48 | Tu as grandi, Ana

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🩰 ANABELLA 🩰
Parc de Bercy, Paris

Je cours.

Je m'essouffle.

Mais ce n'est plus pour fuir mes démons. Ce n'est plus pour oublier mes cauchemars et me cacher.

Je cours simplement pour me changer les idées.

Je cours parce que j'en ai envie. Et non parce que je me sens obligée.

Mes jambes tremblent à chaque effort, je m'interdis de m'arrêter même si mes poumons brûlent et que la sueur me colle la peau. Mes baskets frappent le sol à n'en plus finir.

Je ne ralentis pas.

J'avance, je fonce.

Une motivation que je devrais vraiment prendre au sérieux dans ma vie.

Du moins, c'est ce que j'essaye de faire depuis mon retour des États-Unis. C'est ce que j'essaye de faire depuis plusieurs semaines... Et pourtant, j'ai bien l'impression que j'échoue. Est-ce que ça sera toujours comme ça ? Essayer pour échouer ?

Je veux dire, ce n'est pas comme si je ne voulais pas évoluer. Ce n'est pas comme si je n'avais pas envie de trouver enfin la paix. Ce n'est pas comme si je ne voulais pas m'épanouir.

Sourire puis pleurer, se lever puis tomber, être heureuse puis être dévastée tel est le cycle de la vie.

Revenir de New York a été compliqué moralement. Je suis restée chez moi bien plus longtemps que je pensais, refusant les sorties et m'enfermant avec mes propres peines. Aujourd'hui est bien le seul jour où j'ai accepté d'aller me dépenser autrement qu'en me morfondant.

Durant les jours qui ont suivi mon retour, je me suis sentie... Étrange, sans énergie. Après que Devon ait mis un terme à notre pseudo-relation, il n'a plus cherché à me parler, à me voir et le voyage du retour s'est fait... En tant qu'inconnus. Oui, des putains d'inconnus... Comme si les mois passés ensemble ne signifiaient désormais plus rien.

Je ne t'aime pas.

Du jour au lendemain, Hellnight m'a oubliée. Pas un regard, pas un mot, pas un geste.

Rien.

« Je ne t'oublierai jamais, jamais. » m'avait-il dit le soir où je lui avais avoué mes sentiments.

Encore un mensonge. Encore une tromperie.

Il m'a définitivement bannie de sa vie, de son cœur. Et je n'ai rien fait d'autre que regarder le mien souffrir. Même encore aujourd'hui, un mois et demi plus tard sans lui, mes fêlures ne sont pas guéries. En me repoussant, l'artiste m'a marquée de cicatrices que je n'arrive pas à refermer.

Trahison. Abandon.

Armée de pansements, de médicaments et d'antidouleurs, je me soigne comme je le peux avec son absence.

Je songe à lui, souvent. Je laisse les doutes me ronger la mémoire et mon amour m'asphyxier à chaque souvenir qui se dandine devant moi. Je veux le revoir et lui parler, mais je sais que ça n'avancera rien, qu'il restera sur sa position et qu'il me fera plus de mal qu'autre chose.

J'essaye de ne pas y penser. De ne plus y penser. Pourtant, il suffit que la Lune apparaisse et que mes insomnies m'emprisonnent pour qu'il apparaisse devant moi.

Au fond, j'ai compris pourquoi il a pris cette décision. Devon voit en notre relation qu'un voile malsain et malhonnête. Il croit qu'il peut sauver mon âme en s'éloignant. Il sait que ce qu'il a fait est horrible et s'oblige donc à mettre un terme à notre relation. Parce qu'il pense que finalement, j'aime ce qu'il a falsifié de sa personne. Il pense qu'il ne mérite pas mon amour.

Nectar Of GodsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant