Rapprochements fiévreux

105 10 3
                                    

Après une nuit compliquée et des rêves plus étranges les uns que les autres, je me réveille avec de la température et l'impression d'avoir un marteau piqueur dans le crâne. Mon état ne s'améliore pas, mais je ne dois pas me laisser aller pour autant. J'essaie tant bien que mal, de me préparer pour le lycée. Mes cheveux sont coiffés en queue de cheval pour changer du chignon. J'ai attrapé les premiers sweat et survêtement posés sur la pile de linge propre. Mes baskets vieilles comme le monde auront l'honneur de toucher le sol extérieur aujourd'hui. Je manque de vomir une fois ou deux,  ce qui me fait résister à l'envie de boire un café ou même de fumer une clope. Par conséquent, je finis de me brosser les dents en vitesse pour attraper le prochain bus et espérer arriver à l'heure.
Sur les chemins qui mènent aux différents établissements, je me rend compte que je peine à rester debout sans avoir la tête qui tourne. Je fais donc aussi vite que mon état me l'autorise,  pour m'asseoir quelque part en attendant l'heure car je suis finalement arrivée en avance. Le premier banc que je vois fera l'affaire. Je ferme un peu les yeux avant de sentir une présence à peine quelques secondes plus tard. Nathéo est en train de s'asseoir à côté de moi.

- T'as pas l'air en forme ce matin...
- Disons que j'ai connu mieux.
- Mais encore ?
- J'ai envie de gerber, ça te va comme réponse ?
- C'était une bonne raison pour ne pas venir.
- Ce n'est pas une raison pour ne pas rester. Je ne peux pas me permettre de louper les cours.
- Je ne suis pas bien sûr que tu les suives correctement dans cet état !
- C'est quand même mieux que rien je trouve. Et puis, ça ne te regarde pas.
- Bien bien.

La sonnerie nous interrompt, nous nous levons et rejoignons ensemble notre classe.

- Bonjour à tous. Sortez une feuille et un stylo, aujourd'hui nous allons parler d'un sujet qui, à mon sens, fait partie des éléments essentiels de la vie.

Notre prof de philosophie est un excentrique mais je l'apprécie beaucoup. Monsieur Gavrick est un homme fluet, aux cheveux mi-longs grisonnants et attachés en queue de cheval, portant des lunettes rouges, toujours habillé d'un poncho et d'une chemise dont on ne voit que le col ainsi qu'un jean délavé. La philosophie étant ma matière préférée, je n'aurais voulu manquer ça pour rien au monde !

- Bien ! Le sujet du jour sera porté sur la conscience. Je vous donne des pistes, à vous de jouer ensuite. La conscience a longtemps été considérée comme le propre de l'Homme, justifiant à la fois notre supériorité sur la nature et notre liberté. Mais la conscience n'est-elle pas source d'illusions ? Est-elle vraiment une spécificité humaine ? N'est-elle pas conditionnée par des éléments extérieurs ? Est-elle la source de notre bonheur ou au contraire de notre angoisse ?

C'est un sujet réellement intéressant, et je sens que je vais me plaire à écrire dessus. J'aimerais juste que mon corps me laisse me concentrer car, malheureusement, la fièvre est là et le marteau piqueur aussi ...

- Monsieur ! Tina n'est pas en grande forme, je crois qu'il faut qu'elle aille à l'infirmerie, dit Nathéo d'un coup sans que je ne lui demande quoi que ce soit.
- Mais qu'est ce que tu fais ?

Il me regarde et m'ignore complètement en attendant la réponse du professeur.

- Effectivement, vous êtes bien pâle. Vous pouvez l'accompagner Monsieur... ?
- Nathéo Davis, je l'accompagne de suite.
- Non mais... ça ira je vous assure...
- Maintenant tu te tais et on y va, me murmura-t'il sur un ton autoritaire qui le rend presque sexy.
Reprend-toi Tina !
- Calmons nous quand même, tu n'es pas mon père hein ! Et toc !
- Si j'étais ton père, je t'aurais séquestrée pour que tu ne viennes pas aujourd'hui, maintenant debout !

Je ne trouve rien à redire, j'abdique complètement. Il m'aide à me lever en passant un bras autour de ma taille, prenant le mien pour le placer sur ses épaules.

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant