain et déglutis en apercevant le corps mouillé et envoûtant d'Anabella. J'ai résisté à l'envie de la rejoindre et c'est principalement pour cette raison que j'ai décidé de prendre ma douche en premier pour couper court à toute tentation. Malgré tout, je ressens ce désir irrépressible d'aller la toucher. Mes doigts se crispent et mes iris longent ses courbes gracieuses. Sortie de la douche, Moonfall s'essuie lentement, passant sur chaque millimètre carré de son corps ensorcelant. Ses tétons roses, sa peau pâle, ses cheveux dorés, ses fesses galbées, elle est aussi innocente qu'un ange. Pourtant, ô ce qu'elle a pu être vilaine ces derniers temps avec moi.

Je passe ma main tremblante dans mes cheveux, le cœur battant. Mon bas de ventre durcit à ces pensées. Elle est sublime.

Pour être franc, je ne sais pas vraiment où j'en suis avec elle. Elle hante mes journées, mes nuits bien plus qu'avant. Elle est une intraveineuse qui me soulage et qui me fait mal. Les trois semaines que j'avais imposées à mon foutu cœur et à mon esprit avaient pour but de calmer mes émotions, de laisser Anabella fleurir dans la paix et reprendre son petit train-train de vie sans moi. Pourtant, elle m'a avoué son amour, donné son cœur et son corps. J'en suis devenu définitivement accro, presque incapable de m'éloigner d'elle plus de quelques heures. Sa présence nargue mes démons et j'ignore si ça me fait du mal ou du bien.

« Je t'aime ».

Ne pas lui répondre en retour n'avait rien de méchant, rien de blessant. J'ai cru défaillir, heureux, perturbé, apeuré. En fait, je ne sais juste pas ce que je ressens. Aussi vide qu'une carcasse, le trou vertigineux dans mon cœur est encore trop fissuré pour comprendre les étapes d'un amour honnête. Est-ce aussi sincère qu'elle ? Est-ce que je suis à la hauteur de ressentir ceci ? Est-ce que la culpabilité m'empêche de dire ces mots ?

Nectar Of GodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant