Angélique

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Quelques mois plus tôt

- Angèle ! J'ai besoin de toi pour m'aider à calmer ce patient, il est bien trop énervé.
- J'arrive.

L'homme agité n'est autre qu'un petit monsieur âgé qui m'a l'air perdu, ne comprenant sûrement pas pourquoi il est ici.

- Bonjour monsieur, je m'appelle Angélique et je vais vous aider. Je ne vous veux aucun mal, seulement vous êtes blessé et il faut qu'on regarde si il n'y a rien de grave. Vous êtes d'accord ?
- Où est-ce que je suis ? Où est ma femme ?
- Vous êtes à l'hôpital. Je m'occupe de retrouver votre épouse, je vous le promet, mais laissez ma collègue prendre soin de vous.
- Oui... oui d'accord.
- Adèle je te laisse, je pars me renseigner.
- Ça ne sera pas nécessaire, me chuchote t'elle. Sa femme est décédée depuis des années, il souffre de la maladie d'Alzheimer.
- Oh non le pauvre ... Tu veux que je lui dise ?
- Ça ne sera pas nécessaire, il est calme maintenant, ne rendons pas les choses difficiles.
- Bon d'accord. J'ai fini ma mission du coup, tu veux que je reste au cas où ?
- Non tu as été parfaite, merci de ton aide.
- À demain !

Après avoir achevé ma journée à l'hôpital, je peux maintenant me changer et rentrer chez moi pour réviser mes cours. J'apprécie profondément mon travail car aider les gens a toujours été ma vocation, mais je dois avouer que je suis également heureuse quand je peux enfin me reposer.
J'hésite à me prendre à manger sur le chemin du retour pour gagner du temps. En allant jusqu'à ma voiture, je traverse un petit parc fortement agréable la journée mais très flippant la nuit.

Au loin, une jeune fille attire mon attention. Elle a l'air de vaciller sans vraiment savoir où aller. Je marche rapidement en sa direction et plus je m'approche d'elle, plus j'ai un mauvais pressentiment. Elle porte une robe blanche souillée de ce qui semble être du sang séché, ses collants sont fortement effilés, pour ne pas dire déchirés, et il lui manque une chaussure. Sa chevelure semble emmêlée et son maquillage a coulé sur son jeune visage. Je crains le pire la concernant.

- Mademoiselle ? Est ce que je peux vous aider ?

Elle ne me répond pas mais son regard perdu en dit long sur ce qui a pu, malheureusement, lui arrivé.

- Venez avec moi, l'hôpital est juste à côté. C'est là où vous vouliez aller n'est-ce pas ?

Toujours pas de réponse de sa part mais cette fois ci, elle s'écroule et je la retiens avant que sa tête ne touche le sol.

- Oh mon Dieu ! Quelqu'un peut m'aider ? Allez chercher de l'aide je vous en prie !

Un homme qui passait par là, et qui devait sans doute rentrer du travail puisqu'il est muni d'une petite mallette, pose cette dernière et porte l'adolescente. Je le remercie, prends sa mallette et nous marchons rapidement jusqu'à l'hôpital.

- Docteur Sakho, je vous en prie aidez moi, je l'ai trouvé errant dans la rue et perdue mais je suis sûre qu'elle voulait venir ici. Je crois qu'il lui ai arrivé quelque chose d'horrible ...
- Calmez-vous Angélique, je comprends votre inquiétude mais je m'occupe d'elle d'accord ? Je vais faire tous les examens nécessaires. Appelez la police de votre côté.
- Très bien, je ne bouge pas d'ici de toutes façons.

Quelques heures plus tard, la police est passée et a prit ma déposition. L'adolescente étant sans papier et dans l'incapacité de parler, ils sont repartis bredouille mais m'ont demandé de les contacter dès que nous en saurons plus.

- Alors ? Que donnent ses examens ? demandais-je au médecin à peine sortie de sa chambre.
- Aucune trace de coups ou de violence, pas de semence en elle mais quelques résidus sur ses vêtements. En revanche, elle a été drogué et il y a également un reste d'alcool dans son sang.
- Quelles sont les drogues en question ?
- Cannabis et LSD. Si cette fille a été violée, le type est malin.
- C'est un monstre vous voulez dire !
- Oui. Recontactez les autorités pour leur faire part de notre rapport, mais je doute que sans son témoignage, on puisse ouvrir une enquête.
- Je vais rester près d'elle et essayer de la faire parler, lui répondis-je, déterminé.

Docteur Sakho me laisse entrer dans la chambre puis il retourne travailler. Je m'assois sur le fauteuil à côté de son lit et la regarde, triste d'imaginer ce qu'elle a pu vivre. Quelque part j'ai hâte qu'elle se réveille pour lui demander ce qui lui ai arrivé afin de faire condamner le salaud qui lui a fait ça. D'un autre côté, j'ai peur d'entendre son témoignage. Nous ne sommes jamais prêts à ça, peu importe le nombre de fois ou l'on peut entendre ce type d'histoire.

Egarée dans mes pensées, je ne vois pas tout de suite qu'elle ouvre les yeux. Elle me prend la main, ce qui me fait sursauter.

- Tu es réveillée ! Tu te sens mieux ?

Des larmes se forment au coin de ses yeux... et des miens tant ce spectacle me brise.

- Tu veux bien me dire ton nom que je puisse appeler quelqu'un ?
- Valentina. N'appelez personne s'il vous plaît, je suis majeure, renifle t'elle.
-  D'accord, moi c'est Angélique, je suis là pour t'aider. Sais-tu ce qui t'ai arrivé ?

Pour seule réponse, elle me tourne le dos, cesse de renifler et ne bouge plus. Je pense avoir compris...

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant