Valentina

Harcèlements

La journée suivante se passe plutôt bien. J'échange quelques banalités avec Nathéo, je prends soin d'éviter quelques remarques désobligeantes de William ainsi que de sa bande et réussi malgré tout à me concentrer sur les cours.

Madame Langlois avait raison, cette année va être difficile. Il y a quelques trucs dont je me rappelle, mais pour être honnête, les trois quarts de ce que j'ai déjà appris sont tombés dans les profondeurs abyssales de l'oubli. Les cours n'ont jamais été une passion, plutôt un talent je dirais, car sans me vanter, je suis douée, vraiment, mais je n'aime pas l'école. Le plus dur sera donc, de me sortir les doigts pour y arriver !

Sur le chemin du retour, James Arthur, me gratifie de sa douce mélodie et poignante vérité.

"In my recovery"
Dans ma guérison
"I'm a soldier at War"
Je suis un soldat en guerre
"I have broken down walls"
J'ai abattu les murs
"I defined, I designed my recovery"
J'ai défini, j'ai conçu ma guérison.

C'est un artiste que j'aime énormément, notamment pour ses textes et son timbre de voix particulier. Depuis mon plus jeune âge, on m'a toujours dit que lorsqu'on est heureux, on apprécie une chanson. Arrive un moment ou l'on se trouve dans une période compliquée et alors, les paroles prennent tout leur sens, comme si ces dernières étaient écrites pour nous.
Aujourd'hui, je suis dans le deuxième cas.
Me voilà confronter à ma propre vérité, celle ou je détruis peu à peu les murs qui empêchent ma guérison, je suis le soldat en guerre pour elle quand je croise le regard de mon ennemi. Je reste solide et l'affronte pour tenir debout face à lui et ne pas montrer qu'il a gagné plus d'une bataille au point d'avoir fait disparaître une partie de moi.

Cependant, je me fais la promesse solennelle que je ne le laisserais pas gagner la guerre. La petite Valentina blessée et la nouvelle Valentina en cours de guérison sont au moins en accord sur ce point. C'est là que je réalise de quoi retourne le vrai combat : moi contre moi.

Sur le chemin qui mène à mon cocon, il y a beaucoup de zones pavillonnaires, et de petites rues peu fréquentées, c'est plutôt calme et apaisant. J'observe donc les jolies maisons qui ornent la petite ruelle dans laquelle je m'apprête à tourner quand je sens une présence à côté de moi.
Je retire un écouteur, et vois William. Oh non ! Son insolence ne se fait pas attendre.

- Tu cherches à me rendre jaloux ?
Son regard machiavélique rend son visage de nature angélique, diaboliquement effrayant.
- Pardon ?
- Tu le sais très bien ! Toi et Nathéo ! Il te plaît ça se voit !
- Quoi ? Mais qu'est ce qui te prend ?
- Arrêtes, je te connais Tina ! Ne me la fait pas à moi ! Et puis, j'ai comme l'impression que tu lui plaît aussi d'ailleurs.
- William, s'il te plaît arrêtes ce petit jeu malsain, par pitié ! Même si c'était le cas, ça ne te regarde pas, je n'ai aucun compte à te rendre.
- C'est tellement mignon les petits regards, quand il t'a couru après au resto... Je me demande si je ne vais pas lui péter la gueule pour qu'il sache que c'est sur mon territoire qu'il marche là.
- T'es complètement malade ...

Je ne me suis pas aperçu tout de suite que nous étions arrêtés en plein milieu de la rue. Il m'attrape par le bras, et me rapproche dangereusement de lui.

- Tu es à moi pour toujours, je t'ai marqué le premier. Je sens encore la sensation de la première fois que je t'ai pénétré. Je ne veux pas qu'un autre gars te touche.

Son regard est perçant, la lueur que je hais tant est présente dans ses yeux verts clairs, et les mots qu'il prononce me donnent mal au ventre. "La première fois que je t'ai pénétré". Je crois que j'ai envie de vomir.